Meurtre d’André Camalon : les accusés s’expliquent au deuxième jour de procès

La cour d'assises de Saint-Denis.
Le deuxième jour du procès du meurtre d’André Camalon s’est ouvert. L'homme de 77 ans est décédé à la suite d'un cambriolage qui avait mal tourné, en 2017. Ce jeudi 24 septembre, les trois accusés s’expliquent.
Jean-René Moulouma, Georges Loto et Sylvain Valentin sont jugés depuis mercredi 23 septembre, par la Cour d’Assises. Dans la nuit du 14 au 15 avril 2017, les trois hommes sont accusés d’avoir agressé André Camalon, un agriculteur de Sainte-Anne. Agé de 77 ans, le gramoune va y laisser la vie.

Ce jeudi 24 septembre, les trois accusés s’expliquent. Que s'est-il réellement passé cette nuit-là ? Le cambriolage a mal tourné. Georges Loto et Sylvain Valentin ont reconnu les faits et depuis ce matin ils chargent Jean-René Moulouma qui, lui, nie farouchement les faits.
 

"Un coup à un million d'euros"

Depuis son interpellation, Georges Loto a toujours reconnu les faits. Ce matin, il explique que Jean-René Moulouma lui avait parlé "d'un coup à faire à un million d'euros". Il aurait suivi sans poser plus de questions.

Le soir du 15 avril, Georges Loto avoue avoir eu "peur" et "ne voulait plus cambrioler la maison des Camalon" mais Moulouma aurait "menacé de le tuer s'il n'allait plus jusqu'au bout". Une fois sur place, Georges Loto raconte "avoir assisté à la violence de Jean-René Moulouma sur André Camalon". Selon lui, au moment où la victime a reconnu Jean-René Moulouma, ce dernier l’aurait "frappé au visage à coup de poings", puis "traîné sur le palier et pousser dans les escaliers".

Jean-René Moulouma aurait ensuite ramené la victime "sur son dos" et "attaché sur le lit". A ce moment-là, Georges Loto se serait rendu compte que l’agriculteur était décédé. Il aurait commencé un massage cardiaque sur André Camalon mais Jean-René Moulouma l'en aurait empêché.
Georges Loto et Sylvain Valentin reconnaissent les faits

Ce jeudi, devant la Cour d’Assises, Sylvain Valentin est lui aussi entendu. Il livre quasiment la même version que Georges Loto qui l’aurait approché le matin même du cambriolage pour les rejoindre. Il affirme ne pas avoir entendu ce qu'il se passait dans la chambre d'André Camalon car il se trouvait "dans la pièce d'à côté avec Yvette, la femme de la victime, pour la maîtriser".

Une fois le cambriolage terminé, les trois accusés seraient repartis chez Jean-René Moulouma, dans son temple, pour "distribuer l'argent". Pendant que Georges Loto dort, Sylvain Valentin et Jean-René Moulouma se seraient réparti le butin.
 

"Qui a fait quoi ce soir-là"

Devant la cour d’Assises, Georges Loto reconnaît que ce qu'il a fait est "grave". "Je regrette et je demande pardon à la famille", a-t-il dit ce matin en se tournant vers les proches d’André Camalon. Sylvain Valentin demande aussi "pardon à la famille Camalon". En regardant Jean-René Moulouma, il ajoute : "je demande à la personne qui a fait ça avec nous de dire la vérité pour que la famille sache qui a fait quoi ce soir-là".
 

Jean-René Moulouma affirme qu'il n'a jamais participé au cambriolage

Jean-René Moulouma a commencé à être entendu ce midi par la cour d’Assises. Il persiste à dire qu’il n’a jamais participé à ce cambriolage. Jean-René Moulouma affirme connaître Georges Loto depuis la prison il y a des années, mais il explique n’avoir jamais vu Sylvain Valentin avant aujourd'hui. Jean-René Moulouma confirme être allé chez les Camalon en février 2017 pour acheter des noix de coco. Il explique qu'il chassait des tangues sur leur terrain, mais qu’il ne fréquentait pas le couple.

Face aux nombreuses digressions dans son récit, la présidente du tribunal le recadre à plusieurs reprises. Elle lui reproche de parler de choses qui n'ont rien à voir avec les faits.

Jean-René Moulouma contredit aussi la version de son fils qui affirme avoir vu son père prendre un vêtement sombre le vendredi 14 avril au soir et un couteau qu'il aurait mis dans un sac. Pour lui, son fils s'est trompé de jour. "J'étais chez moi ce vendredi soir et toute ma famille le sait", affirme l’accusé. Selon lui, sa compagne et son fils ont subi "des pressions de la part des gendarmes pour leur déposition". A la question "pourquoi vous accusent-ils ?", Jean-René Moulouma répond "être quelqu’un de bon". "C’est pour cela qu’ils rejettent les péchés sur moi", dit –il. Il avoue qu'il savait que les époux Camalon avaient de l'argent, mais que "ça ne l'intéressait pas", parce qu'il travaille. Il se décrit comme un homme charitable qui a toujours rendu service, notamment à Georges Loto. Selon Jean-René Moulouma, Georges Loto et son camarade Sylvain Valentin se seraient "ligués contre lui". 
 

Verdict vendredi

D’après le psychologue qui s’est exprimé cet après-midi, Jean-René Moulouma est "un sujet instable sur le plan émotionnel et avec peu d'empathie". Son caractère est "affirmé et directif". "Clairement, il a une mentalité de meneur", assure le psychologue.

La cour d’Assises rendra son verdict, demain, vendredi.