Mardi dernier, le 23 août, annonce officielle était faite du retrait de l’arrêté pris par la municipalité de Saint-Pierre interdisant la mendicité sur la commune. Le 12 juillet, Michel Fontaine avait en effet réglementé par arrêté la mendicité dans certaines rues du centre-ville.
La suspension du dit arrêté a été ordonnée le 29 juillet par le juge des référés, le retrait prononcé par arrêté du maire de Saint-Pierre en date du 12 août.
Mobilisation des acteurs de la solidarité
Plusieurs associations de solidarité s’étaient élevées contre cet arrêté " anti-mendicité ". La Ligue des Droits de l’Homme s’est ainsi réjouit de son retrait. Elle avait entamé une procédure de recours en annulation, dont elle s’est désistée depuis.
La Fédération des Acteurs de la Solidarité Océan Indien et la Fondation Abbé Pierre à La Réunion ont également salué le retrait de l’arrêté anti-mendicité pris par la mairie de Saint-Pierre. Elles souhaitent qu’une telle situation ne se reproduise.
Une Déclaration des droits des personnes sans abri
Pour que soient traitées les causes de la mendicité plutôt que de sanctionner les Sans Domicile Fixe, les acteurs de la solidarité appellent chaque maire de La Réunion à signer la Déclaration des droits des personnes sans-abri.
Le texte stipule que " toute personne sans abri a le droit d’utiliser l’espace public pour aller et venir librement et se reposer sans entrave ni limite de temps ". Il s’agit ainsi de défendre les droits fondamentaux de chaque être humain, des droits issus de la constitution, du droit national et des obligations internationales, rappelle la Fondation Abbé Pierre, qui en est l’un des rédacteurs.
1 600 personnes sans abri dans le département
A La Réunion, la Fondation Abbé Pierre estime que près de 1 600 personnes sont sans domicile fixe. Ces personnes dorment dans la rue, dans leur voiture, en squat ou dans des structures d’hébergement.
En 2021, le nombre de personnes accueillies dans les Boutiques Solidarité et Accueils de jour a augmenté de 40% Le nombre de nuitées hôtelières a été multiplié par 4.
Stigmatisés et bannis des centres-villes par des arrêtés anti-mendicité, les sans-abri sont éloignés des lieux où ils ont le plus de chance de trouver des moyens de subsistance et d’hygiène, de l’aide organisée ou de petites monnaies de solidarité.
Trouver des solutions pérennes plutôt que de stigmatiser
La Fondation Abbé Pierre dénonce aussi l’installation de nouveaux dispositifs anti-SDF, pics, barreaux, grilles, rochers et bancs avec accoudoirs centraux. Autant de dispositifs qui empêchent de s’abriter ou de prendre un peu de repos.
Les organismes humanitaires appelle ainsi les maires de La Réunion à signer la Déclaration des droits des personnes sans-abri, à ne pas avoir recours à ce type de dispositifs et surtout à mettre en œuvre davantage de réponses dignes envers les personnes à la rue. Des réponses telles que l’accès au Logement d’Abord, et plus largement des réponses pour lutter contre la précarité et l’exclusion, en améliorant le "pouvoir de vivre" des Réunionnais.