Madagascar : la Banque Mondiale interroge les Malgaches sur ses actions

La Banque Mondiale demande l'avis des citoyens malgaches sur la portée de ses aides financières. Le dictat du bailleur, a-t-il vécu ? Impossible de répondre de manière catégorique, mais pour la première fois, l'organisme installé à Washington demande son avis au destinataire des aides. 

Est-ce un bouleversement dans les relations entre la Banque Mondiale et les pays les plus pauvres de la planète ? Il est prudent d'attendre avant de répondre à cette interrogation. Depuis les années 2000, des rapports dénoncent l'interférence de l'établissement de crédit dans la gestion politique des pays pauvres. Fin 2008, les bailleurs de fonds (FMI et BM) avaient suspendu le versement des aides à la Grande île après l'intervention musclée de Marc Ravalomanana, alors président de la République. Lors de l'inauguration de l'école de la Magistrature, il avait déclaré devant le représentant de la Banque : "C'est nous qui dictons le choix des projets de développement à financer," rappelle L'Express de Madagascar.

Ce bras de fer avait abouti à son éviction du pouvoir, le 17 mars 2009. Un directoire militaire avait pris le pouvoir avant de remettre la présidence entre les mains d'Andry Rajoelina. Il était devenu le président de la Haute autorité de transition de Madagascar, ce jour-là, et l'était resté jusqu'au 25 janvier 2014.

Conflit sur le prix de l'électricité

 

Ces faits, déjà anciens, pourraient justifier cette démarche de la Banque Mondiale. Aujourd'hui, le président de la République Malgache est Andry Rajoelina. Il a été, démocratiquement élu en décembre 2018 et occupe le fauteuil depuis le 18 janvier 2019. Un nouveau bras de fer entacherait durablement l'image de l'organisme dans le monde. Des voix soulignent que cet organisme effectue des prêts bancaires qui doivent rapporter des dividendes à ses affiliés. Ce ne sont pas des dons.

C'est pour garantir un remboursement que la Banque Mondiale insiste parfois pour que des mesures, x ou y, soient prises afin de relancer la croissance. En début d'année, il a été longuement question de rehausser le prix de l'électricité. Le gouvernement s'est opposé à cette mesure. Ce "sondage"sur les choix et la volonté des citoyens, a-t-il pour but de répondre aux aspirations du peuple où est-il un moyen de pression pour que l'exécutif suive la ligne tracée par les économistes installés à Washington ? 

Impossible de répondre à cette interrogation, mais si la démarche est louable, il est aussi normal de s'interroger sur son objectif.