Mauvaise campagne sucrière, letchis en difficulté, exportation d’ananas en baisse : les conséquences du dérèglement climatique à La Réunion

La campagne sucrière est la pire depuis 50 ans, la saison des letchis s’annonce mauvaise, les exportations d’ananas sont en berne. Le dérèglement climatique a déjà des conséquences à La Réunion. Entretien avec le président de la Chambre d'agriculture, Frédéric Vienne.

"On a des vergers quasiment vides avec un arbre fruitier sur dix qui ne produit plus" : chaque jour, le président de la Chambre d'agriculture de La Réunion, Frédéric Vienne, constate les conséquences du dérèglement climatiques à La Réunion. Il était l'invité de Réunion La 1ère ce jeudi 16 novembre.

Une mauvaise saison des letchis

Dernièrement, il a encore constaté qu’il n’y avait quasiment plus d’artichaut dans les hauts de Saint-Leu. Et puis pire encore, la saison des letchis s’annonce mauvaise en raison de la sécheresse et pas seulement.

"L’hiver a été tellement doux que la floraison n’a pas eu lieu, explique Frédéric Vienne. Les abeilles n’ont pas pu travailler, elles ont fécondé le peu de fleurs présentes. C’est pareil pour la mangue et le longani".

Baisse des exportations de fruits

L’an dernier, la saison des letchis était excellente, mais cette année, la production ne sera pas au rendez-vous. Résultat : il y aura moins d’exportation. "Et il faut savoir que sur les marchés dans d‘Hexagone, lorsque La Réunion est moins présente, d’autres pays prennent la place", assure le président de la Chambre d’Agriculture de La Réunion. C'est aussi le cas sur les ananas dont la production est en baisse et par conséquent les exportations.

"Adapter nos cultures"

Selon Frédéric Vienne, il va falloir "travailler pour adapter nos cultures au bouleversement climatique".

"Sur mon exploitation, j’ai des soucis de semences qui ne résistent plus d’une année sur l’autre, des semences péi qui ne repoussent plus, constate-t-il. La semence de pistache pei ne se conserve pas plus de six mois alors qu’avant c’était un an". Encore une fois, l’absence de froid cet hiver est l’explication, selon lui.

"On doit s’habituer à ce que les saisons soient décalées, il faut travailler sur d’autres variétés et aller voir ce qui se fait ailleurs", assure Frédéric Vienne.

La plus mauvaise campagne sucrière depuis 50 ans

En attendant, le dérèglement climatique a aussi eu des conséquences sur la campagne sucrière qui s’annonce la pire depuis 50 ans. Là encore la météo n’a pas été favorable à la canne cette année encore.

Regardez son interview sur Réunion La 1ère :

Une mauvaise campagne sucrière : interview du président de la chambre d'agriculture Frédéric Vienne

"Il y a aussi le découragement de la part des agriculteurs, le contexte se dégrade avec l’inflation, les petites exploitations sont déstabilisées, remarque Frédéric Vienne. Il y a également un manque de main d’œuvre, qui n’est pas nouveau, mais qui dure". Selon lui, il faut aller vers la mécanisation, et "faire évoluer l’agriculture réunionnaise".