Sauf imprévu, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti sera en visite officielle à La Réunion à partir du vendredi 3 décembre prochain. Il devrait ensuite se rendre à Mayotte, avant de reprendre l’avion pour l’Hexagone le lundi 6 décembre.
Le Garde des Sceaux connait bien La Réunion pour y avoir plaidé à plusieurs reprises dans des procès retentissants dans le cadre de sa carrière d’avocat pénaliste. Il est cette fois-ci attendu de manière très officielle dans les tribunaux judiciaires de Saint-Denis et de Saint-Pierre et à la cour d’appel.
Violences congugales, aide juridictionnelle
Il devrait visiter également l’un des centres pénitentiaires de l’île ainsi que le service de la Protection judiciaire de la jeunesse, selon les informations du JIR. Il est probable que le sujet des violences intrafamiliales soit longuement traité, puisque La Réunion est le 3ème département français le plus touché par ce fléau.
Les avocats réunionnais espèrent également pouvoir échanger avec le ministre. La réévaluation de l’aide juridictionnelle, destinée aux personnes à faible revenus, figure parmi les doléances des robes noires. Pour Me Guillaume de Géry, le bâtonnier du barreau de Saint-Denis, la dernière réévaluation accordée le gouvernement reste insuffisante.
Revoir le reportage de Réunion La 1ère :
Des délais de traitement encore trop longs
"Les dossiers d’aide juridictionnelle sont des dossiers pour lesquels les avocats perçoivent une indemnité mais qui ne rémunèrent pas l’intégralité du temps passé à travailler sur le dossier, rappelle-t-il. En demandant la réévaluation de l’aide, on veille à ce que chaque justiciable ait droit à la même qualité de défense quel que soit l’endroit, quel que soit la juridiction".
La question des délais de traitement de la justice est l’autre problème soulevé. Pour le bâtonnier dionysien, les délais de justice restent encore très longs. "S’agissant par exemple des procédures d’urgence devant le Conseil des Prud’hommes, lorsqu’un salariés réclame à juste titre son salaire quand il n’a pas été payé, les délais peuvent aller jusqu’à 2 mois et demi, voire trois mois", argumente l’avocat.
Pas assez de greffiers
Me De Géry se dit conscient des mesures déjà prises jusqu’à présent pour raccourcir les délais, avec par exemple la mise en place des procédures électroniques et le renforcement des moyens informatiques dans les tribunaux, mais il estime que ce n’est pas assez.
Et puis, il y a le problème des moyens humains. Le bâtonnier De Géry estime nécessaire de recruter plus de personnel, et en particulier de greffiers. "Ils sont un rouage essentiel de la justice et on n’en a pas suffisamment".
Pas plus tard que ce mardi 23 novembre, un collectif de 3 000 juges, substituts et greffiers a dénoncé le manque de moyens dans la justice dans une tribune publiée dans la presse nationale, évoquant notamment les audiences surchargées et une certaine "déshumanisation" de la justice.