Pendant quelques jours, l'Outre-mer est privée de ministre dédié pour la représenter. A peine 36 jours après sa nomination, Yaël Braun-Pivet a en effet été officiellement démise de ses fonctions ce dimanche 26 juin et les fonctions de ministre des Outre-mer sont désormais exercées directement par la Première ministre Elisabeth Borne, sans doute jusqu'à l'annonce d'un "nouveau gouvernement d'action" d'ici le début du mois de juillet.
Et ce départ précipité de Yael Braun Pivet du gouvernement suscite de nombreuses réactions. Son très bref passage au ministère des outremers est sévèrement critiqué dans l'opposition.
Retrouvez ces réactions en vidéo sur Réunion La 1ère :
"L'Outre-mer n'est pas un lot de consolation"
Dans un communiqué, le député PS Philippe Naillet dit l'interpréter "comme un signe de mépris pour nos territoires". "Le message d’urgence sociale, économique et environnemental envoyé par les électeurs ultramarins lors des dernières élections présidentielles et législatives n’a toujours pas été entendu", estime le député réélu la semaine dernière, en évoquant pêle-mêle les effets de la crise sanitaire et du conflit en Ukraine sur l'économie réunionnaise mais aussi la crise des négociations pour la prochaine convention "canne-sucre".
Le mépris, c'est aussi le mot utilisé par la députée également réélue Karine Lebon (PLR). "C'est un mépris exercé par la Macronie à notre égard. Je l'avais déjà dit : le Ministère de l'Outremer n'est pas un lot de consolation. Nos réalités sont urgentes, nous demandons vraiment un rattrapage. Nous avons eu une ministre de pacotille pendant deux mois et j'ose espérer que le prochain remaniement nous montrera un ou une ministre des Outremers réellement attachée à nos territoires, ça nous changera !"
"L'Outre-mer ne l'intéressait pas !"
Même son de cloche du côté de Jean Hugues Ratenon, le député de la France insoumise. "Encore une fois, nous constatons que l'Outre-mer est une variable d'ajustements, réagit-il. Une ministre qui vient tout juste d'être nommée et qui abandonne son poste pour pouvoir postuler à la présidence de l'Assemblée nationale, ça veut dire que dès le début, elle savait qu'elle ne resterait pas là. L'Outremer ne l'intéressait pas et d'ailleurs est-ce que l'Outremer intéresse véritablement ce gouvernement ?".
Murielle Sisteron, candidate LR malheureuse des dernières législatives dans la 1ère circonscription, n'y voit pas, elle un manque de respect mais plutôt "un manque d'attachement pour les DOM". "Ca fait déjà trois gouvernements qu'on n'a plus de ministre des DOM. (...) On remarque une sorte de resserrement du ministère des Outre-mer et aussi une perte de pouvoir. Ils sont de moins indépendants et toujours rattachés à un plus gros ministère. Ca aussi, c'est important de le voir..."
"Un choix stratégique"
Murielle Sisteron y voit avant tout un choix stratégique : "Quand on connait les ministres sous Macron et le peu d'influence qu'ils ont finalement, on peut comprendre le choix de raison de Mme Braun-Pivet. Vais-je être un ministre marionnette dans un gouvernement qui promet d'être très instable ou est-ce que je prends un poste stable et d'envergure à l'Assemblée nationale ? Elle a fait un choix très stratégique, ambitieux d'ailleurs, et remarquable finalement", analyse-t-elle.
Yaëlle Braun-Pivet n'a effectivement jamais caché son ambition d'accéder à la présidence de l'Assemblée nationale et c'est finalement la défaite de Richard Ferrand dans son fief du Centre-Bretagne aux dernières élections législatives qui l'a remise en course pour ce poste.
Un poste qu'elle visait depuis 2018
"Madame Braun-Pivet était déjà candidate au perchoir en 2018", rappelle Serge Hoarau, maire de Petite-Île et président de l'Association des maires de La Réunion. Et elle s'était retirée pour laisser à Richard Ferrand le soin d'être le quatrième homme de la nation. Visiblement, elle nourrissait de nouveau cette ambition et aujourd'hui, elle se repositionne donc sur cette fonction".
Serge Hoarau explique le fait que le ministère soit temporairement "orphelin" n'a pas d'incidences. "Il n'y a pas eu de grand chamboulement au sein du ministère, le temps que Mme Braun-Pivet y était. Ces quinze prochains seront gérés directement par la Première ministre concernant les dossiers de l'Outre-mer et on espère tous qu'il y aura quelqu'un qui soit désigné et qui soit très investi".