Les Gilets Jaunes à la Réunion. Un sujet qui a inspiré Michel Latchoumanin, professeur des sciences de l'éducation et docteur en psychologie. Il vient de publier un livre intitulé "En finir avec les inégalités, la démocrature et la voyoucratie : le cri de révolte des gilets jaunes".
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Michel Latchoumanin a étudié le mouvement depuis ses débuts dans l'île le 17 novembre et dans cet ouvrage, l'universitaire fait une série de propositions comme la création d'une assemblée constituante et la mise en place d'une charte éthique et déontologique. Il n'hésite pas non plus à critiquer le "matérialisme dominant" et les études sur la pauvreté à La Réunion. Interview
Pourquoi avoir écrit sur ce mouvement des Gilets Jaunes péi?
Michel Latchoumanin: Le 14 novembre je publie une tribune en partie prémonitoire par rapport à ce qui s'est passé depuis le 17 novembre. Malgré toutes les demandes des médias, je me suis toujours refusé à m'exprimer sur les Gilets Jaunes, à prendre la parole à leur place. Il faut leur laisser exorciser le mal-être profond qu'ils ressentent parce que pour moi je l'ai toujours dit, il s'agissait de l'expression d'une colère trop longtemps contenue. Mais le discours du 10 décembre d'Emmanuel Macron qui après avoir été pendant un certain temps inflexible sur les revendications des Gilets Jaunes mais qui mange aujourd'hui son chapeau m'a fait réagir. Depuis le 10 décembre, je me suis donc enfermé chez moi pour écrire et j'ai terminé cet ouvrage le 10 janvier dernier. J'analyse notamment l'appel du président de La République au Grand débat national qui est une manière pour lui de reprendre la main et de lancer déjà sa campagne pour sa réélection.
Ce mouvement des Gilets Jaunes péi a paralysé pendant 15 jours l'économie locale. A t'il vraiment permis de faire bouger les choses?
Il est trop tôt pour y répondre. Mais ces mouvements parce qu'ils sont multiples sont appelés à disparaître s'ils ne parviennent pas à se structurer, à mettre en place quelque chose qui serait apparentée à ce que nos ancêtres ont fait en 1789, à savoir une assemblée constituante composée de chaque représentant de chaque commune où on met au point une charte éthique et déontologique qui serait la pièce maîtresse du changement que l'on souhaite pour restaurer une démocratie représentative à la place de ce qu'on a observé jusqu'à présent à tous les niveaux, à savoir une démocrature, une démocratie masquée derrière une dictature, le népotisme, la voyoucratie, c'est à dire la gestion par des corrompus....Tous les jours, on a des exemples que ce soit au niveau national ou au niveau local...
L'histoire de 1789 a abouti à l'abolition de la monarchie. Est-ce que les Gilets Jaunes vont pouvoir concrétiser un projet "d'un homme, un mandat, une mandature"? Personne n'est irremplaçable. Une fonction politique ce n'est pas une profession. Il faut que cette charte déontologique soit signée par les candidats avec un programme qui serait défini par l'assemblée constituante.
Des Gilets jaunes ont décidé de monter une liste aux prochaines élections Européennes. Est-ce une bonne stratégie?
Non pas du tout. C'est le discrédit. Si avant même d'avoir introduit les éléments du changement dans le sens d'une restauration d'une véritable démocratie représentative, on se lance dans la course au pouvoir, à ce moment là c'est discrédit qui est porté sur le mouvement. Cela traduit aussi un autre phénomène. Après la lutte des classes classique, je développe dans mes ouvrages la lutte des places. Cette lutte des places peut prendre des formes dramatiques parfois...On voit un discours défendu par les Gilets Jaunes du Tampon, un autre tenu par ceux de Saint-Pierre ou de Saint-Denis. On est dans un positionnement personnel. On ne parle plus au nom du groupe et c'est pour cette raison que dans ce livre j'hésite à écrire les Gilets Jaunes avec une majuscule...Si je le fais, je valide l'existence d'un mouvement uni. A travers cette crise, on a aussi beaucoup parlé des droits, mais pas du tout des devoirs. Réclamer un peu plus, le pouvoir d'achat... c'est bien...Le matérialisme dominant....Aujourd'hui on revendique et demain on est dans les grandes surfaces pour remplir les caddies parfois de choses inutiles! S'il y avait 42% de la population en dessous du seuil de pauvreté à La Réunion, on aurait pas 70% des ménages avec une voiture au moins, on aurait pas 750 000 abonnements à la téléphonie mobile et à la 3G....Il y a bien une manipulation qui doit servir des causes. Il faut retrouver une certaine dignité, la fierté et puis construire collectivement.
Le Grand débat national n'est pas encore terminé et les Gilets jaunes poursuivent leurs actions ici comme dans l'hexagone. Est-ce que ce livre n'arrive pas trop tôt?
Le débat est en cours. C'est une contribution allez osons d'un Gilet Jaune au Débat National! Si j'en avais la possibilité même invité je répondrai négativement à cette grosse récupération nationale et locale où on voit à nouveau ceux que l'on vouait aux gémonies hier reprendre la main, orienter les débats et préparer leur réélection. Moi je crois qu'il faut qu'on arrive à dire à ces personnes: retirez-vous, laissez la place maintenant à des gens nouveaux qui se conformeraient à cette charte éthique que les Gilets Jaunes devront mettre en place très rapidement avec des sages. Pour gagner du temps, il faut savoir en perdre disait Talleyrand. Alors donnons-nous le temps!N'allons pas prendre comme échéance les municipales ou les Européennes et accompagnons plutôt les candidats qui signent cette charte éthique.
Pourquoi avoir écrit sur ce mouvement des Gilets Jaunes péi?
Michel Latchoumanin: Le 14 novembre je publie une tribune en partie prémonitoire par rapport à ce qui s'est passé depuis le 17 novembre. Malgré toutes les demandes des médias, je me suis toujours refusé à m'exprimer sur les Gilets Jaunes, à prendre la parole à leur place. Il faut leur laisser exorciser le mal-être profond qu'ils ressentent parce que pour moi je l'ai toujours dit, il s'agissait de l'expression d'une colère trop longtemps contenue. Mais le discours du 10 décembre d'Emmanuel Macron qui après avoir été pendant un certain temps inflexible sur les revendications des Gilets Jaunes mais qui mange aujourd'hui son chapeau m'a fait réagir. Depuis le 10 décembre, je me suis donc enfermé chez moi pour écrire et j'ai terminé cet ouvrage le 10 janvier dernier. J'analyse notamment l'appel du président de La République au Grand débat national qui est une manière pour lui de reprendre la main et de lancer déjà sa campagne pour sa réélection.
Ce mouvement des Gilets Jaunes péi a paralysé pendant 15 jours l'économie locale. A t'il vraiment permis de faire bouger les choses?
Il est trop tôt pour y répondre. Mais ces mouvements parce qu'ils sont multiples sont appelés à disparaître s'ils ne parviennent pas à se structurer, à mettre en place quelque chose qui serait apparentée à ce que nos ancêtres ont fait en 1789, à savoir une assemblée constituante composée de chaque représentant de chaque commune où on met au point une charte éthique et déontologique qui serait la pièce maîtresse du changement que l'on souhaite pour restaurer une démocratie représentative à la place de ce qu'on a observé jusqu'à présent à tous les niveaux, à savoir une démocrature, une démocratie masquée derrière une dictature, le népotisme, la voyoucratie, c'est à dire la gestion par des corrompus....Tous les jours, on a des exemples que ce soit au niveau national ou au niveau local...
L'histoire de 1789 a abouti à l'abolition de la monarchie. Est-ce que les Gilets Jaunes vont pouvoir concrétiser un projet "d'un homme, un mandat, une mandature"? Personne n'est irremplaçable. Une fonction politique ce n'est pas une profession. Il faut que cette charte déontologique soit signée par les candidats avec un programme qui serait défini par l'assemblée constituante.
Des Gilets jaunes ont décidé de monter une liste aux prochaines élections Européennes. Est-ce une bonne stratégie?
Non pas du tout. C'est le discrédit. Si avant même d'avoir introduit les éléments du changement dans le sens d'une restauration d'une véritable démocratie représentative, on se lance dans la course au pouvoir, à ce moment là c'est discrédit qui est porté sur le mouvement. Cela traduit aussi un autre phénomène. Après la lutte des classes classique, je développe dans mes ouvrages la lutte des places. Cette lutte des places peut prendre des formes dramatiques parfois...On voit un discours défendu par les Gilets Jaunes du Tampon, un autre tenu par ceux de Saint-Pierre ou de Saint-Denis. On est dans un positionnement personnel. On ne parle plus au nom du groupe et c'est pour cette raison que dans ce livre j'hésite à écrire les Gilets Jaunes avec une majuscule...Si je le fais, je valide l'existence d'un mouvement uni. A travers cette crise, on a aussi beaucoup parlé des droits, mais pas du tout des devoirs. Réclamer un peu plus, le pouvoir d'achat... c'est bien...Le matérialisme dominant....Aujourd'hui on revendique et demain on est dans les grandes surfaces pour remplir les caddies parfois de choses inutiles! S'il y avait 42% de la population en dessous du seuil de pauvreté à La Réunion, on aurait pas 70% des ménages avec une voiture au moins, on aurait pas 750 000 abonnements à la téléphonie mobile et à la 3G....Il y a bien une manipulation qui doit servir des causes. Il faut retrouver une certaine dignité, la fierté et puis construire collectivement.
Le Grand débat national n'est pas encore terminé et les Gilets jaunes poursuivent leurs actions ici comme dans l'hexagone. Est-ce que ce livre n'arrive pas trop tôt?
Le débat est en cours. C'est une contribution allez osons d'un Gilet Jaune au Débat National! Si j'en avais la possibilité même invité je répondrai négativement à cette grosse récupération nationale et locale où on voit à nouveau ceux que l'on vouait aux gémonies hier reprendre la main, orienter les débats et préparer leur réélection. Moi je crois qu'il faut qu'on arrive à dire à ces personnes: retirez-vous, laissez la place maintenant à des gens nouveaux qui se conformeraient à cette charte éthique que les Gilets Jaunes devront mettre en place très rapidement avec des sages. Pour gagner du temps, il faut savoir en perdre disait Talleyrand. Alors donnons-nous le temps!N'allons pas prendre comme échéance les municipales ou les Européennes et accompagnons plutôt les candidats qui signent cette charte éthique.