C'était l'un des engagements-phares d'Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle 2017. Depuis le début de cette année 2023, la taxe d’habitation est définitivement supprimée sur les résidences principales.
Si la nouvelle a fort logiquement soulagé une très large majorité des ménages français, les propriétaires les plus "aisés" sont, eux, toujours redevables de cette taxe pour leur résidence secondaire.
Et depuis un décret en date du 25 août dernier, plusieurs communes de La Réunion dispose même de la possibilité nouvelle d'appliquer une majoration de cette taxe.
Bien au-delà du seuil minimal de 5%...
Et c'est dans l'ouest de l'île que cette taxe sur les résidences secondaires va particulièrement flamber. Les communes de la Possession et de Saint-Paul ont en effet décidé d'aller bien au-delà du seuil minimum de 5%.
Hier, mercredi 27 septembre, la commune de La Possession a voté en faveur d'une augmentation de 49%. C'est la plus forte majoration décidée dans le département. Mais si la municipalité recourent aujourd'hui à cette majoration, c'est pour combler, explique-t-elle, le manque à gagner découlant de la supression de la taxe d'habitation sur la résidence principale.
Compenser un "trou" de 130 000 euros à La Possession
"On a calculé une augmentation de la taxe d'habitation sur les résidences secondaires pour compenser les 130 000 euros manquants", répond Vanessa Miranville, la maire de la Possession.
"Ces 49% d'augmentation appliqués sur 255 foyers vont nous permettre de maintenir notre budget et donc tous les services publics de la commune".
Une solution à la crise du logement ?
Cette majoration sur les résidences secondaires a aussi pour vocation de réguler l'offre sur les logements.
"Au service Habitat, on recense plus de 3 000 demandes en attente qui vont des logements sociaux aux logements intermédiaires et privés. Et on le sait, si les loyers sont aussi élevés, c'est parce que les logements sont rares. Si on a plus de logements disponibles, alors forcément, par mécanisme du marché, les loyers vont baisser", argumente Vanessa Miranville.
Un sujet sensible
C'est d'ailleurs le déséquilibre entre l'offre et la demande de logements qui justifiait, selon le gouvernement, de mettre en application le décret autorisant la majoration de cette taxe sur les résidences secondaires. Un décret paru le 26 août dernier au Journal officiel.
Lors de son conseil municipal, ce jeudi après-midi, la commune de Saint-Paul a quant à elle voté en faveur d'une hausse de 50 %. La majoration passe en effet de 24 à 36%.
L'intervention du maire de Saint-Paul Emmanuel Séraphine sur la page Facebook de la commune (vers 0'16'30 et vers 2'33'00) :
"Pas que des nantis à Saint-Gilles"
Plusieurs élus de l'opposition n'ont pas manqué de faire part de leur désapprobation à l'annonce de cette hausse. Pour ces derniers, c'est bien la zone balnéaire de Saint-Gilles qui est principalement concernée.
"Il n'y a pas que des nantis à Saint-Gilles qui ont une résidence secondaire", a ainsi réagi Patricia Hoarau. Ce sont souvent des gens qui ont travaillé toute une vie, qui ont économisé pour acheter une petite maison et qui louent". "Vous avez eu la main lourde monsieur le maire !", a encore fustigé l'ancienne élue de la majorité.
"Ca ne concerne qu'une minorité"
"A Saint-Paul, tout d'abord, il y a 2 314 résidences secondaires et elles ne se trouvent pas qu'à Saint-Gilles, a répondu le maire Emmanuel Séraphin. Deuxièmement, 56% de ces logements n'appartiennent pas à des Saint-Paulois".
"On est sur des résidences secondaires et ça ne concerne qu'une minorité", a conclut l'élu.