Ce 10 mai est la journée nationale de commémoration de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions. Une grande cérémonie officielle se tient à la mi-journée à Paris dans le jardin du Luxembourg, en présence du président de la République, Emmanuel Macron. Cette cérémonie sera diffusée en direct sur Réunion la 1ère.
La première statue d’une femme noire à Paris
Avec l'adoption de la loi Taubira le 21 mai 2001, la France reconnaît l'esclavage et la traite coloniale comme des crimes contre l'humanité.
Ce 10 mai, une statue à l'effigie de Solitude, héroïne de la résistance des anciens esclaves de Guadeloupe, sera inaugurée à Paris. C'est la première statue d'une femme noire dans la capitale. Un nouveau pas vers la reconnaissance de la place des femmes dans l'Histoire de la traite négrière, encore largement méconnue.
A la médiathèque de Sainte-Suzanne
A cette occasion, à La Réunion, la médiathèque de Sainte-Suzanne accueille un auteur Réunionnais qui présente son livre à des collégiens. L’ouvrage intitulé « Les Tamarins » paru aux éditions Le Lys Bleu, traite de cette période de l’esclavage et de l’amour et l’amitié entre deux hommes, l’un noir l’autre blanc. Rares sont les livres qui parlent d’homosexualité au temps de l’esclavage.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Et si le 10 mai était "la journée des réparations"
A La Réunion, l'historien Philippe Bessière, secrétaire de l'association Rasine Kaf, invité de la matinale de Réunion La 1ère, estime que "le 10 mai devrait se définir comme la journée des réparations". "La plupart des gens sont fatigués qu’on parle de l’esclavage comme d’une meurtrissure, une page noire, quelque chose qui pèse sur nous et dont on n’arrive pas à se défaire, explique l’historien. Le 10 mai, c’est justement rebondir et dire qu’à partir de cette histoire, il est possible de réparer avec des politiques publiques adéquates".
Regardez son interview ci-dessous sur Réunion La 1ère :
De l’argent ou un terrain pour les descendants d’esclaves
Quelles formes pourraient prendre ces réparations ? Pour l'historien Philippe Bessière, elles pourraient être de l’argent ou un terrain pour les descendants d’esclaves.
"Il est possible de reconnaitre le statut d’habitants aux descendants d’esclaves, avec le statut foncier qui leur a été refusé en 1848 par Sarda Garriga", assure l’historien.
"Ils auraient ainsi le droit à une parcelle de terre, symbolique, mais qui serait très importante pour les familles qui sont dans l’errance ou l’émigration", assure le secrétaire de l'association Rasine Kaf.
Et si avoir un lopin de terre ne serait pas réalisable, Philippe Bessière propose "un droit financier" qui ouvrirait par exemple "un droit chez les bailleurs sociaux à un pied à terre". L’objectif pour lui est "de reconnaître à ces familles le statut d’habitants". "Ça serait très important du point de vue symbolique et identitaire et ça permettrait de réparer pas mal de choses dans les familles réunionnaises", assure Philippe Bessière.