Mémona Hintermann-Afféjee évoque le vivre-ensemble réunionnais : "il faut faire des efforts chaque jour"

Mémona Hintermann-Afféjee
La journaliste grand reporter réunionnaise Mémona Hintermann-Afféjee est à La Réunion cette semaine, et a notamment participé à la semaine de la Diversité au collège de Cambuston. Dans la matinale radio de Réunion La 1ère, elle livre son sentiment sur le vivre-ensemble réunionnais, qui mérite des efforts quotidiens, dit-elle.

De passage à La Réunion, la journaliste grand reporter réunionnaise Mémona Hintermann-Afféjee était l'invitée de Philippe Dornier dans la matinale radio de Réunion La 1ère. L'auteure de l'ouvrage "Une journaliste ne devrait pas dire ça", sorti en début d'année, s'est exprimée sur diverses thématiques, notamment liées au vivre-ensemble réunionnais. 

Mémona Hintermann-Afféjee était également invitée dans le JT de Réunion La 1ère ce jeudi soir. Ecouter son interview : 

Invitée plateau : Mémona Hintermann-Afféjee ©Réunion la 1ère

"Je dois rendre quelque chose" 

D'ailleurs, ces derniers jours, elle s'est rendue au collège de Cambuston à Saint-André pour échanger avec les jeunes dans le cadre de la Semaine de la Diversité. Une implication auprès de la jeunesse réunionnaise que Mémona Hintermann-Afféjee défend ainsi : "Je dois rendre quelque chose. Je ne peux pas continuer comme ça sans apporter mon petit grain de sel". 

L'apprentissage du français, "un passeport pour la vie"

 A plusieurs reprises, l'originaire du Tampon a rappelé l'importance de l'école dans l'éducation de la jeunesse, mais aussi dans la société. Elle encourage par ailleurs les parents à encourager leurs marmailles à persévérer en français. "Demandez aux enfants de faire un effort en français, (...) c'est un passeport pour la vie, parce que dès que vous sortirez de La Réunion, votre créole ne sera pas le même que celui d'autres endroits, même pas Maurice", explique-t-elle, revenant sur sa propre expérience de grand reporter que le métier a amenée à se rendre en Haïti parmi tant d'autres pays. 

"Cette langue française, c'est un trésor, c'est un plus, et on a de la chance d'avoir des écoles"

Mémona Hintermann-Afféjee, journaliste

"Si on n'est pas capables d'atteindre le niveau au-dessus, au lieu de décrocher ensuite, il vaut mieux acquérir les bases"  insiste Mémona Hintermann-Afféjee.

Donner un coup de main 

Aussi invite-t-elle l'ensemble des Réunionnais à accompagner les efforts de l'école. 

"Mi voudrais que la jeunesse i saisisse toutes ses chances. Parmi les Réunionnais, toute la diaspora, nout toute peut donne un petit coup de main, au lieu de dénigrer les enseignants. (...) Aide a zot, zot travay lé difficile" 

Mémona Hintermann-Afféjee

Refaçonner le vivre-ensemble réunionnais 

Parmi les autres mérites qu'elle attribue à l'école, celui d'avoir façonné notre vivre-ensemble réunionnais ces dernières décennies. Et c'est encore à l'école aujourd'hui de contribuer à refaçonner ce vivre-ensemble au gré des arrivées de nouvelles populations, fait-elle comprendre. 

"Grâce à l'école en particulier, nous avions élaboré depuis des dizaines d'années une sorte de code de conduite à la réunionnaise entre les chinois, zarab, bâtard zarab comme moin, malbar, kaf, etc... On s'est mis d'accord sur une manière de vivre à la réunionnaise (...), il y a une sorte de manière d'être. (...) Ceux qui arrivent de dehors, il faut qu'ils s'accoutument, qu'ils se mettent un peu au diapason, et c'est à l'école que tout ça aboutit. (...) C'est toute la communauté éducative qui est à la manoeuvre". 

Mémona Hintermann-Afféjee

Un vivre-ensemble en péril 

La journaliste reconnaît en outre que le vivre-ensemble réunionnais "est mis en péril", et qu'il est nécessaire aujourd'hui de faire des efforts au quotidien, que ce soit de la part de ceux qui sont là depuis longtemps, que de ceux qui arrivent.

"Je pense que si on veut amalgamer autour de ce modèle, ce laboratoire créole du vivre-ensemble, il faut faire des efforts chaque jour, nous, qui avons été là depuis des générations, et puis ceux qui arrivent. Ce n'est pas simple. Maintenant que la situation est là, il ne faut pas se voiler la face, c'est très compliqué pour les Réunionnais de se dire qu'il faut refaçonner les choses, remettre le modèle sur la table. Ce n'est pas simple, parce que les gens ne vivent pas tous de la même façon".

Mémona Hintermann-Afféjee

Enfin, Mémona Hintermann-Afféjee appelle l'Etat à faire "des gestes un peu plus grands" afin de consolider le lien social sur cette île qui est "un univers en soi". En tant que membre du CSA depuis 2013, elle n'oublie pas non plus de lancer un appel à la population en matière d'éducation aux médias : "Apprenez à vous méfier, il ne s'agit pas de faire du complotisme ou de suspecter chacun, mais adoptez un raisonnement critique"