Les lecteurs du JIR privés de journal ce samedi sur fond de tensions avec l'imprimeur

"Censure", titre le JIR sur son site internet suite à la non-impression de son édition du jour
Impossible de trouver une version papier du Journal de l'Île de La Réunion ce samedi 1er octobre. Jacques Tillier, le patron du JIR, crie à la censure. L'édition du jour n'a pas été imprimée par la société ICP Roto. En cause, les dessous de la reprise d'une autre imprimerie évoqués cette semaine par le quotidien et dans l'édito du jour.

Pas de JIR dans les bureaux de tabac, dans les boutiques de quartier ou encore dans les boîtes aux lettres des abonnés. L'édition du jour du Journal de l'Île de La Réunion n'a tout simplement pas été imprimée ce 1er octobre.

Le coup est d'autant plus dur pour le quotidien que le samedi est le jour où celui-ci réalise traditionnellement ses meilleurs chiffres en termes de ventes, même si celles-ci ont fortement décliné ces dernières années dans le contexte actuel de crise de la presse écrite.

Des lecteurs pris "en otage"

Les responsables du quotidien crient à la censure, comme ils l'expliquent dans l'édito publié sur leur site internet. "Le Journal de l’Île n’est pas sorti ce matin. Non pas à cause d’un incident industriel intervenu au stade de l’impression, indépendant de notre volonté, selon la formule consacrée", précise Patrick Planchenault, le directeur de la rédaction qui met en cause la société portoise ICP Roto qui imprime le journal, et plus précisément son patron, Alfred Chane Pane.

Patrick Planchenault déplore que les lecteurs du JIR soient ainsi pris "en otages". Contacté par La 1ère, le patron du JIR, Jacques Tillier, raconte comment il a appris la nouvelle. "J'ai été réveillé à 1 heure du matin par mon chef de service pour me dire que l'imprimerie d'Alfred Chane Pane, c'est-à-dire notre imprimeur, refusait d'imprimer le Journal de l'Île sous prétexte que dans l'édito du samedi, il y avait un passage qui ne lui plaisait pas".

Voir le reportage de Réunion La 1ère :

Le Jir n'est pas paru ce samedi 1er octobre

Réaction en chaîne

L'éditorial en question revient sur les détails de l'offre de reprise de l'imprimerie Ah Sing, placée sous liquidation judiciaire en avril dernier. Après un premier article du JIR indiquant que la société tombait "dans l'escarcelle de Chane Pane Sud" le 22 septembre dernier, Alfred Chane-Pane avait "formellement démenti" être impliqué dans cette reprise et déploré que son nom y soit associé.

"L'article du JIR est incorrect sur plusieurs points. (...) La famille Chane Pane, citée de façon abondante dans cet article, ne participe pas au tour de table", était-il précisé. "Une version sujette à caution", a rétorqué le JIR ce jeudi 29 septembre dans un nouvel article assurant que le patron d'imprimerie ferait bien partie des associés de l'imprimerie Chane Pane Sud.

Jacques Tillier : "Les bras m'en tombent"

Jacques Tillier indique que "les faits sont d'autant plus étonnants qu'il n'y a aucune attaque contre Alfred Chane Pane. Et de toute façon, même s'il y avait eu une attaque, un mot, une phrase qui ne plaisait pas à l'imprimeur, il ne lui appartient pas de modifier la ligne d'un journal. Franchement, les bras m'en tombent..."

Jacques Tillier parle de chantage et rajoute qu'il compte bien riposter. "Ce soir, nous allons envoyer nos pages avec à l'intérieur, nos deux pages d'édito que je vais remettre. Et on verra bien... Il va se passer quoi là ? On tue un journal comme ça, parce que la ligne ne plaît à Alfred Chane Pane ou aux politiques ?!"

Cyrille Melchior appelle au respect de la liberté de la presse

Contacté, Alfred Chane Pane assure que les lecteurs du JIR retrouveront leur quotidien dans les points de vente de l'île demain dimanche. Le dirigeant défend qu'il n'a pas donné d'ordre à ses employés travaillant à l'impression du JIR, mais que c'est "par solidarité avec (sa) famille" que ces derniers ont décidé de débrayer la nuit dernière...

Cyrille Melchior, le président du Conseil départemental, a quant à lui réagi par voie de communiqué : "Ce matin comme de nombreux Réunionnais, j’ai été surpris de découvrir que le JIR n’était pas présent dans les points de vente. Informé qu’il s’agirait en fait de la non impression du JIR du jour par l’imprimeur, je suis encore plus étonné. Sans entrer dans les raisons qui auraient motivé cette non impression, je rappelle que le principe de la Liberté d’expression et celui de la Liberté de la presse doivent dominer dans une belle Démocratie comme la France. J’apporte tout mon soutien à la Rédaction du JIR".