"C'est l'image d'un logement indécent, avec des moisissures sur toute la façade de ce contreplaqué, des morceaux de peinture qui tombent. C'est dégueulasse, comment on peut laisser des gens vivre dans ces conditions en 2024 ? On paie des loyers pour être malade et les bailleurs ne bougent pas", nous dit un Erick Fontaine en colère ce lundi.
Le reportage de Réunion La 1ère :
L'administrateur de la CNL à La Réunion a visité ce matin cet appartement du Chaudron, résidence Claude Monet, qui, comme nous le montrions dimanche, est infesté de cafards. Dans ce logement indécent, il suffit de bouger le canapé pour apercevoir une quinzaine de cancrelats de toutes tailles grouillant sur le mur du salon.
"Ce n'est pas une question de makoterie"
"C'est une situation qui ne peut pas être acceptable. Ce n'est pas une question de makoterie : l'appartement, voire l'immeuble, est infesté de cafards comme beaucoup d'appartements à La Réunion, parce que les égoûts passent au-dessous et que la désinsectisation ne se fait pas suffisamment. Le bailleur doit réagir", tonne Erick Fontaine.
"La CNL ne les lâchera pas, parce qu'on voit bien que c'est devenu la norme pour les bailleurs de donner des logements qui sont indécents"
Erick Fontaine, administrateur de la CNL
Les précisions de l'administrateur de la CNL, Erick Fontaine, sur Réunion La 1ère :
"On a mal au coeur"
Il n'est pas le seul à interpeller aujourd'hui le bailleur. Le député de la circonscription, Frédéric Maillot, s'est aussi rendu sur les lieux afin de constater l'insalubrité de ce logement.
"On a mal au coeur, on est indignés, quand on voit comment ces personnes vivent dans ces appartements infestés de cafards", commente-t-il au pied de ce bâtiment au Chaudron. Il rappelle que le logement est pourtant le premier poste de dépense des Réunionnais. "Nou paye cher, très cher, pour vivre dans un logement indécent. Pou un pays comme la France, lé inacceptable", juge-t-il.
"C'est un cas parmi tant d'autres"
Le député de la 6ème circonscription a par ailleurs écrit à la Sodiac, le bailleur ici concerné, pour que la locataire soit relogée, mais aussi que la problématique du logement indécent soit réglée dans sa totalité.
"C'est un cas parmi tant d'autres, beaucoup d'autres. 1 400 cas attendent d'être reconnus comme logements indécents"
Frédéric Maillot, député de la 6ème circonscription
Le parlementaire renvoie aussi l'Etat à ses reponsabilités. "Que l'Etat rappelle les bailleurs, les promoteurs, et les constructeurs, pour trouver où le bât blesse. (...) Gouverner, c'est d'abord loger son peuple disant l'abbé Pierre", achève Frédéric Maillot.
Une deuxième situation d'indécence dans le même appartement
"Personnellement je trouve que c'est invivable depuis huit mois. Je n'ai plus de forces pour faire les mêmes démarches que la première fois", commente pour sa part la locataire désemparée, qui fait face à une deuxième situation d'indécence depuis qu'elle habite ce logement. La première fois, l'humidité avait creusé un énorme trou dans son mur, et son fils de 5 ans avait même reçu une décharge de courant, raconte-t-elle.
"Plus le courage"
Aujourd'hui la mère de cinq enfants espère être relogée. Si elle n'a rien fait pendant huit mois d'infestation, c'est qu'elle n'a "plus le courage" d'entamer à nouveau des démarches, mais aussi parce qu'elle n'a pas envie de se retrouver à la rue avec ses enfants, explique celle qui ne dort plus "pour surveiller que les cafards ne montent pas sur son bébé de 2 ans".
"Même dans mon riz il y a des cafards"
Locataire de l'appartement indécent
La locataire relogée à l'hôtel
Le bailleur, la Sodiac, s'est manifesté depuis la diffusion de notre reportage dimanche. Il a proposé un relogement dans un hôtel à la mère de cinq enfants jusqu'à jeudi, le temps de la désinsectisation de son appartement. Bailleur qui n'a pas souhaité donner suite aux demandes d'interview, mais qui a par ailleurs indiqué qu'il dédommagerait la locataire.