Ce dimanche 19 mars 2023, Huguette Bello, présidente de la Région Réunion, donnait une conférence de presse en sa qualité de présidente du parti PLR (Pour La Réunion). A ses côtés, les députés Karine Lebon, Frédéric Maillot, mais aussi le maire de Saint-Paul Emmanuel Séraphin. La députée Emeline K/Bidi, dont la présence était annoncée, n'a pu y assister, encore dans l'avion la ramenant de Paris.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Au centre de cette prise de parole, la brûlante réforme des retraites, et l'encore plus brûlant recours au 49.3 par le gouvernement cette semaine. Tous ce dimanche matin criaient à la censure des députés par le gouvernement.
"Un moment politique de grande importance"
"Notre parti est à la veille d'un moment politique de grande importance", a entamé Huguette Bello, qui a rappelé en préambule l'importance de la date du jour, le 19 mars, symbolisant le 77ème anniversaire de la départementalisation de La Réunion.
Alors que le gouvernement a choisi jeudi d'utiliser le 49.3 pour adopter la réforme des retraites, et malgré les nombreuses mobilisations de la population ces dernières semaines, le PLR estime qu'il ne faut pas aujourd'hui "mettre ses convictions sous le tapis". "Il faut aller là où il y a de l'argent, là où il y a de la fortune", propose Huguette Bello pour le financement des retraites, pointant du doigt une compagnie comme la CMA-CGM qui engrangerait d'importants bénéfices. Une fortune à laquelle elle oppose la situation de personnes obligées de vivre avec des retraites parfois très faibles.
"Agir loin des calculs partisans"
"Borne la parti devant en kamikaze. Nos institutions démocratiques ne sont pas respectées", fustige Huguette Bello. Face à cela, il s'agit d'afficher un front syndical uni, souligne la présidente du PLR, qui ne manque pas de "saluer l'esprit de responsabilité de nos syndicats". A La Réunion, aucun débordement n'a émaillé les mobilisations contre la réforme des retraites jusqu'ici. La cheffe du PLR compte sur "la force du nombre, des 80% des Français qui sont contre cette réforme".
Alors que les motions de censure doivent être votées lundi par le députés, elle espère que chacun "agira en responsabilité, loin des calculs partisans".
Le recours au conseil constitutionnel
Deux solutions sont envisageables selon le PLR : soit le texte de la réforme est retiré, soit un référendum est organisé. Car "la démocratie, c'est le nerf d'un pays qui se veut libre", assène Huguette Bello. Achevant : "Le plus sage est de respecter nos concitoyens et d'entendre leur souffrance".
Parmi les députés présents lors de cette prise de parole du PLR, Karine Lebon, qui était cette semaine à l'Assemblée nationale. Elle l'assure, "la mobilisation n'est pas terminée, dans la rue ni au Parlement" contre ce qu'elle estime "un texte illégitime". "Nous allons utiliser tous les moyens à notre disposition pour que ce texte ne soit pas adopté", promet la députée. Elle évoque, le recours au conseil constitutionnel qui pourrait selon elle "rejeter le texte parce qu'il y a une volonté manifeste du gouvernement de museler le Parlement, et ça c'est anti-constitutionnel".
Le référendum d'initiative partagée
"Nou la heurte a nou à la brutalité de ce gouvernement, au déni de débat parlementaire. Tout ça i conduit à une révolte, un peup' i grogne. Le président de la République en très peu de temps la change de direction et la passe en force", s'exprime quant à lui le député Frédéric Maillot.
Mais il évoque aussi l'après. "Si demain cette motion i tombe, nou néna des moyens pour aller combattre encore plus, et nou demande à la population de maintenir cette pression", dit-il faisant référence au RIP, référendum d'initiative partagée, autre moyen de casser la réforme, qui serait examiné lundi en commission de recevabilité. Pour enclencher ce levier législatif, dit Frédéric Maillot, il faudrait "180 députés qui font front, et 4,7 millions de citoyens pour faire tomber cette loi".
Lui comme une bonne partie des députés réunionnais voteront la motion de censure ce lundi par procuration.
Une crise qui ajoute du chaos au chaos
Emmanuel Séraphin, présent en tant que secrétaire général du PLR, rappelait pour sa part que "10% de nos retraités touchent 210 euros par mois" et qu'environ "15 000 retraités agricoles touchent moins de 400 euros par mois même après avoir travaillé toute leur vie". Pour le maire de Saint-Paul, ce "passage en force porte un coup dur aux travailleurs", et "cette crise politique ajoute du chaos au chaos".
En attendant, dans l'Hexagone comme à La Réunion, c'est une nouvelle semaine de mobilisation de la population et des syndicats. A commencer par ce lundi, où un blocage de la SRPP (Société réunionnaise de produits pétroliers) est prévu au Port.
Pour Jean-Hugues Ratenon, "il y a plusieurs marmites sur le feu"
De son côté, Jean-Hugues Ratenon, invité sur le plateau de Réunion La 1ère ce dimanche soir, a indiqué qu'il voterait lui aussi la motion de censure du groupe LIOT par procuration. Il souhaite participer aux mobilisations de cette semaine avec les Réunionnais.
A-t-elle vraiment des chances d'aboutir, cette motion de censure ? "Aujourd'hui quand on fait le décompte, on est autour de 264 voix. Il nous manque 23 parlementaires, il faut les trouver parmi les LR. Mais dès le moment où le gouvernement décide d'appliquer le 49.3, c'est qu'il considère qu'il n'est pas majoritaire. Donc normalement, nous sommes majoritaires", poursuit le député, qui croit en un "renversement" ce lundi à l'Assemblée nationale pour "obliger madame Borne à démissionner et monsieur Macron à désigner un nouveau gouvernement".
Comme les députés du PLR, Jean-Hugues Ratenon croit en ces autres recours pour casser la réforme, entre référendum, saisine du conseil constitutionnel, et pression sur le terrain social. "Il y a plusieurs marmites sur le feu", assure-t-il.
Nathalie Bassire votera la motion de son groupe
Dans un communiqué, la députée Nathalie Bassire, vice-présidente du groupe LIOT (Libertés Indépendants Outre-mer et Territoires), a rappelé qu'elle voterait bien évidemment la motion de censure de son groupe ce lundi. "Notre motion "transpartisane" devrait être votée également par l'ensemble du groupe RN", avance-t-elle. Sera-t-il vraiment le cas ? Réponse ce lundi 19 mars.
La députée s'exprimait sur le plateau de Réunion La 1ère ce lundi 20 mars 2023 :