Plusieurs procureurs de France, parmi lesquels ceux de La Réunion, demandent davantage de moyens pour la lutte contre les violences intrafamiliales. Des moyens indispensables à une prise en charge adaptée, dont ont également besoin les associations.
Sur une proposition de la Conférence nationale des procureurs de la Républiques, plusieurs procureurs de France ont dénoncé lundi 7 juin, dans des communiqués, le manque de moyens pour lutter contre les violences intrafamiliales.
Les deux procureurs de la République de La Réunion en font partie. Ils lancent ainsi un appel pour souligner le manque de moyens, alors même qu’une pression est exercée sur les services d’enquête, sur les services de la justice, pour toujours faire mieux, explique Caroline Calbo, procureure de la République.
" On fait avec ce qu’on peut, sachez qu’il y a un vrai engagement de tous les parquets et de tous les procureurs de France, mais qu’effectivement on a besoin de moyens. "
Manque de moyens dédiés
47 circulaires sont sorties depuis janvier 2021, dont 10 en matière de violences conjugales depuis février 2020. Difficiles donc de mettre en œuvre toutes ces préconisations sans moyens dédiés supplémentaires tant pour les différents acteurs que pour les parquets, souligne le communiqué.
A La Réunion, il manque par exemple de juristes assistants pour de la coordination et des liens entre les différents signalements reçus. La procureure explique ainsi qu’une femme victime va aller voir plusieurs personnes différentes. Pour Caroline Calbo, il est aussi important de renforcer les services d’enquête.
Les enquêteurs spécialisés sont très investis dans les commissariats et gendarmeries, mais doivent être renforcés en nombre parce qu’actuellement ils s’épuisent sur des procédures longues, explique-t-elle. Selon la procureure, la formation au niveau des magistrats ou de la police et de la gendarmerie a évolué.
Le nombre de dossiers en augmentation
Les associations qui accompagnent au quotidien les femmes en détresse font le même constat. L’association Femmes Solidaires accueille de plus en plus de femmes maltraitées ou battues. D’ordinaire, elle traite une centaine de dossiesr par an, mais l’année dernière le chiffre a doublé. La structure a recensé 193 cas à elle seule.
Selon sa présidente, Odette Poncet, les plaintes qui arrivent devant la gendarmerie et la police amènent un travail énorme aux procureurs, alors dépassés par la quantité de travail.
Des moyens indispensables à la prise en charge
Bien souvent, le seul moyen pour ces femmes d’échapper à leur bourreau est de partir, mais où ? Abandonnées, parfois sans revenu, sans lieu d’hébergement fixe où se poser avec les enfants déscolarisés, elles reviennent souvent d’elles-mêmes chez leur bourreau faute de mieux.
Pour les associations, une prise en charge sur du long terme est indispensable, mais là aussi les moyens manquent. Elles réclament un centre dédié où ces femmes pourraient se reconstruire entourées de professionnels.
La Réunion serait dotée d’une quarantaine de téléphone pour les femmes en grand danger, selon l’association Femmes Solidaires, il en faudrait 3 fois plus. Elle estime que des psychologues manquent cruellement aussi pour accompagner les femmes violentées, les hommes agressifs et les enfants témoins de ces violences.
Vendredi prochain, un jeune homme comparaîtra pour avoir violenté sa mère. Il a eu comme modèle d’éducation son père violent.