Elle aura préféré la visibilité du perchoir de l'Assemblée nationale à la discrétion du ministère de la rue Oudinot. Yaël Braun-Pivet, ministre éphémère des Outre-mer, a été démise du gouvernement, a-t-on appris dans un décret paru au journal officiel ce dimanche 26 juin. "Il est mis fin aux fonctions de Mme Yaël Braun-Pivet" et "les fonctions de ministre des Outre-mer sont exercées par la Première ministre", stipule ce décret pris samedi par Emmanuel Macron sur proposition d'Elisabeth Borne.
L'éphémère ministre des Outre-mer est donnée favorite pour décrocher la présidence du Palais Bourbon, poste qu'elle lorgnait depuis plusieurs années.
Sa candidature à la présidence de l'Assemblée nationale - en remplacement de Richard Ferrand, sèchement battu lors des élections législatives -, a été vivement critiquée par l'opposition, Ultramarins en tête. La députée réunionnaise Karine Lebon (Pour La Réunion) a regretté que "le ministère des Outre-mer soit vu comme un lot de consolation". "Une fois de plus, ce gouvernement fait peu de cas de nos Outre-mer", a pour sa part critiqué Elie Califer, nouveau député socialiste de la Guadeloupe.
Un mois seulement au ministère
Celle qui est restée cinq ans présidente de la commission des Lois de l'Assemblée nationale pendant le premier quinquennat d'Emmanuel Macron avait pris ses fonctions avec émotion le 20 mai dernier, alors qu'elle n'avait jamais exercé de responsabilité ministérielle auparavant.
Sans redouter de procès en légitimité - "On vous fera sans doute cette remarque que l'on m'a faite quand je suis arrivée à ce ministère : vous n'êtes pas Ultramarine", l'avait prévenu Sébastien Lecornu, son prédécesseur -, elle s'était donnée pour objectif de réconcilier les territoires d'Outre-mer avec le pouvoir en place. Mais pendant un mois, elle s'est avant tout consacrée à sa campagne de réélection pour les législatives dans sa circonscription des Yvelines. Scrutin crucial, car elle y jouait sa place au gouvernement.
Pendant son passage au ministère des Outre-mer, Yaël Braun-Pivet s'est néanmoins rendue en Guadeloupe pour y commémorer l'abolition de l'esclavage, le 27 mai. Quelques jours auparavant, elle s'était engagée à ce qu'un mémorial des victimes de l'esclavage, promesse faite par Emmanuel Macron lors de son premier quinquennat, soit érigé avant la fin du mandat du président. Ce dernier a annoncé samedi qu'il refusait la démission d'Elisabeth Borne et qu'un "nouveau gouvernement d'action" serait formé "début juillet", avec, un ou une nouvelle ministre des Outre-mer.