La fin du retrait de point pour "petit excès de vitesse" fâche la Ligue contre la violence routière

Jusqu'ici, les excès de vitesse de moins de 20km/h entraînaient la perte d'un point sur le permis de conduire.
Mercredi, le ministre de l'Intérieur a confirmé la fin du retrait de point sur le permis de conduire suite à un excès de vitesse inférieur à 5km/h. Si c'est une bonne nouvelle pour certains automobilistes qui estimaient la sanction lourde pour quelques kilomètres au-dessus de la vitesse autorisée, il n'en est pas de même pour la Ligue contre la violence routière.

"Une mesure de bon sens pour nos concitoyens" : c'est ainsi que le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin qualifiait mercredi la fin du retrait de point sur le permis d'un conducteur après un "petit excès de vitesse", soit de 5km/h ou moins. La mesure, indiquait-il dans une publication sur ses médias sociaux, prendra effet au 1er janvier 2024. "L'amende bien sûr sera maintenue", précise-t-il. 

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

Plus de points en moins pour les petits excès de vitesse : la Ligue contre la violence routière est furieuse.

L'amende conservée 

Jusqu'alors, les excès de vitesse de moins de 20km/h étaient sanctionnés du retrait d'un point sur le permis de conduire, et d'une amende soit de 68 euros, lorsque la vitesse maximum autorisée est de plus de 50km/h, soit de 135 euros quand la vitesse est limitée à 50km/h ou moins, comme c'est le cas en agglomération. A compter du 1er janvier, ces amendes seront néanmoins conservées en cas d'excès de vitesse inférieurs à 5km/h. 

"Darmanin veut redorer son blason" 

Mais la fin du retrait de points fâche les associations de prévention routière, qui ne voient pas l'intérêt de cette mesure. Magalie Cesbron, représentante de la Ligue contre la violence routière à La Réunion, considère qu'elle vient même "décrédibiliser" les actions de prévention. 

"Darmanin veut redorer son blason. Donc il dit aux automobilistes 'on ne vous enlève pas vos points pour un petit excès de vitesse, mais vous passez à la caisse, vous payez l'amende, et vous alimentez la caisse de l'Etat'. Elle est où la prévention là-dedans ? Ca ne tient pas la route, on perd notre crédibilité quand on va faire de la prévention auprès des jeunes, qui nous disent que c'est de la sécurité "rentière"."

Magalie Cesbron, Ligue contre la violence routière

Quid des victimes ? 

Elle poursuit : "ça fait peut-être plaisir aux automobilistes, mais renverser un enfant ou un motard à 5km/h au-dessus de la vitesse autorisée, ça n'a pas le même impact". Elle réclame davantage de considération du gouvernement envers les victimes des accidents de la route.

(Re)voyez son interview :

Itw de Corinne Sapinet ©Alexandra Pech

"Un lâcher-prise" 

Pour Corinne Sapinet, engagée dans la lutte contre l'insécurité routière et elle-même victime d'un accident de la route il y a 32 ans, "minimiser même une petite infraction, c'est manquer de respect à toutes les victimes". 

"C'est un lâcher-prise qui risque d'accentuer le taux de mortalité et de blessés graves sur nos routes", estime-t-elle. 

Des usagers de la route plutôt favorables 

Du côté des usagers de la route, il y en a effectivement à qui cette évolution du code de la route fait plaisir, estimant que les conséquences étaient relativement lourdes pour un excès de vitesse de quelques kilomètres par heure.

"Si té gagne enlève les deux, pour 5km/h, serait bien. 5km/h c'est rien. I sert à rien met' un l'amende pou ça", dit un conducteur interrogé. "Un petit écart peut avoir de grosses conséquences, et le permis de conduire ça coûte cher", reconnaît un autre. 

"Ca dépend de la situation, si c'est en ville, c'est dangereux 5km/h. Par contre, quand il y a de l'alcool, de la drogue, il faut carrément enlever le permis", considère une autre.

10 personnes ont perdu la vie sur les routes réunionnaises depuis le début de l'année 2023. Avec l'alcool et les stupéfiants, la vitesse est une des premières causes d'accidents sur le département. Le week-end dernier, plus de 130 excès de vitesse ont été relevés par les gendarmes lors de leurs contrôles.