Madagascar : les associations interdites d'actions auprès des sans-abris de Tana

La ville de Tananarive veut éradiquer les sans domicile fixe des rues. Pour les contraindre, à se rendre au centre d’accueil et d’hébergement provisoire d'Anosizato, la commune veut récupérer et gérer tous les dons qui leurs sont destinés. Un changement brutal de stratégie ! 
Les sans-abris de la capitale sont désormais obligés de rejoindre le centre d'hébergement d'Anosizato s'ils veulent obtenir des vêtements, une couverture ou à manger. La Commune Urbaine d'Antananarivo (CUA) vient de prendre la décision d'interdire les interventions des associations, qui tentent d'aider les SDF, directement dans les rues.

Le directeur des actions sociales et de la santé auprès de la CUA, Hajatiana Raharinandrasana, précise : "Les efforts de la commune et de ses partenaires de mettre en place un centre d’hébergement provisoire des sans-abris n’attendront pas les objectifs escomptés si on laisse libre cours aux interventions dans les rues", écrit Midi-Madagascar.
 

Rendre les SDF invisibles


Cette nouvelle politique de la ville au cœur de la capitale est inquiétante pour les plus démunis et les plus fragiles des citoyens de la Grande île. Cette stratégie a été maintes fois essayée dans toutes les mégalopoles des pays industrialisés. Des textes de la fin du dix-neuvieme siècle en font état. Plus tard, il a été question des constructions en béton pour empêcher les sans-abris de s'installer devant les banques ou les restaurants chics comme l'écrivait Cairn en 2016.

À la fin des années 80, les digicodes sont devenus à la mode. Ils interdisaient les entrées des immeubles aux clochards par temps de pluie ou l'hiver. Oublions le durcissement de la législation sur le vagabondage. 
 

Se réfugier dans un centre est dangereux 


Antananarivo, comme toutes les capitales des pays pauvres, est confrontée à la misère dans ses rues. Le temps passe, la pauvreté s'accroît ainsi que le nombre de SDF. 
Souvent, la sécurité ne peut pas être assurée dans les centres d'hébergement. Les victimes, dont la parole n'est pas prise en compte, retournent dans la rue, quand elles le peuvent.

Cette solution, qui semble si logique, est pourtant rarement choisie par les premiers concernés, ou juste pour une nuit. La promiscuité, le manque d'hygiène, l'odeur, l'alcool et la violence sont autant de motifs pour ne plus vouloir venir. La majorité des sans abris ont peur nous apprenait Libération en 2014
Espérons que l'action du CUA aura plus de succès, même si des décennies d'expérience dans le monde permettent d'émettre des doutes.