Madagascar : démantèlement de réseaux de domestiques vers les pays arabes

Les jeunes domestiques ont été rapatriées à Madagascar par l'Etat. Plusieurs dizaines de réseaux d'envois de jeunes femmes vers les pays du Golfe ont été démantelés. Pour la première fois, les autorités parlent ouvertement de traite humaine
Fin mars, le gouvernement malgache a rapatrié en urgence plus de 120 travailleuses domestiques maltraitées. Elles étaient employées au Koweït. Cet incident met en lumière le drame de cette traite humaine vers les pays du Golfe et d'Asie. En 2018, plus de 100 trafiquants ont été arrêtés à Madagascar.
Plusieurs centaines de personnes ont été interpellées en 2018 pour avoir participé à des réseaux d'envois de domestiques vers les pays de la péninsule arabique et d'Asie. 
Le 1er avril 2019, Andry Rajoelina, président de la République de Madagascar, recevait 40 des 120 domestiques malgaches rapatriées en urgence du Koweit, fin mars, grâce à son intervention auprès des autorités de ce pays. 
Les jeunes femmes, victimes de maltraitances avaient fui le domicile de leurs employeurs pour trouver refuge dans des ambassades de pays d'Afrique ou dans des commissariats.
 

Les victimes ont lancé un SOS depuis le Koweit


À l'abri de leurs tortionnaires, mais sans ressource et sans domicile, elles ont lancé un SOS à leurs familles. Un appel au secours qui a abouti à un retour au pays avec l'aide de l'Etat. 
Déjà en 2014 (Libération) et en 2018 (L'Express de Maurice), des jeunes femmes originaires de la Grande île, avaient dénoncé des abus similaires. Ces incidents d'une gravité extrême n'avaient pas eu la moindre incidence sur le trafic de jeunes femmes "bonnes à tout faire".
Elles ont témoigné de leur calvaire devant le président qui n'a pu masquer son émotion en entendant les récits des victimes.
 

99 % responsables de ces réseaux sont Malgaches


En 2018, la justice s'est attachée à cette lutte et des centaines de trafiquants attendent en prison d'être jugés. Yves Rémi Andrianirinarivelo, lors d'une interview accordée à lexpress.mg, le directeur des renseignements et du contrôle de l'immigration et de l'émigration (DRCIE), a parlé, pour la première fois, de traite humaine. 
Il a révélé que 99 % des personnes arrêtées dans les enquêtes en cours sont malgaches. Des Mauriciens et Saoudiens figurent parmi les prévenus, mais ils représentent 1 %.
 

Renforcement de la surveillance aux frontières 


Tous les jours, les gendarmes et les policiers interviennent dans la banlieue d'Antananarivo pour contrôler des potentiels réseaux. Le dernier a été démantelé la semaine dernière. Il était installé aux "67 ha", un quartier de Tananarive, et devait envoyer des femmes vers l'Arabie Saoudite et Oman. Trois suspects ont été interpellés. L'un d'eux tentait d'obtenir des passeports pour que les jeunes victimes puissent quitter le pays. 

Le directeur de la DRCIE a annoncé son intention de resserrer la surveillance concernant la délivrance des bons de sortie. Désormais, les autorités seront attentives aux destinations, mais également aux aéroports qui peuvent être de simples escales vers les pays du Golfe.

Les jeunes femmes ont été invitées au Palais par le président, Andry Rajoelina. Elles ont pu prendre la parole et témoigner devant le chef de l'Etat.