A 13 ans, Nadine* (le prénom a été modifié) fera sa rentrée en 4ème dans un nouvel établissement scolaire, demain, jeudi 16 août. Durant deux ans, elle a été victime de harcèlement dans son précédent collège dans le Sud de l'île.
Le reportage de Réunion La 1ère :
Un cauchemar en 6ème et en 5ème
"Je ne méritais pas ça, dit-elle en sanglots. J’aurais voulu que ça se passe mieux, mais ça s’est mal passé". Depuis la classe de 6ème, Nadine est victime d’harcèlement scolaire. Chaque jour, elle pleure en sortant de l’école, mais aussi avant de s’y rendre le matin.
"Ça venait surtout des filles, raconte Nadine. Il y avait aussi des messages sur les réseaux sociaux. Ils ont pris une photo de moi qu’ils ont publié en écrivant « BDH » dessus, ça veut dire « bouffeuse d'hommes »". Des filles s’en prennent à elle, la menacent.
Tout était fait pour m’isoler, pour que personne ne me parle.
Nadine
Changer de collège
Pour cette nouvelle année scolaire, Nadine va changer de collège. Sa maman veut mettre fin au cauchemar de sa fille. "J’aurais aimé que le harcèlement s’arrête, il y en a beaucoup trop dans les écoles, et ça mène parfois au suicide, reconnaît la jeune fille. Il faut que ça s’arrête et que les harceleurs soient punis".
Sa maman, Gloria* (le prénom a été modifié) a tenté de mettre fin à cette situation, sans succès. "L’éducation nationale nous dit que ce n’est pas la peine d’aller porter plainte, qu’on va régler ça entre nous, mais rien ne se fait", explique-t-elle.
Des notes en baisse et une scolarité en jeu
En lui changeant de collège, Gloria veut pour sa fille "une nouvelle vie" et "un cadre plus serein".
Sa scolarité est en jeu, elle a toujours eu de bonnes notes, mais elle n’a plus de force à aller à l’école, elle ne peut plus donner son maximum dans ces conditions.
GloriaLa maman de Nadine
Les notes de sa fille ont baissé passant de 15 à 11 dans certaines matières ces derniers mois.
Deux décrets pour la rentrée
Le ministre de l’Education national, Gabriel Attal, a pris deux décrets importants qui seront publiés demain, jeudi 17 août. Le premier va permettre de faire changer d'établissement les élèves harceleurs et non les victimes, les élèves harcelés. Le second texte permettra de prendre des sanctions à leur encontre en cas de cyberharcèlement d'élèves d'établissements différents, ce qui n'est pas possible actuellement.
Déplacer les harceleurs, "déplacer le problème"
Pour la maman de Nadine, déplacer les harceleurs, "c’est déplacer le problème". "C’est le mettre ailleurs pour qu’il refasse la même chose avec quelqu’un d’autre, assure Gloria.
Il faut les éduquer ces enfants-là, leur expliquer que ce qu’ils font ça fait mal. On doit leur apprendre à vivre en communauté à ces enfants.
GloriaMaman de Nadine
A l’approche de la rentrée, Nadine tente de reprendre confiance en elle. Elle est suivie par un psychologue. "A 13 ans, on est censé rêver de son futur métier, de ce que l’on veut faire plus tard", dit-elle. Des rêves bien éloignés de la réalité vécue par cette collégienne ces deux dernières années.