Des cartons et des ballots entiers de plantes et de fleurs séchées : à l'étage de sa pharmacie, Claude Cheung Lung stocke les végétaux qui entrent dans la composition des tisanes, qu'il prépare lui-même. Ce pharmacien de Bellepierre, qui prendra bientôt sa retraite après plus d'un demi-siècle de travail, est un vrai passionné de plantes médicinales.
"Quand je m'occupe des plantes, je n'ai pas l'impression de travailler. C'est une sortie botanique au lycée qui m'a ouvert la voie. Puis, pendant mes premières années de fac, tous les week-ends j'herborisais dans la nature autour de la fac. Ce qui me plaît, c'est la beauté des fleurs. Quand je les examine à la loupe, je suis émerveillé"
Claude Cheung Lung, pharmacien
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Des plantes classées par ordre alphabétique
Saule blanc, bouillon blanc, alchemille, aigremoine, bleuet, bouleau, framboisier, senecon, quinquina, ortie blanche, pensée sauvage... et des dizaines d'autres plantes aux multiples vertus tronent - classées par ordre alphabétique - dans les sacs et ballotins, les étagères de sa tisanerie n'étant plus assez vastes pour tous les accueillir. "Aucune pharmacie ne peut faire de l'herboristerie digne de ce nom sans au moins 100m2 de surface", estime-t-il.
Ces plantes triées sur le volet lui viennent du monde entier, importées par un grossiste spécialisé. Toutes répondent aux normes pharmaceutiques, et sont livrées avec un certificat d'analyse de leur composition.
Des compositions "maison"
A Claude Cheung Lung et les quatre préparateurs qui l'assistent, de les assembler en des compositions "maison", pour apaiser divers troubles, de la digestion à la constopation en passant par le drainage du foie et des reins, les voies respiratoires, la résorption des graisses du sang...
Des dosages très précis
Pour chacune, il se livre à un dosage très précis, muni de sa balance d'herboriste. "Quand on fait de la tisane, il faut respecter des proportions identiques selon les séries de préparation. Il faut essayer à 1% ou 2% près d'avoir les mêmes composants en même quantité", expose-t-il. Pourquoi ? "Parce que quand ça n'a pas le même goût, le client perd la confiance dans la préparation", selon lui.
"Un appoint, un relais"
Le pharmacien, dont 90% du temps est dédié non pas aux tisanes mais à sa clientèle, souligne que ces remèdes végétaux doivent venir "comme un appoint, un complément, un relais quand parfois le patient veut faire une pause dans son traitement". "Mais substituer un médicament chimique par la tisane, c'est illusoire et même dangereux", considère Claude Cheung Lung.
Attention à l'humidité
Ces tisanes sont préservées de l'humidité par un système d'aération. Car "une plante même séchée, transpire toujours". "Si vous n'aérez pas la pièce, les tisanes moisissent et se piquent très vite. Une tisane récoltée et bien séchée dans les normes peut tenir 4 ans", précise le pharmacien mordu de plantes médicinales.
Une passion qui ne s'arrêtera pas à la retraite
Malgré tout, il ne passe pas autant de temps qu'il le voudrait dans sa "pharmacie verte", avoue-t-il. Peut-être la retraite venue lui laissera-t-elle le loisir de nourrir sa passion sans limite ? "A la retraite j'essaierai de transmettre à mes fils, et de temps en temps je donnerai encore un coup de main si je suis en bonne santé", prévoit Claude Cheung Lung.