Les bars à hôtesses s'adaptent au couvre-feu

Le monde de la nuit était déjà en souffrance depuis plusieurs semaines avec la fermeture des boîtes de nuits dans l'île. Les restrictions reviennent dans les bars et les restaurants. Les bars à hôtesses aussi tentent de résister et s'adaptent aux horaires du couvre-feu.

Rouverts seulement quelques mois en 2021, les boîtes de nuits de La Réunion sont de nouveau fermées depuis le 10 décembre dernier. Les restaurateurs quant à eux, doivent désormais fermer à 21h, heure du début du couvre-feu. Un bar à hôtesses de Saint-Denis tente, tant bien, que mal de s'adapter à ces nouvelles mesures de restrictions sanitaires.
 

Des horaires réaménagées

Jean Charles Manier est le gérant d'un bar à hôtesses emblématique du chef-lieu. Jusqu'ici, son établissement était ouvert de 22h à 5h du matin. Avec les nouveaux horaires imposés par le couvre-feu, de 21h à 5h, impossible de travailler. Dans de telles conditions, il est bien obligé de s'adapter et d'ouvrir son établissement en fin d'après-midi, dès 16h. Un pari osé.
 

Il ne nous est plus permis de travailler la nuit alors que notre clientèle ne vient que la nuit. On avait déjà essayé d'ouvrir l'après-midi, mais on n'avait que deux ou trois clients par jours.

Jean Charles Manier, gérant d'un bar à hôtesses

 


De lourdes conséquences

Depuis le début de la crise sanitaire, les difficultés s'enchaînent pour son établissement. Il estime ses pertes à 50% en 2021. Son personnel a diminué de moitié et ne peut plus faire venir des hôtesses de métropole comme il avait l'habitude de le faire.

Certaines des hôtesses travaillent dans son établissement à temps partiel. La situation est d'autant plus délicate pour elles, qui sont souvent étudiantes ou travaillent aussi la journée.
 

Moi ça ne m’embête pas de travailler l’après-midi mais on n'a pas toutes les mêmes disponibilités, c'est beaucoup plus compliqué pour d'autres hôtesses. Puis les clients qui cherchaient à être accompagnés et discuter avec nous vont devoir rentrer chez eux après le travail à cause du couvre-feu.

déplore une hôtesse

 


Jusqu'à la réouverture de son bar en septembre 2021, les aides gouvernementales ont évité la faillite à Jean Charles Manier. Les frais fixes de son entreprise et les premières charges ont été payées. Mais ce qu'attend en priorité le gérant, c'est de pouvoir retravailler de nouveau normalement pour éviter d'avoir à diminuer de nouveau son personnel.
 

La guerre aux faux pass

Le gérant comprend néanmoins les mesures nouvellement appliquées. Il a par ailleurs lui-même eu le covid : "après huit jours de coma et quatre semaines en réanimation on comprend vite qu'on est tous concernés" explique-t-il. Il dit aussi s'assurer que les gestes barrières soient respectés dans son bar et le désinfecte tous les jours.

Il dénonce aussi le nombre important de faux pass sanitaire auxquels il a eu à faire. La multiplication du nombre de cas de coronavirus y est lié selon lui : "Y'en a tous les jours ! J'essaie de les convaincre mais pour eux c'est pas grave".