Jamais Madagascar n'avait été touché par tant de cyclones en si peu de temps. Cinq en un peu plus d'un mois !
La future dépression Ana a pris naissance à proximité de Toamasina, le 22 janvier. Elle est descendue vers Tananarive où elle a provoqué des inondations inimaginables. Des pluies diluviennes ont noyé les faubourgs de la capitale, puis sa proche banlieue. Ces précipitations, exceptionnelles, ont mis en évidence le manque de planifications des constructions et l'anarchie qui avait prévalu dans l'édification des remblais, précise 2424.mg.
Sans surprise, ce dossier est sur le bureau du nouveau ministre de l'Aménagement du territoire et des services fonciers. La tâche de Pierre Holder Ramaholimasy s'annonce titanesque. Il va devoir travailler de concert avec les mairies pour instaurer de nouvelles règles acceptées par la population.
De Batsiraï à Gombé
Batisrai restera longtemps dans les mémoires, ce cyclone tropical intense a menacé les Mascareignes avant d'aborder la côte Est-Sud-Est. Des rafales de vent de plus 200 km/h, des pluies dévastatrices. Les communes de Manakara et Manajary porteront longtemps les stigmates du météore.
Dix jours plus tard, la menace vient du Nord. Dumako est presque passé inaperçu sur la Grande île, mais à Sainte-Marie, les habitants ont vécu sous le déluge pendant 24 heures, le 15 février 2022.
Cet épisode est à peine terminé, arrive Emnati dans la nuit du 22 au 23 février 2022. Il frappe Manakara. Les dernières cases et toitures épargnées par Batsiraï s'envolent.
Enfin, ce 8 mars 2022, Gombé a traversé le Nord de Madagascar, déversant des hectolitres d'eau sur des terres déjà détrempées.
Une saison cyclonique exceptionnelle ?
Du 22 janvier au 8 mars 2022, cinq phénomènes tropicaux ont frappé Madagascar. Du jamais-vu depuis 25 ans. Cette année, avant les cyclones, la Grande île se battait contre la Covid, mais aussi contre le kéré. Cette famine est due à la sécheresse dramatique qui frappe le Sud depuis trois ans.
Ces averses auraient été les bienvenues, si elles n'étaient pas diluviennes. Les pluies cycloniques noient le Nord de l'île parce qu'elles tombent sur des sols déjà gorgés d'eau, mais quand elles se déversent sur des terres arides, elles emportent avec elles la couche arable comme le regrette sur la Croix-Rouge sur le site de Madagascar-Tribune : "Après deux ans de sécheresse extrême et de quasi-absence des récoltes, les populations sont exténuées. Dans un contexte où 80% des Malgaches dépendent d’activités agricoles, chaque événement climatique peut se transformer en tragédie humanitaire".