Déclarations de la nouvelle ministre de l'Education nationale Amélie Oudea-Castera, conditions de travail dégradées et problématiques salariales, mise en place des groupes de niveau et "tri social"... autant de raisons qui ont poussé les enseignants, partout en France, à suivre un mouvement de grève nationale ce jeudi 1er février.
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Dès 9 heures ce jeudi, l'intersyndicale a donné rendez-vous aux grévistes du Sud devant la mairie de Saint-Pierre, et à ceux du Nord devant le rectorat à Saint-Denis.
Rassemblés devant le rectorat
Devant les locaux du Moufia, plus d'une centaine de personnes a répondu présent à l'appel à manifester lancé, sous un beau soleil alors que l'intersyndicale craignait que la météo leur soit défavorable.
Pour Corinne Peyré, secrétaire académique du SNES-FSU, "cette mobilisation du 1er février est différente" : toutes les organisations syndicales ont répondu présent ce jeudi. "On a quand même un gouvernement et une nouvelle ministre qui font l'unanimité contre eux. Nous sommes contre ces réformes, contre la casse du service public d'éducation, nous avons d'autres ambitions pour nos élèves", fait-elle valoir.
Des réformes déstabilisantes
Alors que la réforme du lycée a, dit-elle, "déstabilisé les enseignants et le système", les réformes qui s'annoncent au collège, notamment la mise en place de groupes de niveaux, vont "à l'encontre des valeurs que nous défendons, à savoir une école émancipatrice, faite pour tous et toutes".
"On se sent malmenés"
Gladys Robert, secrétaire générale Saiper-Udas, fait quant à elle part de la "déconsidération" dont les enseignants font l'objet de la part du ministère, entre manque de remplaçants, suppressions de postes... "On se sent outrés, malmenés", dit-elle, soulignant que tout ce qui a été annoncé dernièrement par le gouvernement ne répond pas à leurs revendications.
"Les beaux jours ne sont pas devant nous et il faudra nous mobiliser pour des raisons de considération, de valorisation. Le métier éloigne de plus en plus les personnes qui pourraient s'engager. (...) Tous les ans on a un transformation : les classes à niveaux, le PACTE, l'école à trois ans... Tous les ans il faut qu'on s'adapte à des injonctions du ministère qui ne prend pas en compte ce qui se passe sur le terrain"
Gladys Robert, secrétaire générale Saiper-Udas
Instabilité
Pascal Baudin, du Snalc, regrette lui aussi l'instabilité de l'Education nationale ces dernières années, notamment au sein du lycée professionnel qui, dit-il, fait l'objet de "réformes quasiment tous les ans". "On manque de stabilité. Les enseignants ont du mal à avoir un effet d'expérience dans leur enseignement, et c'est néfaste pour les élèves", poursuit Pascal Baudin, soulignant que l'année de terminale se retrouvera "atrophiée" par l'allongement des périodes de stage, rémunérées certes, mais qui conduit à la diminution des heures d'enseignement en lycée.
"On voulait insister sur le manque de respect à nos différentes professions de l'Education nationale : quatre ministres en deux ans, des réformes en veux-tu en voilà. On est tous mobilisés de la primaire au lycée".
Pascal Baudin, Snalc
"Ségrégation des élèves"
Eric Dijoux, secrétaire général de l'Unsa Education estime qu'il était important de se mobiliser aujourd'hui pour faire entendre à la nouvelle ministre de l'Education nationale leur désaccord avec sa politique. La "ségrégation" des élèves par les groupes de niveau par exemple, est un point de crispation qu'il évoque.
"Nous sommes des défenseurs de l'école de la République, gratuite, laïque, et démocratique. Ce qu'elle propose ressemble à de vieux projets qui vont mettre en difficulté et en concurrence les élèves. C'est totalement inacceptable dans l'école de la République"
Eric Dijoux, secrétaire général de l'Unsa Education
"Il n'y a pas de pilotage"
Il dénonce une "totale méconnaissance de ce que font les collègues sur le terrain" de la part du ministère de l'Education nationale. "On a l'impression de naviguer à vue : il n'y a pas de pilotage mais de belles annonces pour caresser un certain type de parents. Mais nous concrètement on n'avance pas. Il y a un manque de stabilité, et surtout de prise de conscience de ce qu'il se passe dans l'école", achève-t-il.
Manifestation sous la pluie à Saint-Pierre
A Saint-Pierre en revanche, la pluie s'est invitée à la manifestation devant la mairie, la contraignant à un plus faible nombre de participants. Quelques petites dizaines de personnes, sous les parapluies, faisaient entendre leurs revendications dans le jardin de l'hôtel de ville.
"Tant pis si on n'est pas nombreux"
Qu'importe, selon Elise Dinnat, du syndicat SE UNSA Second degré. "Nous ce qui nous intéresse c'est d'alerter, tant pis si on n'est pas nombreux. Il y a énormément de gens aujourd'hui qui ne se sont pas sentis de venir ici pour manifester mais l'essentiel c'est que l'intersyndicale fasse bloc et qu'on soit sur la même longueur d'onde pour nos revendications", dit-elle.
"On nous charge la mule alors qu'on n'en peut déjà plus. Ce que nous on demande, ce sont de vraies conditions de travail"
Elise Dinnat, du syndicat SE UNSA Second degré
Pour elle, le métier d'enseignant n'attire plus, et les faits le prouvent. "Le gouvernement a mis en place un tas de mesures pour améliorer l'attractivité du métier, mais il a fallu rajouter un mois de plus pour les inscriptions au concours. Ça montre bien que l'attractivité n'y est pas", achève Elise Dinnat.
Les précisions de Marie-Hélène Dor, secrétaire départementale de la FSU, invitée de Réunion La 1ère mercredi soir :