Leptospirose : trois fois plus de cas que les années précédentes à La Réunion, un décès identifié

Les réflexes à adopter contre la leptospirose
L'épidémie de leptospirose se poursuit à un niveau élevé à La Réunion : non moins de 83 cas ont été déclarés sur l'île entre le 1er janvier et le 6 mars 2024. C'est trois fois plus que les années précédentes à la même période. En outre, un premier décès a été identifié. D'où le rappel des précautions à prendre.

La situation est préoccupante : les indicateurs de l'épidémie de leptospirose qui sévit actuellement sur l'île sont encore en augmentation, dépassant les niveaux des années précédentes. 

Selon les derniers chiffres de l'Agence régionale de Santé de La Réunion (ARS), ce vendredi 6 mars 2024, 83 cas de leptospirose ont été déclarés sur l'île depuis le début de l'année. C'est trois fois plus que les années précédentes à la même période. 

70% des cas sur le seul mois de février

Parmi ces 83 cas, près de 70% ont été déclarés sur le seul mois de février. Un nombre record de cas mensuels en comparaison avec les pics épidémiques des années précédentes. A titre de comparaison, 49 cas avaient été enregistrés lors du pic épidémique d'avril 2022. 

Chiffres de la leptospirose au 28 février 2024

Un décès identifié

Cette semaine, l'ARS apprend en outre qu'un décès lié à la leptospirose a été identifié. La leptospirose peut en effet s'avérer mortelle, et à chaque épidémie, un à trois décès sont malheureusement à déplorer sur le département. 

48 personnes hospitalisées depuis le début de l'année, dont 19 en réanimation

La maladie infectieuse, véhiculée par des animaux, dont principalement les rongeurs, a conduit 48 personnes à être hospitalisées depuis le début de l'année. 19 patients ont dû être placés en réanimation. 47 personnes elles, ont eu recours aux urgences pour des symptômes de leptospirose. 

Les hommes touchés en majorité 

Concernant le profil des personnes malades, il s'agit en grande majorité d'hommes : ils sont 79 sur les 83 cas déclarés. Pour une moyenne d'âge de 54 ans. Le plus jeune patient est âgé de 14 ans, le plus âgé de 80 ans. S'il est difficile d'avérer le lieu et le moment de leur contamination avec certitude, il est fort probable que personnes aient été en contact avec les leptospires lors d'activités agricoles, de bricolage ou nettoyage de cour, ou encore lors d'activités sportives en eau douce. 

Les urines et excréments d'animaux vecteurs de la maladie

Pour rappel, la leptospirose se contracte par contact avec les leptospires, bactéries pathogènes présentes dans les urines et excréments d'animaux. Ces bactéries, après de fortes pluies, peuvent se retrouver dans l'eau et les milieux humides, en raison d'un lessivage des sols. C'est pourquoi il est très important de se protéger au moyen de bottes et de gants en cas d'activités agricoles dans des milieux potentiellement contaminés par exemple. 

"La saison des pluies est favorable à la persistance des bactéries dans l’eau et les milieux humides. Sans protection efficace, le risque de contamination par la leptospirose est encore plus élevé lors de la pratique d’activités à risque."

Agence Régionale de Santé de La Réunion

Activités agricoles, jardinage, baignade en eau douce... autant d'activités à risques

Pour rappel, les activités considérées comme à risques sont nombreuses et variées, de l'entretien du jardin au maraîchage et à la taille des arbres en passant par l'élevage de volailles à domicile, la pêche en eau douce et la baignade dans les rivières et bassins, le canyoning... Mais aussi des travaux qui font partie du quotidien des agriculteurs, particulièrement touchés : récolte de fruits et légumes comme les brèdes et ananas, coupe de canne à sucre... 

Plus de 80% des cas dans le Sud et l'Ouest

Toutes les micro-régions de l'île sont touchées. Mais c'est dans le Sud (62%) et l'Ouest dans une moindre mesure (20%) que la majorité des cas de leptospirose a été observée. Plus de 8 personnes contaminées sur 10 vivent en effet dans ces zones. 

Consulter dès les premiers symptômes

Pour rappel, la leptospirose est une maladie à déclaration obligatoire. 

Plus vite la maladie est diagnostiquée, plus les formes graves sont évitables. D'où l'importance de consulter dès les premiers symptômes, même si le diagnostic de la leptospirose n'est pas des plus évidents. Ses symptômes peuvent en effet être confondus avec ceux de la dengue, du Covid, ou de la grippe. 

Le rappel des symptômes 

Après quelques jours d’incubation (de 4 à 19 jours en moyenne), la leptospirose se manifeste par les symptômes suivants (qui peuvent être facilement confondus avec d’autres infections telles que la dengue, la Covid-19, etc) :

  • fièvre élevée d’apparition brutale (souvent > 39 °C),
  • grande fatigue,
  • douleurs musculaires, articulaires, abdominales,
  • nausées, vomissements,
  • forts maux de tête.

Maladie grave potentiellement mortelle

"La maladie peut s’aggraver 4 à 5 jours après les premiers signes et s’étendre au foie, aux reins, aux poumons, aux méninges, et peut être mortelle", souligne l'ARS.

"Administrée précocement, l’antibiothérapie diminue le risque de complications et atténue les symptômes", 

ARS de La Réunion

C'est pourquoi il est recommandé de consulter rapidement son médecin traitant et de l'informer des activités à risques pratiquées les trois semaines précédentes. 

Contamination même en l'absence de coupures

Par ailleurs, les bactéries pathogènes peuvent pénétrer dans l'organisme par la peau même par les petites plaies et micro-coupures. Et même sans coupures, les leptospires peuvent atteindre l'organisme via les muqueuses, comme celles de l'oeil, de nez et de la bouche. 

Voilà qui appelle à se protéger de façon efficace contre ces bactéries, en appliquant les recommandations suivantes établies par l'ARS. 

Appliquer des mesures de protection individuelle

  • Porter des équipements de protections adaptés (gants, bottes ou chaussures fermées, lunettes…) pour jardiner, ramasser des déchets, déplacer des encombrants ou réaliser l’élevage « la kour »
  • Ne pas marcher pieds nus, ou en savates, pour les activités en environnement humide ou boueux au domicile ou en extérieur (sol boueux, dans les flaques, eaux stagnantes, ravines) 
  • Protéger ses plaies du contact avec l’eau (pansements étanches), les laver à l’eau potable et les désinfecter le plus tôt possible après l’exposition
  • Pour les agriculteurs et les éleveurs, une vigilance sur le port des équipements de protection individuelle est requise. Un lavage régulier des mains est recommandé.

Respecter les interdictions de baignade dans les lieux signalés à risque

En cas d’eau trouble, il est recommandé de reporter les activités de loisirs en eau douce.

"Ces mesures de prévention doivent être appliquées tout particulièrement après des périodes de fortes pluies car le risque de contact avec des milieux humides contaminés est alors plus important."

ARS de La Réunion

Un vaccin pour les professions à risque

Un vaccin contre la leptospirose existe. Il est  réservé à certaines catégories professionnelles à risque ou les personnes pratiquant régulièrement des activités récréatives à risque, après une évaluation par un médecin. Cette vaccination vient en complément des mesures de prévention.

Eliminer les rats

Enfin, la lutte contre la leptospirose passe aussi par la lutte contre les rats, vecteurs de la maladie. 

  • Entretenir régulièrement sa cour (absence d’encombrants ou de déchets propices à la prolifération des rats…) 
  • Ramasser et éliminer ses déchets régulièrement dans les filières adaptées pour éviter d’attirer les rats 
  • Bien fermer ses poubelles 
  • Éliminer toutes les sources d’alimentation pour les rongeurs, y compris les restes d’alimentation des animaux de compagnie
  • En cas d’élevage de volaille à domicile, s’assurer que les aliments destinés à ces animaux ne sont pas accessibles aux rongeurs (aliments conditionnés dans des bidons étanches, restes d’aliments enlevés, clôture à maille fine pour prévenir toute intrusion dans le poulailler).