Madagascar : les gendarmes tirent dans la foule de manifestants, 11 morts et 18 blessés

Une enquête parlementaire a été demandée par le député du secteur pour avoir une lecture indépendante sur les événements du lundi 29 août 2022. Le bilan est de 11 morts et 18 blessés graves
Lundi 29 août 2022, les gendarmes malgaches ont ouvert le feu sur la foule, à Ikongo. Les manifestants étaient venus chercher l’homme suspecté d’avoir tué une femme pour enlever son enfant albinos. Les habitants du secteur voulaient se faire justice. Ils étaient très menaçants et ont tenté d'entrer dans la gendarmerie, selon les autorités.

Comment expliquer ou justifier une telle tragédie ? Dans de nombreux pays, les traditions ont la vie dure. Dans plusieurs régions de Madagascar, le code pénal, les tribunaux et plus globalement la justice "moderne" est un concept abstrait.


Lundi à Ikongo, localité du Sud-Est de la Grande île, les gendarmes malgaches ont fait usage de leurs armes et tiré dans la foule de manifestants venus devant la brigade locale.


Dès l’aube, les habitants du secteur avaient appris que les militaires avaient appréhendé l’homme suspecté du meurtre d’une femme et de l’enlèvement de l’enfant albinos de sa victime.
Le crime atroce et le kidnapping ont provoqué une colère incontrôlée des habitants du district. Des centaines, des milliers de personnes ont convergé vers la gendarmerie pour que le présumé coupable soit soumis à la "vindicte populaire" (NDLR : jugement traditionnel sans procès), nous apprend Midi-Madagascar.

Une foule menaçante

Les dahalo sont à l'origine de très nombreux drames dans cette région de Madagascar

En voyant l’afflux de civils de toutes les collines environnantes, l’officier a tenté d’entamer une discussion, nous apprend L’Express de Madagascar : "Les pourparlers sont restés vains. Des grenades lacrymogènes ont été lancées et des tirs de sommation effectués pour disperser la marée humaine, mais sans résultat. Lorsque les assaillants ont franchi les murs de la caserne, les militaires ont tiré", a expliqué le général de division Andry Rakotondrazaka.


Le député de la région, Brunel Razafitsiandraofa, a demandé une ouverture d’enquête parlementaire sur cette affaire.
La situation était calme, hier soir, écrit 2424.mg. Cependant, il est évident que cet incident va compliquer l’action des gendarmes dans les villes et villages, situés au Sud-Sud-Est de Fianarantsoa.


La Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) regrette cette terrible tragédie, mais souligne aussi : "Le droit à la vie est l’émanation des droits humains. Sa protection est une grandeur. La consécration de son respect est garantie par les lois en vigueur et c’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle Madagascar aboli la peine de mort en 2014. Les actes de vindicte populaire sont un fléau dévastateur qu’il convient de bannir des mentalités", écrit Seth Andriamarohasina, président du CNIDH.