Mercredi, le gouvernement a laissé échapper la possibilité future d'une vente à l'unité pour certains médicaments, notamment les antibiotiques, selon des informations révélées par franceinfo. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2024, qui doit être présenté bientôt, pourrait intégrer cette mesure afin d'éviter d'un côté, le gaspillage, et de l'autre, la pénurie de certains médicaments.
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Les pharmaciens devraient alors être obligés de vendre les antibiotiques à l'unité, selon le nombre de comprimés prescrits, au lieu des boîtes entières.
Perte de la traçabilité
A La Réunion, les professionnels émettent des doutes sur la mesure, même si ses contours précis ne sont pas encore connus. Pour Cyril Apostoloff, président du Syndicat des pharmaciens Réunion-Mayotte, la vente de comprimés à l'unité représente plusieurs dangers, à commencer par la perte d'informations importantes présentes sur la boîte du médicament. "Déconditionner un médicament, c'est sortir les comprimés de leur blister industriel. Il y a un risque de perte de la traçabilité du médicament, du numéro de lot ou de la date de péremption", prévient-il, avertissant des problèmes que cela pourrait poser en cas de rappel.
Identifier le comprimé sans son emballage ?
Au-delà, il s'agit de pouvoir conserver correctement le comprimé hors de son emballage d'origine. Comment le conditionner pour qu'il garde ses propriétés face à l'humidité par exemple, mais aussi pour qu'on puisse le distinguer d'un autre médicament ? Car, "rien ne ressemble plus à un comprimé blanc qu'un comprimé blanc", poursuit Cyril Apostoloff, estimant que se tromper de cachet pourrait être dangereux.
Tensions d'approvisionnement
Enfin, selon le professionnel, la mesure n'est pas applicable là où elle serait nécessaire, en tout cas à La Réunion, où ce sont les sirops pour enfants qui rencontrent des tensions d'approvisionnement. "Il faudrait garder la sécurité industrielle et adapter la taille des boîtes. Quand on a besoin de six comprimés, pourquoi on fabrique des boîtes de dix ou de douze ?", achève le président du syndicat des pharmaciens Réunion-Mayotte.
L'an dernier, une pénurie d'amoxiciline, antibiotique utilisé pour soigner les angines et otites, avait déjà contraint les pharmaciens à limiter sa vente strictement au nombre de comprimés prescrits.