Rapport Sauvé sur les abus sexuel dans l’Eglise : l’évêque de La Réunion demande une nouvelle fois "pardon" aux victimes

Monseigneur Aubry, évêque de La Réunion.
En France, 330 000 personnes ont été victimes de pédophilie au sein de l'Eglise en 70 ans. Une "effroyable réalité" rendue public, mardi 5 octobre, dans le rapport Sauvé. L’évêque de La Réunion demande une nouvelle fois "pardon" aux victimes.

Une "effroyable réalité" a été rendue publique, mardi 5 octobre, dans le rapport Sauvé. En France, 330 000 personnes ont été victimes de pédophilie au sein de l'Eglise en 70 ans, selon la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise catholique (Ciase), dirigée par Jean-Marc Sauvé. Les résultats de ce rapport qui avait été commandé par l’Eglise fait également réagir à La Réunion.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

Le rapport Sauvé sur les violences sexuelles au sein de l'Eglise catholique a fait l'effet d'une bombe

Entre 2 900 et 3 200 pédocriminels identifiés

Les agresseurs sont des curés, des laïcs enseignants, ou encore des animateurs dans les camps de scouts. Entre 2 900 et 3 200 pédocriminels ont été identifiés par cette commission indépendante qui a enquêté pendant plus de deux ans.

Sept affaires à La Réunion

"Je n’ai pas attendu ce rapport, plusieurs fois, j’ai demandé « pardon », rappelle Monseigneur Gilbert Aubry, évêque de La Réunion. Les victimes, je vous demande encore « pardon ». Nous nous engageons à faire tout ce qu’il faut, tout notre possible pour que la personne humaine soit respectée". L’évêque de La Réunion rappelle que des campagnes de lutte contre la pédophilie sont menées par l’Eglise dans l’île depuis 2010.

Regardez l’interview de Monseigneur Gilbert Aubry, évêque de La Réunion :  

Invité : Mgr Gilbert Aubry, évêque de La Réunion

Il y aurait eu sept affaires de violences sexuelles révélées dans notre département. Plusieurs prêtres ont déjà été condamnés pour des agressions sexuelles ou viols sur mineurs et paroissiens.

Ibrahim, Tual, Hoarau

Le dernier scandale en date, au sein de l'Eglise à La Réunion, remonte à février 2017. Le Père Ibrahim, curé de la Plaine des Palmistes, était mis en examen pour agressions sexuelles, viols répétés sur deux de ses paroissiens. Les victimes étaient une dame qui assistait régulièrement aux messes et son fils. L'homme d'Eglise aurait reconnu les faits et attend maintenant son procès.

En 2013, le Père Tual, ancien curé de Bras-Panon, est condamné à cinq ans de prison, pour des faits d’agression sexuelle sur une dizaine de jeunes paroissiens. Il avait aussi officié à la paroisse de Sainte-Rose dans les années 90. L’affaire avait éclaté grâce au témoignage et à la plainte en 2009, en métropole, d’un jeune Réunionnais de 25 ans. Les gendarmes découvriront des vidéos à caractère pédo-pornographiques à son domicile.

En 2012, le père Jacky Hoarau était condamné à huit ans de prison. L’ancien curé de la paroisse de Sainte-Marie a été reconnu coupable de viols et agressions sexuelles commis entre 2008 et 2009 sur un enfant de chœur alors âgé de 14 ans.

Rappel des faits dans ce reportage de Réunion La 1ère:

L'église réunionnaise et ses affaires de Pédophilie

D’autres victimes à La Réunion ?

La commission du rapport Sauvé appelle maintenant l'Eglise à apporter une réparation financière à toutes les victimes. Le Pape François a exprimé son "immense chagrin", l'Episcopat demande pardon et exprime sa honte et son effroi.

D'autres affaires pourraient être révélées dans notre île parce que "la parole ne s'est pas suffisamment libérée Outre-mer", a dit Jean-Marc Sauvé, à l'origine du rapport.

Regardez le reportage de La 1ère :

La pédophilie au sein de l'église en outre-mer

 

Une difficile libération de la parole ?

De nombreuses auditions ont eu lieu, mais seules six réponses à l’enquête de victimologie viennent des Outre-mer. "Ces territoires sont christianisés, l'empreinte de l'Eglise Catholique y est forte, remarque Jean-Marc Sauvé. Soit il y a eu moins d'abus sexuels, soit notre appel à témoignages n'a pas été entendu. On est peut-être dans un contexte où la parole ne s'est pas suffisamment libérée Outre-mer".

Pour Monseigneur Gilbert Aubry, "la parole circule à La Réunion, elle est libre, ceux qui voulaient aurait pu répondre à l’appel à témoignage lancé". Il invite une nouvelle fois les victimes à porter plainte. "Si les victimes ne le font pas, c’est à l’Eglise de faire un signalement", ajoute-t-il.

Une adresse mail

Pour le Père Sébastien Vaast, fondateur de l’Eglise 2.0 à La Réunion, "l’appel aux témoignages a bien été entendu, mais la Ciase ne s’est pas déplacée dans l’île en raison du covid". "C’est un travail de fond et de vérité. Il y a peut-être à La Réunion plus de difficultés à s’exprimer, et les Réunionnais ont un rapport au sacré qui reste à ajuster", ajoute le père Sébastien Vaast qui rappelle qu’une adresse mail existe.

paroledevictimes@cef.fr permet de signaler directement à l’évêque du diocèse les éventuels crimes.