Cyclone plus intenses, vents plus violents, hausse du niveau de la mer, érosion du littoral, sécheresses, feux de forêt, sont parmi les effets attendus dus au réchauffement climatique. Des pertes irréversibles de biodiversité dans les forêts ou les récifs coralliens pourraient aussi se produire si rien n’est fait.
Hier, lundi 20 mars 2023, le GIEC a publié la synthèse de son 6ème rapport d’évaluation, fruit d’un travail mené par des centaines de scientifiques, et entamé en 2015. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations Unies dévoile ainsi la synthèse d’une série de rapports sur l’évolution du climat, ses causes et ses impacts.
Il y a urgence à agir
Les principaux enseignements y sont résumés à destination des grands décideurs. " Les choix et les actions mis en œuvre au cours de cette décennie auront des répercussions aujourd’hui et pendant des millions d’années ", rappelle le GIEC. Il incite à réduire l’usage des énergies fossiles, à développer la capture de carbone et l’efficacité énergétique.
Le GIEC est composé de trois groupes de travail, dont chacun a publié un rapport, détaillant la physique du changement climatique, ses impacts et les solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Trois autres rapports spéciaux ont aussi été publiés : un sur les conséquences d’un réchauffement à +1,5°C, un deuxième sur les océans et la cryosphère et un troisième sur les terres émergées.
Des cyclones plus intenses pour La Réunion
La Réunion n’est pas épargnée par le changement climatique, sa température ainsi augmenté de près de 1°C par rapport aux observations d’il y a 50 ans.
Les cyclones, s’ils ne seront pas plus nombreux, seront plus intenses et devraient davantage concerner La Réunion. En parallèle de l’augmentation des épisodes de pluies intenses, l’ile devrait connaitre une baisse moyenne des précipitations et une augmentation des périodes sèches.
Entre 2004 et 2017, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 20% à La Réunion. Une augmentation due principalement à l’utilisation de plus en plus importante d’énergies fossiles. En 2020, la production électrique représente 50% des émissions de CO² et les transports 44%.
Un consensus scientifique sur le climat
De leurs 8 années de travail, les experts sont parvenus à un consensus scientifique sur le climat. Désormais, ils sont en mesure d’affirmer que les activités humaines, notamment la combustion des énergies fossiles telles que le charbon, le pétrole et le gaz, sont responsables du réchauffement de la planète. Un réchauffement essentiellement dû aux émissions de gaz à effet de serre, dont le plus répandu est le CO².
Près de 80% de ces émissions de gaz à effet de serre, GES, sont liés aux secteurs de l’énergie, de l’industrie et du bâtiment. 20% des GES proviennent de l’agriculture, la déforestation et le changement d’usage des terres.
A elles seules, les émissions des infrastructures fossiles déjà en activité suffisent à dépasser 1,5°C de réchauffement planétaire.
Déjà +1,1°C depuis l’ère préindustrielle
Entre 2011 et 2020, le réchauffement s’est établit à + 1,1°C par rapport à la période 1850-1900, et la concentration de CO² est au plus haut depuis au deux millions d’années, constate le GIEC. Le niveau de la mer s’est élevé de 20 cm entre 1901 et 2018.
La hausse de la température a fait disparaître des centaines d’espèces et provoque des épisodes de mortalité à la fois sur Terre et dans les océans. Le risque d’extinction d’espèces ou de perte irréversible de biodiversité dans les écosystèmes variés, dont les forêts, les récifs coralliens et l’Arctique augmente.
" La fenêtre d’action pour garantir un avenir vivable et durable pour tous se referme rapidement ", avertit le GIEC.
Plus de 3,3 milliards d’individus en situation de "forte vulnérabilité"
Entre 3,3 et 3,6 milliards d’individus sont dans une situation de forte vulnérabilité au changement climatique. Près de la moitié des êtres humains subissent des pénuries d’eau pendant au moins une partie de l’année.
" La plupart des impacts négatifs ont touché des endroits et communautés d’Afrique, d’Asie, d’Amérique centrale ou du Sud, des pays les moins développés, des petites îles et de l’Antarctique, et globalement des peuples indigènes, des petits producteurs alimentaires et des ménages à faibles revenus. "
Les changements extrêmes vont s’amplifier
Les scientifiques estiment que les épisodes extrêmes, tels que des vagues de chaleur, de fortes précipitations, des sécheresses, ou encore des tempêtes tropicales, vont se multiplier et s’accentuer en raison des dérèglements du climat. Cela aura des effets durables sur la santé physique et mentale des personnes touchées, craint le GIEC.
Le réchauffement atteindra +1,4°C à la fin du siècle selon le scénario le plus optimiste, +2,7°C pour le scénario intermédiaire et +4,4°C selon le pire scénario. A chaque fraction de degré de plus, les risques s’intensifient.
Réduire de 48% nos émissions de CO² d’ici 2030
Si l'on veut limiter le réchauffement à +1,5°C, il faudrait avoir réduit de 48% nos émissions de CO2 d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2019, établit-il notamment. Pour réduire ses émissions, encore faut-il connaitre son empreinte climat.
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Même si le réchauffement s’arrêtait aujourd’hui, l’élévation du niveau des mers se poursuivrait encore pendant des siècles, voire des millénaires, indique le GIEC.
Avec un réchauffement de 2°C à 3°C, les calottes glacières du Groenland et de l’Antarctique occidental risquent de fondre entièrement. En février dernier, le record de fonte de la banquise en Antarctique de l’Ouest a été battu. Depuis 1979, elle est passée de 3, 5 millions de km² à 1,91 million de km².
Des solutions d’adaptation, mais un manque de ressources financière et d’engagement politique
Il constate que l’adaptation aux changements climatiques a progressé mais doit encore être largement renforcée. Le développement de l’agroforesterie et de l’agroécologie, la diversification des cultures, la restauration des zones humides ou encore le verdissement des villes sont des exemples de stratégies d’adaptation efficaces.
Des politiques qui demeurent cependant fragmentées et inégalement mises en œuvre. Le manque de ressources financières ou l’absence d’engagement politique, citoyen et du secteur privé sont les principaux obstacles
Des engagements pris mais non respectés
En 2015, la quasi-totalité des pays ont signé l’Accord de Paris qui fixe pour objectif de contenir le réchauffement climatique " bien en-dessous de 2°C " par rapport à l’ère préindustrielle, et si possible à 1,5°C, en 2100.
Parce qu’il y a un écart entre les engagements des Etats et les politiques réellement mises en œuvre, le monde s’orienterait davantage vers un réchauffement de +3,2°C à la fin du siècle.
Pourtant, les capitaux mondiaux sont suffisants pour combler les déficits d’investissement à l’échelle mondiale, remarque le GIEC. Il souligne qu’il existe des "obstacles" à leur réorientation vers l’action pour le climat. Il appelle au renforcement de la coopération internationale, la mobilisation des ressources à destination des pays en développement, des régions et des groupes vulnérables.