Obésité : à 50 ans et 145 kilos, Pierre a eu le "déclic" d'entamer un parcours de soins en clinique

"Aujourd'hui je me sens très bien, physiquement et dans la tête, même si j'ai encore du poids à perdre" sourit Pierre Philippe. Il y a un mois, il achevait son parcours de soins en rééducation nutritionnelle à la clinique Omega du Port. Pendant quatre semaines, ce quinquagénaire s'y est mis en quête d'un nouveau souffle, las de sa situation. 

Car Pierre, de son propre aveu, "vient de loin". 

"Je me suis laissé aller" 

"Je n'ai pas toujours eu cette corpulence", dit-il aujourd'hui. En l'espace de 15 ans, il explique avoir atteint les 90, puis 120, puis 125, 135 kilos... "On arrive à 145 kilos sans s'en rendre compte". Plusieurs causes à cela, selon Pierre, dont la "gourmandise" et "le fait d'avoir des enfants". 

"Je me suis laissé aller, et après on n'a plus envie de faire d'efforts" 

Pierre Philippe, patient de la clinique de rééducation nutritionnelle

"A un moment donné on se dit stop"

C'est à l'âge de 50 ans récemment, que Pierre Philippe a finalement le déclic, las d'assister à cette prise de poids. C'était "maintenant ou jamais, glisse-t-il. A un moment donné on se dit stop, il faut faire machine arrière. On a des enfants qui sont ados et qu'on a envie de voir grandir. Il faut écouter son corps".

En situation d'obésité, les indicateurs de son hypertension, de son diabète, et de son apnée du sommeil flirtaient avec les limites à ne pas franchir.  "Quand tout est limite à un moment donné faut dire stop", lâche-t-il.

Le témoignage de Pierre Philippe, sur Réunion La 1ère :

Scanner DEXA 

Du jour au lendemain, l'homme se rend chez son médecin traitant avec la ferme intention de prendre sa santé en main. Il en repart avec une ordonnance pour la clinique Omega, habilitée à traiter l'obésité. 

A son admission, un des examens achève de lui faire prendre conscience de la nécessité de changer ses habitudes : l'examen de sa composition corporelle par scanner DEXA, qui révèle sa part de masse graisseuse et de masse musculaire. "Ça m'a fait un déclic supplémentaire" se souvient Pierre Philippe. 

Rééducation à l'alimentation

Il est alors prêt à s'engager dans un parcours de soins de quatre semaines, avec hospitalisation sur place, et les divers ateliers nécessaires à sa nouvelle vie. Réapprendre à manger correctement fait partie des fondamentaux enseignés lors des ateliers. Notamment manger sans se priver sur la quantité, mais de façon équilibrée et jusqu'à satiété, pas au-delà. 

"Il faut manger un peu de tout en même temps, et pas la viande, puis les féculents, et ensuite les légumes éventuellement. Quand on vient ici, ce n'est pas pour faire un régime, mais une rééducation à l'alimentation"

Pierre Philippe, patient de la clinique Omega

Ateliers de diététique

Le parcours patient au sein de la clinique ne se résume pas à de la diététique, même s'il s'agit d'un de ses aspects essentiels. Les ateliers individuels permettent de "réaliser ses propres habitudes", et des ateliers collectifs de cuisine thérapeutique aprennent à cuisiner, surtout les produits frais, précise le Dr Delphine Poussin, directrice de l'information médicale à la clinique Omega. 

Activité physique adaptée

Ici, les patients ne s'adonnent pas au "sport", mais à de "l'activité physique adaptée" à l'état de chacun, avec le soutien d'ergothérapeutes et de kinésithérapeutes, souligne le médecin. Le tout complété par des entretiens avec le psychologue tout au long du séjour. "Le suivi de groupe fait qu'il y a une émulation positive des patients", souligne le Dr Poussin. 

Un suivi pendant plusieurs mois

Un mois après sa sortie du parcours, Pierre Philippe est aujourd'hui de retour pour un bilan de suivi. Un autre aura lieu dans trois mois, puis à nouveau dans six mois, afin de s'assurer que les bonnes habitudes sont restées. 

Gérer le retour à la maison

Car comme l'admet le quinquagénaire, le retour à la vie normale à la maison est un virage sensible. "Il faut tout de suite se remettre dans le bain, réapprendre les gestes, les intégrer à la maison, les faire accepter à la famille...", dit Pierre. Et ne pas relâcher ses efforts au niveau de l'activité physique.

A la salle de sport tous les jours

Le virage semble à peu près réussi pour lui. "Dès que je suis sorti je me suis inscrit à la salle de sport, et j'y vais quasiment tous les jours", se félicite-t-il. Poursuivant : "J'ai changé d'alimentation, je mange de tout, je me fais plaisir. Il ne faut pas oublier cette notion de plaisir. Et je mange en quantité, ce ne sont pas des petites portions". En quantité, mais mieux. 

10 kilos et une taille de moins

Les résultats l'encouragent de toute façon dans sa démarche. "Au niveau des articulations et de la digestion ça commence à mieux fonctionner", se réjouit Pierre, délesté de 10 kilos et d'une taille de vêtements. 

"La silouhette change beaucoup, et le mental aussi",

Pierre Philippe, patient de la clinique Omega

"Ce patient a vraiment bien progressé"

Pour ce bilan un mois après avoir quitté la clinique, la professionnelle qui le reçoit est ravie de se retrouver face à un patient qui a réussi à intégrer les bons réflexes appris à son quotidien.

Notamment être à l'écoute de son corps et de ses sensations pour savoir s'arrêter quand on n'a plus faim, bien mastiquer, boire suffisamment, diminuer les apports de protéines animales, mettre autant de légumes que de féculents... "Ce patient a vraiment bien progressé en un mois. Ca me fait plaisir de le voir et de constater le changement physique et de comportement", sourit-elle. 

Ajoutant : "On travaille plus pour modifier le comportement alimentaire que pour donner un régime. Il s'agit de reconnecter le patient à ses sensations alimentaires, lui apprendre à ressentir la faim et la satiété, à manger en pleine conscience sans les écrans ou pollution extérieure." 

900 patients par an 

Comme Pierre Philippe, plus de 900 patients - dont 80% pour des situations d'obésité - franchissent chaque année les portes de la clinique Omega, spécialisée dans la nutrition. "Depuis l'année dernière, c'est le seul centre de soins médicaux de réadaptation de La Réunion à bénéficier de la reconnaissance d'activité d'expertise pour l'obésité complexe", s'enorgueillit la directrice de l'information médicale, le Dr Poussin. 

Obésité complexe ? 

Par obésité complexe, comprenez la surcharge pondérale, associée à toutes les pathologies que sont le diabète, l'hypertension artérielle, les maladies cardiaques, l'insuffisance rénale, ou autres répercussions sur le quotidien. D'où la nécessité d'une prise en charge globale des patients, "qui permet de prendre conscience de ses faiblesses et de ses méconnaissances, pour vivre avec son obésité en essayant de la faire diminuer", considère le Dr Delphine Poussin.

Les précisions du Dr Delphine Poussin, directrice de l'information médicale à la clinique Omega, sur Réunion La 1ère :

Pour bénéficier d'une prise en charge au sein de cette clinique de réadaptation nutritionnelle, les personnes en obésité ou en surpoids peuvent s'adresser directement à la clinique Omega, ou à leur médecin traitant, ou n'importe quel médecin hospitalier.