Maurice : les alertes cycloniques en question suite à l'accident mortel du chauffeur de bus

Un quinquagénaire, qui se rendait à son travail en moto, est décédé, jeudi matin. L'alerte 4 avait été levée à 4h38, soit avant le lever du jour. Le motard a-t-il commis une erreur ? N'a-t-il pas vu l'obstacle ? Ce drame aurait-il été évité, si l'alerte avait été levé un peu plus tard ?

La question est sur toutes les lèvres. L'accident mortel de Ramjeet Gosto à Trou-aux-Biches, ce jeudi 3 février 2022, est-il une simple fatalité ? Ce matin, de nombreux observateurs s'interrogent. La levée de l'alerte IV à 4h38 était elle indispensable ? Sans cette décision, la victime ne serait jamais monté sur sa moto pour rejoindre son travail à Triolet.

Sur les photos prises de jour, l'obstacle est évident. L'arbre barre la chaussée, qui semble relativement droite. Cependant, au petit jour, cet "pied de bois" était-il si visible ? Il est permis d'en douter. La victime, âgée de 55 ans, chauffeur de bus expérimenté et apprécié pour son professionnalisme et sa gentillesse, connaissait parfaitement le trajet. Il peut avoir été victime d'inattention, mais on ne peut pas occulter l'heure matinale, qui est la conséquence de la décision de la levée de l'alerte IV alors qu'il faisait encore nuit. 

Une mort évitable ?

 

Des météorologues amateurs et des scientifiques se demandent pourquoi avoir levé l'alerte IV d'un seul coup, comme le confie à Défimédia, Vassen Kaupaymoothoo, ingénieur en environnement : "La météo aurait dû rétrograder l’alerte IV, graduellement. Lever une alerte après que le cyclone soit passé à son point le plus rapproché pour lui n’était pas la meilleure stratégie. L’objectif", dit-il, "aurait été de permettre aux autorités de s’assurer que les Mauriciens reprennent leurs activités en toute sécurité".

Un avocat pointe, lui, la responsabilité de l'employeur : "Il faut accorder un battement de quelques heures après la levée d’une alerte avant de reprendre le travail. Si la victime a pris la route c'est à la demande de son patron".

La veuve et le fils du chauffeur de bus ne se soucient pas des responsabilités. Ils pleurent un mari et un père avec qui ils discutaient, la veille d'une prochaine balade. 

Cette tragédie mauricienne, nous invite à la prudence à l'heure où les alertes viennent d'être levées à La Réunion.