Cette matinée de visite du Premier ministre François Bayrou et de cinq ministres à Mayotte laisse pour le moment les élus mahorais dans l'attente d'annonces. À l'usine de dessalement de Petite-Terre, au collège de Kawéni 2 et à l'hôpital de campagne à Cavani, les premières séquences de cette journée étaient consacrées au constat. "On attend le concret, et on jugera après", explique Madi Madi Souf, le maire de Pamandzi et président de l'association des maires de Mayotte. "La situation est vraiment catastrophique, il faut qu'il y ait des solutions. Il a écouté les techniciens, maintenant c'est à lui de porter les réponses qu'il faut."
Reconstruire à la hauteur des besoins
"Aujourd'hui, Mayotte manque de tout", renchérit le sénateur Saïd Omar Oili. "Il va falloir répondre rapidement à cette demande, satisfaire les besoins des gens. En dix jours, un Mahorais a reçu en moyenne seulement une bouteille d'eau. Il faut accélérer les choses." Si pour la députée Estelle Youssouffa il est important que le Premier ministre puisse constater sur place, "mieux vaut tard que jamais", elle doute de la prise de conscience du gouvernement.
"Il y avait déjà des problèmes structurels avant le cyclone, on était sous-équipés. Maintenant on a un tel niveau de destruction", explique la députée. "Pas sûr qu'ils aient pris la mesure de l'ampleur des dégâts et du travail qu'il va falloir fournir." Au-delà de la remise en service des services essentiels, elle appelle à "reconstruire Mayotte correctement, à hauteur de nos besoins, de manière cohérente et juste."
Interdire les bidonvilles
Pour le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila, "c'est l'heure de l'action." Son cheval de bataille est désormais l'interdiction des bidonvilles. "Je lui ai demandé de regarder là-bas", explique le maire de Mamoudzou en désignant les cases en tôle dans les hauteurs de Kawéni. "C'est un cimetière à ciel ouvert, et nous avons une responsabilité collective d'empêcher les gens de faire les mêmes erreurs." Selon l'édile, "il serait criminel de ne pas arrêter les gens, de laisser continuer les bidonvilles, car des cyclones on va en avoir d'autres." Symboliquement, la ville de Mamoudzou a pris une délibération pour demander au gouvernement d'interdire la construction de quartiers informels. Le Premier ministre, François Bayrou, a déjà marqué son scepticisme face à cette proposition.
Le plan "Mayotte debout"
Autre enjeu pour le maire du chef-lieu : "permettre aux enfants de revenir à l'école, même en mode dégradé." La municipalité a déjà prévu d'évacuer l'ensemble de ces centres d'hébergement d'urgence à compter du 1er janvier, notamment pour libérer les établissements scolaires qui ont subi des dégâts avec le cyclone et les pillages. "Nous demandons à ce que l'ensemble des forces puissent sécuriser matin, midi et soir la reconstruction, car sinon il y aura encore des pillages et ça n'aura servi à rien."
Des séries de rencontres sont prévues avec les forces de l'ordre, le milieu économique, agricole et les élus locaux. Le Premier ministre François Bayrou a déjà promis qu'il annoncerait d'ici la fin de la journée un plan baptisé "Mayotte debout" pour répondre à l'urgence et rebâtir le territoire d'ici deux ans.