La rentrée scolaire, qui était initialement prévue le lundi 13 janvier, sera un véritable défi à Mayotte : la grande majorité des établissements scolaires ont subi des dégâts, par le cyclone Chido ou les pillages, ou sont mobilisés comme centre d'hébergement d'urgence. Le personnel de l'Education national et les élèves sont toujours sinistrés ou injoignables. Le Premier ministre François Bayrou et cinq ministres, dont la ministre de l'Education nationale Elisabeth Borne, se sont rendus ce lundi 30 décembre au collège Kawéni 2, à Mamoudzou, pour constater ces difficultés.
"les cuves ont été dérobées"
Les deux établissements ont subi de lourds dégâts. "Tout ce qui a été fait avant le cyclone, il faut quasiment tout refaire", explique le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila. "Le mobilier, le matériel électronique, tout a été mis en pièces." Autre problème, le personnel. "60% de nos enseignants sont contractuels dans le second degré et 25% dans le premier degré", précise le recteur de Mayotte, Jacques Mikulovic. "On en a beaucoup moins en REP+, puisque nos enseignants titulaires sont attirés par le REP+ pour l'attractivité qui va avec."
Comme lors de la visite de l'usine de dessalement, la question de l'eau est revenue sur la table. "La moitié de nos établissements à Mayotte ne sont pas sur le chemin de l'eau, il y a des cuves qui font tampon, mais là, toutes les cuves ont été dérobées, il faudra recommander des cuves", explique le recteur au Premier ministre.
"Je suis crevé, je n'ai plus de maison, ni d'énergie"
"Aujourd'hui on nous annonce que les cours reprendraient, on aurait aimé, mais ça nous fait peur ce genre d'annonce. Les gens ont été choqués par ce message.", explique un personnel, mobilisé également dans une association, à la ministre de l'Education nationale, Elisabeth Borne. "Là où on va, on nous explique qu'on est les premiers à apporter de l'aide, ça fait 16 jours que le cyclone est passé." Il énumère également à la ministre les dégâts subis, notamment par les pillages. "On a ramassé nos affaires au milieu d'excréments de jeunes délinquants, ça aurait pu être évité." Il ajoute avec lassitude : "on est crevé, on a du mal à dormir, on ne se sent pas en sécurité la nuit, je n'ai plus de maison ni d'énergie, on n’a plus rien", se désole-t-il.
"On fait tout ce qu'on peut", assure le Premier ministre
Le Premier ministre échange avec un étudiant. "Je suis en diplôme universitaire cette année, auparavant j'ai fait du droit", explique le jeune homme de 22 ans. "J'espérais fêter mon anniversaire dans un cadre plus agréable, mais nous sommes debout", ajoute-t-il. "On fait vraiment tout ce qu'on peut, on va mobiliser des crédits, de l'argent, des entreprises, on va l'annoncer ce soir", lui répond François Bayrou. "On essaye de répondre dans l'urgence et après voir vers quoi on peut aller pour que Mayotte soit non seulement reconstruite, mais avec un plan pour l'avenir."