Quatre marins malgaches en justice contre leur armateur réunionnais

En juin 2018, quatre marins malgaches avaient porté plainte contre leur employeur, la société Enez, notamment pour traite d’êtres humains et mise en danger de la vie d’autrui. Ils étaient entendus hier par un juge d’instruction.
 

Les quatre marins malgaches sont désespérés depuis qu’ils ont déposé plainte contre leur employeur indique leur avocat. Les conséquences ont été immédiates : rupture abusive de contrat pour certains, des contrats non renouvelés pour les autres selon maître Joseph Braham. Des marins malgaches désormais « black-listés » qui ne peuvent plus effectuer leur travail à La Réunion précise l’avocat des défendus.

Enez, leur ancien employeur, basé à La Réunion, est spécialisé dans la pêche, la transformation et distribution de produits issus de la pêche. Les marins le poursuivent notamment pour traite d’êtres humains, mise en danger de la vie d’autrui, conditions de travail indignes et conditions d'hébergement indignes.

Une forme d’esclavagisme moderne


Selon leurs déclarations, ces marins pouvaient travailler durant 24 heures d’affilées sur le bateau de pêche. Leur lieu de vie sur le navire grouillait de rats et de cafards. Il n’y avait pas d’eau courante ni de frigo à bord indique leur avocat, maître Joseph Braham.


Les conditions salariales semblaient également ne pas être respectées. Selon maître Braham, les conventions de l’OIT, l’Organisation Internationale du Travail, prévoient 600 dollars par mois, hors prime, pour un marin qualifié, là certains marins déclarent avoir touché 320 euros « le meilleur mois », primes inclus.

Les quatre marins, désormais en précarité professionnelle, se battent pour que la société Enez soit lourdement sanctionnée afin de mettre un terme à de telles pratiques. Ils attendent également réparation pour leurs préjudices moral, physique et financier.

Ils ont été entendus hier par un juge d'instruction. Une procédure a été ouverte. Leur ancien employeur devrait être bientôt convoqué.

Le reportage de Sufati Toumbou-Dany et Laurent Figon:

©reunion