Cette année, la leptospirose connaît un démarrage d'épidémie précoce à La Réunion. Au 23 février, 54 cas avaient été enregistrés depuis le début de 2024, contre 22 cas à la même date en 2023, soit plus du double selon les chiffres de l'ARS.
La situation ne laisse pas de marbre les agriculteurs réunionnais, qui sont particulièrement exposés à cette pathologie qui peut être très grave, voire mortelle. Dans leurs activités quotidiennes, ils peuvent être amenés à fréquenter des zones humides, élèvent du bétail qui peuvent être porteurs de leptospirose, ou sont potentiellement au contact de rongeurs.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Un vaccin contre la leptospirose
L'un d'eux, Clarel, interpellait ce mercredi dans la matinale de Réunion La 1ère le directeur de la sécurité et de la veille sanitaire à l'ARS Réunion, Xavier Deparis, sur la question du vaccin qui existe contre la leptospirose. L'agriculteur de l'Ouest soulignait notamment le fait que le prix de cette vaccination a augmenté ces dernières années, et qu'ils ne pouvaient parfois pas se le permettre.
"112 euros la dose"
A cette remarque, le professeur Deparis confirme qu'il existe bien un vaccin contre la leptospirose, et qu'il est effectivement onéreux. "Une dose coûte 112 euros, et il faut trois doses puis un rappel tous les deux ans", précise-t-il.
S'il n'est pas pris en charge par l'Assurance maladie, mais seulement par quelques mutuelles dans le cas de certaines formules, l'ARS "est intervenue auprès des services de santé au travail et de la Caisse générale de sécurité sociale" pour demander son remboursement aux professionnels exposés, avance-t-il.
Se renseigner auprès du service de santé au travail
Ainsi, les agriculteurs réunionnais qui le souhaitent doivent a priori se renseigner auprès de leur service de santé au travail Intermetra, en charge de leur proposer cette vaccination, disponible au CHU.
"C'est une vaccination qui coûte très cher, et il faut savoir qu'elle n'est pas efficace à 100%".
Xavier Deparis, directeur de la sécurité et de la veille sanitaire à l'ARS Réunion
"Pas la meilleure protection"
En revanche, si l'existence de ce vaccin n'est pas largement diffusée, c'est aussi parce selon Xavier Deparis, "ce n'est pas la meilleure protection contre la leptospirose".
En effet, le seul vaccin contre la leptospirose autorisé en France, le Spirolept, en dehors de n'être possible que pour les professionnels exposés et les voyageurs, n'est efficace que contre une seule forme de leptospirose (L. Icterohaemorrhagiae), qui représente en France 30% des cas signalés.
Les équipements de protection plus efficaces
"C'est une protection, mais qui n'est pas suffisante, puisque les agriculteurs s'exposent en permanence", avance le professeur, qui soutient que la meilleure prévention possible reste d'éviter le contact avec les leptospires en portant des équipement de protection individuelle comme les gants et les bottes, même si cela est contraignant sous de fortes chaleurs.
"Les leptospires peuvent aussi pénétrer par des muqueuses saines, du nez, des yeux, avec ou sans plaie."
Pr Xavier Deparis, directeur de la sécurité et de la veille sanitaire de l'ARS Réunion
Consulter un médecin dès les premiers signes
Le directeur de la sécurité et de la veille sanitaire de l'ARS Réunion rappelle enfin l'importance de consulter un médecin dès les premiers symptômes qui peuvent faire penser à la leptospirose. Soit des symptômes grippaux, de la fièvre, ou une patraquerie, rappelle le professionnel de santé. Attention, "ça peut ressembler à la dengue", prévient-il.
Un à trois décès par an
Car le diagnostic de la leptospirose étant très difficile, plus tôt la contamination est sue, plus grandes sont les chances d'éviter les formes graves de la leptospirose. Chaque année, entre un et trois décès dûs à cette maladie sont constatés à La Réunion, "la plupart du temps dû à un retard de consultation et donc de diagnostic au départ", rappelle Xavier Deparis.