En Inde, des femmes artisans protègent le monde

Après la crise de 2001, huit femmes ont créé une société qui leur donne des ailes.

Après le tremblement de terre meurtrier de 2001, dans l'état du Gujarat, un groupe de femmes a décidé de remettre au goût du jour les toits de chaume traditionnels de cette région. Leur but : protéger les vivants, et gagner leur vie dignement. Nous les avons rencontrées sur leur chantier en cours, dans la région désertique du Kutch.

Chantier des villes, chantiers des champs

Elle sont huit femmes vivant dans ce chantier de construction.
Loin. Loin des villes. Loin des villages. Dans les collines du Kutch.

Elles couvrent le toit d'une ferme. Un chantier qu'elles sont fières d'avoir obtenu et qui les attache là, durant quelques semaines. Loin des villes. Loin des villages.
Liées à la course du jour. Débutant dès potron-minet. Redescendant des toits à la nuit tombée. Avec ces pauses : le thé, un repas, notre visite qui les enchante!

Aujourd'hui, elles passeront plus de temps sur la terre à discuter avec nous qu'accrochées aux rafales de vent !

Structure tubulaire légère , panneaux de paille, de corde et de bambou : des toitures inspirées du "banga" traditionnel, ayant peu d'impact sur l'environnement, et idéales en ces climats.

Structure tubulaire légère , panneaux de paille, de corde et de bambou : des toitures inspirées du "banga" traditionnel, ayant peu d'impact sur l'environnement, et idéales en ces climats.

Chapeau de paille!

C'est son métier à Maddhu Bahan, faire des chapeaux de paille pour les maisons. Une solution traditionnelle qui a été abandonnée ces dernières années, au profit de la tuile et du béton. Idéale pourtant dans une contrée où la terre tremble, où les vents s'amusent à s'enrouler en tornades, où la pluie boude durant des mois, voire, des années...

Bref, le chapeau idéal, l'activité rêvée pour ces femmes actives, ces femmes fortes, ces femmes indépendantes. Un métier simple et efficace. Et dangereux aussi.

Naina parle de la peur de tomber. De la peur des incendies. De la peur des serpents qui aiment la paille.
Maddhu ajoute, la peur des hommes qui boivent, le soir, qui vivent là aussi, loin du monde. Se rapprochant des chantiers de ces femmes actives, fortes et néanmoins fragiles.

La belle équipe

Chacune son rôle

Huit femmes d'action!

La vie parallèle

Tout le monde était très occupé à montrer ce que chacune sait faire. A expliquer depuis quand, comment, et autre pourquoi.

Et lui, il faisait sa vie en marge de cette excitation.

Un vieil homme veillant sur le champ de ricin, sur les trois vaches vivant ici sous l'arbre de la cour. Où il tire son lit de corde, dépliant son turban, le posant sur son visage et ignorant fissa le reste du monde. Plongé dans une sieste que ne tourmentent ni les rires des femmes ni leurs chants!
 

Eh bien, chantez maintenant!

Ça commence comme ça, en décortiquant les dattes : il y en a une qui lance un air que les autres reprennent illico!
Et ça se poursuit crescendo.
On enchaîne une chanson, une autre.
Babi Bahan et Maddhu Bahan sont les stars. Les plus jeunes en redemandent en dansant.

Chant des femmes de Matha Chhaj

Oubliés les cals, les gerçures, les disputes, la fatigue. Et quand les chants cessent les rires crépitent en écho.
Car enfin, entendre sa voix pour la première fois ne laisse jamais indifférent...

L'esprit d'équipe!

Un balai est fait de plusieurs branches!

Le dicton cher à Naina Bahan

Vive comme le vent!

Naina Bahan est un feu follet. Sans-doute une des plus jeunes de ce groupe de huit femmes couvreuses, habilleuses de toits dans le Kutch. 

Naina est vive, rapide, drôle et futée.
Elle m'appelle, dès que Souman se met en cuisine : "sound! sound!"
Ravie de me faire tout entendre.

Durant les interviews, quand tout le monde parle à la fois, elle donne des numéros et demande aux filles de dire leur nom avant de prendre la parole. Et tout ça avec ce sourire merveilleux qui ne la quitte pas.

Au bout d'une journée tout le monde l'appelle "l’assistante d'Anne". Alors, elle sourit.

Instantanés du monde

En savoir plus sur la région du Kutch, son architecture si particulière et la vie hors pair de ses femmes-artisans: