Rodrigues : l’exclusion d’un collégien pour ses dreadlocks prend de l’ampleur à l’île Maurice

(Illustration) Une : polémique dreadlocks au collège
En fin d’année, un collégien arborant des dreads (NDLR : sa famille est rasta) est invité par le recteur à changer de coupe, sous peine d’exclusion. Depuis, l’élève n’est pas revenu au collège. Les enseignants ont lancé une pétition de soutien et le chef commissaire de Rodrigues s’est présenté à l’Assemblée avec une perruque rasta.

Souvent, des incidents anodins révèlent un malaise profond et nettement plus ancien ! C’est le cas dans ce dossier. En décembre 2022, le recteur menace d’exclusion un élève du collège de Rodrigues. Jeanrock Perrine, lui lance : "Coupe tes cheveux, ou trouve-toi un autre collège !" , écrit le site mazavaroo.mu.

Traumatisé, l’enfant rentre chez-lui en larme et raconte l’incident à ses parents, rastafari pratiquants. Son père artiste engagé, connu et réputé à l’île Maurice comme à La Réunion, a réagi en alertant les membres de sa communauté, le corps enseignant, ont dénoncé unanimement ce refus d’accepter la différence : "C’est donc l’apparence physique qui est en cause ici. L’enfant est victime d’un délit de faciès. C’est du pur racisme donc," écrivent les pétitionnaires.

Les parents rappellent simplement : "Notre enfant a fait ses études primaires à Notre-Dame de Lourdes RCA. Il y était connu comme un enfant qui travaille dur, qui était poli et discipliné. Il fait aussi du rap, marchant sur les traces de son père. Il a aussi eu de très bons résultats aux examens de la PSAC, scorant 1 dans cinq matières, avec un haut niveau dans trois langues, dont le français et le kreol."

La polémique franchit les frontières

En signe de soutien, le Chef commissaire de l’île Rodrigues (chef du gouvernement régional de Rodrigues), Johnson Roussety, s’est présenté, ce mercredi 11 janvier 2023, coiffé d’une perruque rasta à l’Assemblée régionale. Un geste symbolique qui a fait le buzz dans l’île sœur. Les journaux télévisés, mercredi soir, reprenaient cette image insolite et forte qui amène le sujet à la une de L’Express de Maurice, ce vendredi matin.

Dans l’île sœur, si le culte rasta est admis et reconnu, il n’est pas considéré comme une religion. La consommation de cannabis et les dreads restent des sujets sensibles.

Afin de faire enfin avancer ce dossier, au moins dans le cadre scolaire, l’Ombudsperson pour les droits des enfants, la Commission Régionale, la Human Rights Commission, l’Equal Opportunity Commission et la Commission de l’Éducation ont tous été informés de ce cas.

Cette polémique laisse entrevoir une différence de traitement selon l’origine des élèves. Si cette stigmatisation se confirme, l’exécutif et la justice pourraient avoir à se prononcer : "La Constitution de Maurice, dit que tout citoyen est égal. De plus, l’Éducation Act de 1957 établit qu’aucune école ne doit interdire l’accès à un enfant sur la base de la race et de la religion. En sus de cela, l’éducation est gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans", rappelle le collectif apportant son soutien au collégien et à sa famille.