Sur les 120 migrants sri-lankais arrivés par bateau samedi dernier à La Réunion, 104 hommes, femmes et enfants comparaissaient ce jeudi devant les Juges des Libertés et de la Détention. Les magistrats ont finalement rejeté la prolongation de leur placement en zone d’attente.
Lise Hourdel et Gaël Le Dantec •
Ils sont hébergés au gymnase de Duparc à Sainte-Marie depuis leur arrivée à La Réunion par bateau au large de Sainte-Rose. Un placement en zone d’attente administrative ordonné par un arrêté préfectoral, que leurs avocats ont décidé d’attaquer en déposant un "référé liberté".
Avanr-hier, mercredi 17 avril, le tribunal administratif s’est déclaré incompétent pour trancher sur la question. Aujourd’hui, tous se sont retrouvés devant les juges des Libertés et de la Détention. Retour sur une très longue journée d'audience au palais de justice de Champ-Fleuri:
Pour les services de la préfecture, il s’agissait d’obtenir une prolongation du maintien en zone d’attente afin de permettre à l’OFPRA, l'Office de Protection des Réfugiés et des Apatrides de poursuivre les entretiens des sri-lankais pour déterminer la recevabilité de leurs demandes d’asile.
Les avocats des migrants, 11 au total, considèrent que les conditions, dans lesquelles le premier tri a été réalisé par l'OFPRA, ne respectent pas les droits des demandeurs d'asile, qui par ailleurs n'auraient pas eu accès à un téléphone ou à un médecin contrairement à ce que prévoient les textes.
"Si vous nous donnez raison, vous refermez la porte de l’immigration à la Réunion car vous enverrez à la préfecture le message qu’elle doit être plus rigoureuse la prochaine fois».Maître Yannick Mardénalom
Lors de sa plaidoirie, Maitre Yannick Mardenalom n’a pas ménagé l’administration, démontrant que l’arrêté préfectoral qui avait institué la zone d’attente n’était pas légal.
Résultat: les 104 Sri Lankais encore retenus au gymnase de Duparc à Sainte-Marie hier sont libres. Ils doivent désormais faire auprès de la préfecture une demande d’asile en France, une procédure qui leur évitera d’être clandestins sans papier et qui obligera l’Etat à leur assurer un minimum de protection et à mettre en place un hébergement d’urgence.
En attendant d’être tous enregistrés à la préfecture, ces hommes, femmes et ces enfants vont devoir trouver de quoi se loger et se nourrir pendant quelques jours. Les associations humanitaires devraient se mobiliser pour assurer ce relais mais un afflux aussi important ne sera pas facile à gérer pour les associations, ni pour les services de l’Etat quand ils devront prendre le relais. La procédure suivra ensuite son cours jusqu’à l’obtention du statut de réfugié ou la reconduite à la frontière.