Horaires difficiles, grande disponibilité, salaires peu attractifs... Le métier de serveur a de plus en plus de mal à séduire. D’autant qu’il évolue, et demande désormais des qualifications bien précises, loin du temps où on pouvait y prétendre sans nul diplôme.
Par conséquent, les professionnels de la restauration ont du mal à recruter leurs futurs serveurs et serveuses, mais pas que. Les cuisiniers se font rares eux aussi.
Un effet Covid
Selon plusieurs professionnels du secteur, c’est depuis la crise Covid que les CV ont disparu. La fermeture des restaurants pendant plusieurs mois a pour sûr eu un effet dissuasif sur ceux qui aspiraient à cette carrière, mais aussi à une certaine sécurité de l’emploi.
“Au moment de la crise Covid il y a des serveurs qui ont été remerciés ou dont les contrats n’ont pas été renouvelés. Aujourd’hui il s’agit de reconstituer les équipes”, constate Patrick Serveaux, président de l’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) Réunion.
Peu de candidats compétents
Encore faut-il y avoir des volontaires qualifiés, ce qui est loin d’être le cas, constate de son côté Barbara Roure, responsable de salle du restaurant La Varangue à la Saline-les-bains.
On a des CV qui arrivent, mais sans rapport avec le métier. Or, il nous faut un minimum d’expérience, et on est tellement en recherche de personnel qu’on n’a pas le temps de former des gens.
Barbara Roure, responsable de salle
Obligée malgré tout de recruter, Barbara Roure a eu recours à des profils qui n’avaient que très peu d’expérience. Ce qui n’est pas sans conséquences sur les équipes selon elle : "Ça met en porte-à-faux ceux qui sont très qualifiés et qui sont obligés de faire un peu plus de travail pour que ça tourne normalement”.
Le sous-effectif reste de mise, et ne fait que rallonger les horaires.
"On n'a aucune réponse"
Du côté du Carré Ktdral à Saint-Denis, Pierre Govindama, directeur événementiel du lieu, fait le même constat d’une difficulté persistante à trouver la perle rare.
On poste des offres un peu partout, mais on n’a aucune réponse. Alors on embauche de plus en plus de gens qui de base, ne sont pas du métier.
Pierre Govindama, directeur événementiel Carré Ktdral
"On travaille quand les autres s'amusent"
Il faut dire que la profession de serveur fait partie de ces métiers-passion, qui demandent un certain investissement. “C’est particulier parce qu’on travaille quand les autres s’amusent. Ça peut freiner les jeunes, qui se disent qu’ils n’auront pas de week-end”, pointe Patrick Serveaux, qui espère une évolution du métier qui le rendrait plus attractif.
De plus en plus de compétences requises
Quand bien même les horaires de travail ne seraient pas un frein, il faut encore posséder les qualifications requises.
C’est un métier qui nécessite une excellente expression verbale, de connaître les techniques de service en restauration, de parler au moins une langue étrangère. Ca ne s’improvise pas, n’importe qui ne peut plus devenir serveur. Aujourd’hui, un serveur qui ne parle pas anglais est inemployable.
Patrick Serveaux, président de l'UMIH Réunion
Il ne suffit plus de pouvoir porter des assiettes, mais de savoir aussi endosser le rôle tantôt de commerciaux, tantôt d’animateurs de salle.
Hugo lui, reste persuadé qu’il suffit pourtant de beaucoup de volonté. Preuve en est son propre parcours, devenu serveur puis assistant manager au restaurant La Kafrine à Saint-Denis. “C’est un métier où il n’y a pas besoin forcément d’expérience ou de formation. Il y a des opportunités qui s’ouvrent à ceux qui souhaitent évoluer, donc il faut saisir cette chance”.
Alors si devenir serveur ou serveuse vous a toujours fait rêver, il est peut-être temps de postuler et/ou, de se former...