A La Réunion, le taux de location des films est actuellement à 35 %, mais il pourrait augmenter comme le souhaitent les distributeurs. Résultat : certains exploitants de salle de cinéma craignent un risque de répercussion sur les prix des places.
Une hausse du taux de location des films ?
En effet, les sociétés nationales détentrices des droits et de la distribution du film veulent augmenter ce taux de location des films pour les Outre-mer, en l’alignant sur les taux pratiqués dans l’Hexagone. Il passerait alors de 35 % à 50 %.
"Des tickets plus chers ou des salles qui ferment"
"On ne comprend pas pourquoi les distributeurs veulent faire cela aujourd’hui, alors que ça fait plus de 50 ans qu’on paie les films à un taux de 35 %, se révolte Alexandra Elize, présidente du syndicat des exploitants des cinémas d’Outre-mer (SECOM). Ils veulent augmenter le taux en sortie de crise Covid, alors que la fréquentation des salles a baissé".
Selon la présidente, "salles de cinéma ne pourront pas survivre". "Elles auront deux possibilités : augmenter le prix du ticket ou fermer", conclut-elle.
Le soutien de parlementaires
Seize députés ultramarins sont montés au créneau cette semaine. Ils ont co-signé une lettre à l’attention des ministres concernés pour soutenir le syndicat des exploitants de salle de cinéma d’outremer. Parmi les signataires : Karine Lebon, Jean-Hugues Ratenon, Philippe Naillet et Nathalie Bassire.
Pour les parlementaires, si ce projet se concrétise alors "la survie des petites et moyennes salles locales" serait en péril ainsi que "la promotion de la culture et des divertissements en Outre-mer".
"Du camouflage pour avoir l'exclusivité ?"
Cette position est fortement contestée par Yves Ethève. Le gérant de MauréFilms exploite plusieurs salles de cinéma à la Réunion, et il ne bénéficie pas des 35%. Pour lui, c’est le maintien de cette mesure qui peut mettre en péril l’activité.
Regardez son interview sur Réunion La 1ère :
"Faire croire que les prix augmentent, c’est du camouflage pour pouvoir retrouver l’exclusivité sur des films et créer des problèmes", assure le gérant de MauréFilms. "Tout ça créé des conflits avec les distributeurs qu’ils soient petits, moyens ou gros, poursuit Yves Ethève. Ces distributeurs doivent maintenant dire que si on les oblige à travailler à 35 %, alors ils ne donneront plus les films. Cela va priver les spectateurs réunionnais et antillais des plus grosses sorties de films qui font vivre le cinéma".
De son côté, le groupe Ethève assure qu'il ne "laissera pas faire" et qu'une "augmentation des tarifs n'est pas à l'ordre du jour".
"Impossible d'augmenter les prix"
Pour les exploitants, répercuter cette hausse sur le prix des places paraît impossible. Avec un pouvoir d’achat parmi les plus bas, une hausse du prix du ticket ne permettait plus à de nombreux Réunionnais d’aller au cinéma.
"En ce moment, aucune entreprise ne peut d’encaisser une augmentation de charge de 15 %, déplore Frédéric Drotkwoski, directeur général Investissement et Commerce. Les gens viendront au cinéma, mais ça ne compensera pas les 15% qu’on va nous demander. A terme, beaucoup de cinémas seront en difficulté".
Regardez les précisions de Réunion La 1ère :