La transaction est estimée à 219 millions d'euros. L'Autorité de la Concurrence a toutefois émis des conditions à ce rachat pour éviter tout monopole du groupe Groupe Bernard Hayot.
Une décision regrettable pour les groupes Caillé et Leclerc
Le Président Directeur Général du groupe Caillé, François Caillé, se dit "surpris de cette décision notamment au regard des analyses et rendus des experts économiques mandatés dans ce dossier."
Selon lui, "cette décision est regrettable car elle va à l’encontre des intérêts de l’économie réunionnaise et des promesses faites par le Gouvernement en matière de contrôle des monopoles."
Le président de l'enseigne E. Leclerc Réunion, Pascal Thiaw Kine, lui, "considère cette décision préjudiciable et prise précipitamment dans un contexte qui aurait mérité un examen approfondi."
À son sens, "elle n'est pas en congruence avec les engagements pris par le gouvernement en matière de contrôle des concentrations. (...) par cette décision, l'intérêt des consommateurs n'apparaît pas considéré."
Réactions des politiques
La vente du groupe réunionnais au groupe martiniquais inquiète les politiques réunionnais.Dans un communiqué, Jean Hugues Ratenon est vindicatif à l'encontre de cette annonce : « Indéniablement, ce bizness entrainera par la suite une situation de monopole dans le domaine de la grande distribution et renforce dès à présent le monopole économique. »
Sur son compte Facebook, le député de la France Insoumise a aussi partagé une pétition contre ce rachat, destinée à Emmanuel Macron.
Elle aussi dans un communiqué, Ericka Bareigts considère que « c'est une mauvaise nouvelle pour La Réunion » et que « notre territoire perd le contrôle sur la destinée de son économie ». Elle regrette également « d’année en année le recul de l’actionnariat majoritaire réunionnais dans la majeure partie des grands secteurs économiques. »
Toujours par communiqué, David Lorion, lui aussi député de la Réunion, exige que les conditions de cet achat soient respectées : "Alors qu’il s’agit de la plus grosse opération de fusion-acquisition en outre-mer, il convient de prendre des garanties pour imposer une situation concurrentielle dans les grandes surfaces alimentaires à La Réunion. Nous devons être capables de faire respecter ces obligations liées à l'autorisation de rachat."
Huguette Bello, elle, estime qu'il y a "aucun engagement social, territorial, environnemental et de santé publique" et que "c'est une mauvaise décision à plusieurs titres : elle intervient dans un contexte de crise économique et sociale extrêmement grave liée à la crise sanitaire. Elle touche en premier les employés, les acteurs économiques et assure une position dominante sur le portefeuille des Réunionnais et sur l’économie réunionnaise."
L’Autorité de la Concurrence veut rassurer
Isabelle de Silva, présidente de l’Autorité de la Concurrence tente de rassurer. Sur Réunion La 1ère , elle explique que « les conditions posées sont strictes ». « Elles permettent d’assurer qu’il n’y aura pas de monopole, ni de position dominante qui puisse nuire à la concurrence, assure Isabelle de Silva. Nous avons fait un travail très fin pour s’assurer que le consommateur aura toujours des alternatives ».
La présidente de l’Autorité de la Concurrence ajoute également qu’il y aura des rapports d’un mandataire « pour s’assurer que ces engagements sont respectés ». « Nous avons agréé les repreneurs avant même l’autorisation, c’est une garantie supplémentaire, assure Isabelle de Silva. Nous avons vérifié qu’ils étaient aptes à assurer une concurrence suffisante dès demain et dans les mois qui viennent ». Selon elle, cette opération permet « aussi de préserver les emplois réunionnais ».
Ecoutez Isabelle de Silva, présidente de l’Autorité de la Concurrence, interrogée par Hermione Razafinarivo :
Isabelle de Silva, présidente de l'Autorité de la Concurrence