Naufrage du Wakashio à Maurice : la fuite d'huile lourde est arrêtée, la mobilisation ne faiblit pas

C’est une véritable course contre la montre qui a commencé jeudi dernier à l’Ile Maurice. Alors que des centaines de tonnes d’hydrocarbures se sont échappées du vraquier naufragé, la mobilisation des autorités et des citoyens se poursuit pour sauver le lagon et le littoral mauriciens.
15 jours après le naufrage du Wakashio, le 25 juillet dernier, les opérations de lutte contre la pollution maritime, due aux hydrocarbures s’échappant de la coque du navire, se poursuivent. Le Wakashio s’est échoué sur le récif mauricien à une centaine de mètres au large de la Pointe d’Esny, au Sud-Est de l’Ile Maurice.
 
Ce dimanche soir, le Premier ministre mauricien, Pravind Jugnauth, a déclaré qu'il n'y avait plus de fuite d'huile lourde provenant du réservoir fissuré du bateau. 510 tonnes ont pu être retirées et une partie de l'huile lourde a été transférée dans les 2 réservoirs encore intacts. On estime que près de 1 000 tonnes d’hydrocarbures se seraient échappées du Wakashio, sur les 4 000 tonnes que le navire contient. Selon les autorités, il resterait encore 2 500 tonnes à bord.
 


Les opérations de pompages sur le Wakashio sont désormais interrompues à cause du mauvais temps. La mer est trop agitée. Ellespourraient reprendre demain en fin de journée.
 

Extraire les hydrocarbures à bord du Wakashio


La priorité depuis samedi est d’extraire les hydrocarbures restants dans le navire. Hier soir, samedi, plus de 250 tonnes ont pu être récupérées. Ce dimanche les opérations de pompage se sont poursuivies sur le Wakashio, et ce malgré les conditions climatiques.

Il avait été annoncé que la météo se dégraderait au cours de la deuxième partie du week-end, au risque de compromettre l’opération de pompage des réservoirs du vraquier. Malgré cela, les équipes poursuivent les opérations. Un hélicoptère fait des allers retours entre la terre et le navire pour transporter du matériel et récupérer l’huile.
 
©lexpress.mu

Le stockage des hydrocarbures extraits est aussi une question à laquelle les autorités mauriciennes vont devoir répondre. Pour cela, elles ont demandé la collaboration des stations-services, mais la capacité totale de stockage des hydrocarbures pompés n’est pas assurée.

Hier, samedi 8 août, la France a répondu à la demande d’appui des autorités mauriciennes par l’envoi depuis la Réunion de moyens techniques et humains. Des experts et du matériel de lutte contre la pollution maritime ont ainsi été acheminés par le casa, un avion de transport militaire. Le bâtiment de la Marine nationale, Le Champlain, a également été mobilisé. Il est arrivé à Maurice ce dimanche matin, avec du matériel supplémentaire à son bord.  
 
 

Le navire pourrait se briser


La crainte que le Wakashio ne casse pourrait devenir bien réelle dans les prochaines heures. Le Premier ministre mauricien, Pravind Jugnauth, l’a encore exprimé hier, samedi. Ce dimanche matin, de nouvelles fissures sont apparues à l’intérieur du vraquier. En fin de journée, Pravind Jugnauth confirme que la fissure principale s’est agrandie.
Le 25 juillet dernier, le vraquier, appartenant à un armateur japonais et battant pavillon panaméen, s'est échoué sur les coraux de Pointe d’Esny. Le Wakashio était alors en transit, après avoir quitté le Nord-Est de la province de Jiangsu en Chine, le 4 juillet. Il devait arriver le 13 août au port de Tubarao, au Sud du Brésil.

12 jours après son naufrage, le jeudi 6 août, le ministère de l’Environnement mauricien annonçait la présence d’une brèche dans la coque, de ce navire long de 300 m sur 50 m de large. Une brèche dont s’écoulent désormais des tonnes d’huile lourde.

Les précisions de Delphine Poudroux.
Wakashio : l'origine de la catastrophe écologique ©Réunion la 1ère avec la MBC

L’opérateur du vraquier japonais Wakashio a présenté ses excuses ce dimanche 9 août pour la catastrophe écologique à laquelle Maurice doit faire face. Le Japon enverra une équipe de six personnes pour aider à récupérer les hydrocarbures qui se sont déversés.

 

Catastrophe environnementale


Ce dimanche matin, le vice-président de la République et le ministre de la Pêche mauriciens se sont exprimés. Ils ont ainsi entretenu les pires craintes pour le littoral Sud, et éventuellement le littoral Est, rapporte Finlay Salesse, correspondant à Maurice pour Réunion la 1ère. Les autorités craignent que les courants n’entraînent la masse d’hydrocarbures vers des régions, qui étaient considérées jusque-là comme sans risque. Toute la côte Est jusqu’au Nord, y compris l’Ile aux Cerfs, sont désormais menacées.
 
La Wakashio s’est échoué à proximité de la Pointe d’Esny, au Sud-Est de l’Ile Maurice. La zone humide est classifiée Ramsar en 2012, tout comme le parc marin de Blue Bay, en 2008, situé à proximité. Ces sites bénéficient ainsi de mesures de conservation et de protection particulières.

Pour les écologistes, il s’agit d’un désastre écologique. Les mangroves sont engluées, la faune et la flore de ces écosystèmes spécifiques sont impactées.
   
L’état d’urgence environnemental a été décrété par le Premier ministre mauricien.

 

Les volontaires s’activent par milliers


Face à la situation, les Mauriciens se mobilisent en masse. Ce dimanche encore, ils ont été des milliers à affluer sur la côte Sud-Est de l’île pour se porter volontaires afin de lutter contre cette pollution maritime. Des points de confections de " boom ", des boudins de paille, sont installés sur plusieurs sites.
Une fois confectionnés, ces booms sont placés en mer, à proximité du rivage, là où les vagues sont les moins fortes, pour contenir les hydrocarbures et tenter de protéger le littoral. 
Des volontaires qui s’inscrivent dans le cadre de l’appel lancé par le ministère de l’Environnement. Ce dernier coordonne désormais les actions de lutte, après que des centaines de citoyens aient répondu aux appels d’associations, mettant parfois leur santé en danger.
Certains restent cependant prêts, parfois sans protection, à braver les interdictions du gouvernement.