Pêche aux bichiques : une saison décevante

En octobre c’est la saison de la pêche aux bichiques à la Rivière du Mât.
Après six mois de pêche réglementée, la saison des bichiques s'est achevée ce jeudi 29 février. Une fois de plus, nout caviar péi n'a pas été au rendez-vous cette année. Les alevins se font de plus en plus rares. Les pêcheurs font grise mine et demandent de l'aide à l'Etat pour compenser les pertes.

Terminé le cari bichiques frais sur les tables. Démarrée en septembre dernier, la saison de pêche du petite alevin a pris fin ce jeudi 29 février. L'heure est donc au bilan et il est loin d'être réjouissant. 

Une centaine de kilos tout au plus 

Les années se suivent et les bichiques ne cessent de se raréfier dans les eaux réunionnaises. Pour Jean-Jacques Casimir, pêcheur professionnel, ces six mois de pêche n'ont pas été à la hauteur de ses espérances. 

"On a eu peut-être une centaine de kilos au mois d'octobre. Et depuis le début de l'année, on a dû avoir une vingtaine de kilos. C'est maigre !" déplore-t-il.

Difficile de remplir les vouves également pour Marceau Maillot, pêcheur de bichiques à Saint-André. "Bilan négatif! La pêche est plus maigre que l'année dernière. Mwin la pêche 150 kilos cette saison. L'année dernière té 30 à 40 kilos de plus".

Moins de bichiques et à la moindre montée des alevins dans les embouchures, les prix s'envolent. "Il n'était pas rare de trouver le caviar péi à 120 euros le kilo. Mais nous, à la rivière du Mât, on ne vendait pas à ce prix. On vendait plutôt à 80-90 euros le kilo. Vaut mieux ne pas regarder sur les étalages, ça donne des frissons" plaisante Jean-Jaqcues.

La rareté des alevins péi inquiète

Ce Saint-Andréen pêche à la Rivière du Mât les bas depuis une vingtaine d’années. Il est aujourd’hui nostalgique du tan lontan. 

"Avant on marchait dans l'eau, les bichiques c'était jusqu'aux genoux. Tout le monde était servi. On plaçait notre pêche sur des feuilles en tôle, il y avait des très grosses quantités. Ce n'est plus le cas aujourd'hui". 

La rareté des bichiques s’explique selon ce professionnel, par plusieurs facteurs. "Les gens aujourd'hui mettent beaucoup de produits dans la rivière. Et en tant que professionnels, nous sommes obligés d'avoir des cartes mais beaucoup de personnes ne respectent pas la réglementation et notamment les distances nécessaires pour pêcher".  

Une demande d'aide exceptionnelle

Pourtant la préservation de l'alevin et le renouvellement de l'espèce passent par cette réglementation en vigueur, depuis decémbre 2021.

Une réglementation que le président de l’association des pêcheurs professionnels pour la valorisation des bichiques souhaite conserver. "Il faut rester sur six mois de pêche parce que si ça continue on va devoir durcir et passer à quatre mois uniquement. Il faut protéger les bichiques pour les prochaines générations".  

En attendant, pour compenser les pertes de cette saison, l’association compte réunir tous ses membres et demander une aide exceptionnelle à l'Etat.