Les organisateurs du collectif Réunion Palestine ne s'attendaient pas, eux-mêmes, à une telle décision du tribunal administratif de Saint-Denis.
Hier, samedi 28 octobre, le juge des référés a pourtant bel et bien suspendu l’arrêté préfectoral interdisant la tenue de la manifestation de soutien aux Palestiniens au Port. Le rassemblement devrait donc bien se tenir sur la place des Cheminots, à 14h30.
Les arguments de la préfecture balayés
Pour justifier de l'interdiction, le préfet de La Réunion Jérôme Filippini avait argué du risque de trouble grave à l'ordre public, et notamment d'apologie du terrorisme et d'incitation à la haine envers les personnes de confession juive.
Le secrétaire général de la préfecture a notamment insisté sur le fait que "l’emploi du terme génocide attisait la haine" avait été employé par le collectif. Le haut fonctionnaire a même produit une photo d'un tag antisémite sur les murs d'une salle de cinéma. Une "preuve" jugée insuffisante.
Pas de preuves suffisantes
Le magistrat du tribunal administratif a en effet estimé que la crainte de potentiels débordements n’était pas étayée, et qu'à La Réunion, le contexte n’était pas du tout le même qu'à Paris par exemple.
A noter en effet que dans la capitale, le juge saisi a, lui, validé l'interdiction de manifester prononcée par la préfecture de police de Paris, "au regard notamment du contexte de tensions exacerbées liées au conflit israélo-palestinien et des conditions de déroulement de cette manifestation".
Le collectif Réunion-Palestine : "Nous ne soutenons pas le Hamas"
"En aucun cas nous ne soutenons le Hamas, et même l’ONU a employé le terme de crime contre l’humanité", a pour sa part réagit Daniella Maillot, la porte-parole du collectif Réunion Palestine interpellée sur l'usage du terme de génocide dans la demande d'autorisation formulée à la préfecture.
Younous Karjania, l'avocat du collectif a par ailleurs défendu que l’argument du manque d’effectifs chez les force de l’ordre ne tenait pas non plus. Alors ce dimanche, la préfecture devra donc bien encadrer la manifestation.
D'autres manifestations organisées auparavant
C'est loin d'être la première manifestation réunionnaise relative au conflit israëlo-palestinien. En mai 2021, par exemple, entre 100 et 200 personnes s'étaient rassemblées sous les fenêtres de la préfecture de Saint-Denis après la fin d'une série de bombardements particulièrement violents à Gaza.
En août 2014, des centaines de personnes avaient également manifesté en soutien à la Palestine sur le parvis des Droits de l'Homme à Champ-Fleuri, pour dénoncer "des crimes de guerre".