Un chef d'entreprise réunionnais et deux étrangers, officiellement domiciliés à La Réunion, apparaissent dans le listing des Panama Papers. Dès la mise au jour de l'affaire, les départements de La Réunion et de la Martinique étaient cités. Mardi, les noms ont été publiés sur le site de l'ICIJ.
L'information était attendue depuis le premier jour. Qui à La Réunion s'est servi des sociétés offshores des banques panaméennes pour échapper au fisc ?
Dès le 4 Avril 2016, il était question de bénéficiaires à La Réunion et à la Martinique sur le site de la 1ère, personne n'avait été nommé.
C'est désormais chose faite. Trois noms sont apparus.
L'un est Équatorien. Il vivrait rue Jean-Chatel au centre-ville de Saint-Denis dans un tout petit studio. Inutile de préciser que ses voisins ne l'ont jamais croisé...
Le second, un Portugais vivrait de temps en temps à la Montagne au cœur d'un quartier résidentiel, très haut de gamme.
Un patron du BTP « péï »
Le troisième « investisseur » est un entrepreneurs réunionnais qui œuvre dans le BTP. Ancien cadre des plus grandes entreprises installées à La Réunion, il est devenu son propre patron, il y a une dizaine d'années. Il apparaît aux côtés de ses trois enfants à la tête d'une société offshore basées aux Seychelles. Deux d'entre-eux, pourtant très jeunes, sont officiellement domiciliés en Chine...
Reste à déterminer si ces montages financiers ont été déclarés aux services fiscaux des pays d'origine des bénéficiaires. Quelles sont les sommes qui ont transité sur les comptes révélés et qu'elles seront les sanctions, si le délit d'évasion fiscale est caractérisé.
Les premières révélations, mais pas les dernières
Les révélations sont loin d'être terminées. Le consortium international de journalistes d'investigation (ICIJ), constitué pour étudier les 11,5 millions de pages transmises par le lanceur d'alerte, a encore des mois et des mois de travail. Au jour le jour, ils épluchent les bases de données pour démasquer les titulaires des comptes qui se cachent derrière une myriade de sociétés écrans.
A La Réunion, les responsables syndicaux du Trésor public estiment que l'on est encore loin du compte. Localement, la fraude fiscale fiscale est estimée entre 300 et 500 millions d'Euros. Elle serait de 186 millions d'Euros concernant l'impôt sur le revenu, 135 millions d'Euros pour les impôts locaux, 95 millions d'Euros les sociétés, 44 millions d'euros la TVA, sans oublier 39 millions d'Euros pour les déclarations de patrimoine.
Le crime organisé utilise les mêmes banques
John Doe, contraction de Jean-Edouard Dupont, pseudonyme du lanceur d'alerte, explique sa démarche dans un article du Monde publié le 6 Mai 2016.
Les années passent, les affaires avec... Il souhaite que les gouvernements réagissent. Les « paradis » fiscaux prolifèrent à travers le monde grâce à l'évasion fiscale et l'argent qui a besoin d'être blanchi.
Nombre des comptes cachés par ces cabinets d'avocats via des banquiers complaisants dissimulent l'argent du crime organisé.
C'est donc, pour révéler les noms des tricheurs (ici comme ailleurs) et des criminels qu'il a décidé de mettre sur la place publique les listings des clients de Mossack Fonseca.