Sur ce stand du marché forain de Saint-Benoît ce samedi matin, des produits bien particuliers : culottes menstruelles, serviettes hygiéniques jetables. Des articles encore chers à l'achat, mais qui ont le mérite de durer plusieurs années, contrairement aux protections hygiéniques jetables encore massivement utilisées.
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Des protections jetables parfois nocives pour le corps, et l'environnement
Non seulement les serviettes et tampons jetables contiennent pour certains des produits chimiques toxiques, mais ils ont sont aussi polluants. "Les produits qu'on achète dans le commerce, les plus chers souvent sont remplis de produits chimiques. Sachant qu'ils concernent toutes les femmes et tous les mois, ça fait des quantités énormes de déchets qui vont dans la nature, c'est très mauvais pour l'environnement", argue Catherine Kozlovsky, présidente de Lékol du bonheur.
Distribution de culottes menstruelles gratuites
Cette association a dernièrement répondu à l'appel à projets de la Direction de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (DEETS) pour lutter contre la précarité menstruelle. D'où la distribution ce samedi de protections hygiéniques réutilisables à des femmes et adolescentes identifiées en amont par les partenaires sociaux.
"Si on veut avoir des produits de qualité et qui nous conviennent, il faut mettre la main au porte-monnaie et ce n'est pas toujours évident. Il faut savoir que parfois des jeunes vont volontairement se priver de sorties ou de certaines activités parce qu'elles n'ont pas de protection hygiéniques sous la main"
Catherine Kozlovsky, présidente de Lékol du bonheur
Une solution moins chère et plus durable
Objectif : faire en sorte que ces produits, consommés chaque mois par les femmes, ne pèsent plus autant dans leur budget, en les remplaçant par un article réutilisable, plus durable, qui a moins d'impact sur l'environnement.
Ce dernier aspect, les jeunes filles venues visiter le stand ce samedi l'ont bien en tête. "Les serviettes hygiéniques sont très polluantes pour la nature, les culottes menstruelles c'est lavable, c'est quelque chose de révolutionnaire", clame l'une d'elles. Une autre d'observer : "ça permettra de faire moins de gaspillage".
Entre 20 et 30 euros l'unité
Alors qu'une femme utilise dans sa vie entre 10 000 et 15 000 protections hygiéniques jetables, une culotte menstruelle peut durer cinq ans en moyenne si elle reçoit le bon entretien. Problème : ces articles sont encore vendus à un prix relativement élevé, entre 20 et 30 euros l'unité.
C'est pourquoi l'association Lékol du bonheur, non contente de les faire connaître, les offrait à plusieurs Bénédictines aujourd'hui, tout en leur expliquant comment s'en servir.
Laver plutôt que jeter
"Juste après l'utilisation, elle rince sa culotte à l'eau froide pendant quelques minutes jusqu'à ce que l'eau soit claire, puis elle la met à sécher et ensuite en machine à 40 degrés maximum, sans assouplissant", explique Gladys Soundron, co-directrice de Phaham Lingerie, qui a fourni les culottes, toutes en tissu ecotex bio. "Il ne faut pas les laver avec une matière grasse, qui va obstruer le tissu", précise-t-elle.
Une campagne de sensibilisation
Cette action de Lékol du bonheur n'est que la première étape d'une campagne de sensibilisation plus vaste contre la précarité menstruelle. Après Saint-Benoît, la semaine prochaine elle s'installera à Saint-Pierre avec le Secours Catholique.
En dehors de la promotion de produits réutilisables, l'enjeu est également pour l'association de lever les tabous autour des règles. Les visiteurs du stand de Lékol du bonheur peuvent donc y trouver plusieurs informations, à travers notamment le "Jeu de règles", un quizz pour démystifier les idées reçues sur les menstruations.