Au bord des routes, les tas de déchets verts grossissent, attendant d'être collectés. Ils sont l'addition de tout ce que le cyclone Belal a fait tomber de branchages, voire d'arbres entiers, lors de son passage il y a quelques jours sur La Réunion.
Autant de masse végétale qu'il a fallu ramasser, dès l'amélioration de la météo. Depuis mardi, passage en phase de sauvegarde, les élagueurs sont à pied d'oeuvre pour achever de dégager les branches cassées, et sécuriser les arbres qui ont subi les vents cycloniques.
Une centaine d'appels par jour
Cette entreprise pour sa part, en est à une centaine de sollicitations par jour, alors qu'elle compte déjà un carnet de 3 000 clients annuels. "On en a pour des semaines voire des mois de travail intensif, surtout des travaux d'urgence et de mise en sécurité, explique Rémi Balbine, co-gérant de l'entreprise d'élagage. On est obligés de prioriser". Depuis mardi, il pare donc au plus pressé, à savoir les établissements scolaires qui doivent être sécurisés avant la rentrée de lundi.
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Priorité aux établissements scolaires
En cette fin de semaine, l'équipe en est donc à son sixième établissement scolaire. "Pour les particuliers, ce sera après la rentrée", sourit-il, s'excusant auprès des clients dont il n'a pu honorer la sollicitation.
Voilà qui arrange bien Olivier Becker, chef d'établissement de l'ensemble scolaire Saint-Michel à Saint-Denis et Alexandre Monnet à Saint-Benoît. Grâce à son anticipation, et son appel passé aux équipes d'élagage avant le passage du cyclone, il pourra procéder à une rentrée en temps et en heure lundi, sans danger pour les élèves. "Pour nous l'objectif, au-delà même de la propreté, c'était que tout soit en sécurité pour l'accueil des élèves lundi", assure-t-il.
Eviter de se mettre en danger
Ceux qui attendent leur tour risquent de devoir prendre leur mal en patience. Et pas question de se lancer soi-même sans le matériel approprié, ce qui se peut s'avérer dangereux, selon Rémi Balbine.
"Si vous n'avez pas trouvé d'élagueur, faites les mises en sécurité au minima. Il faut éviter au maximum de se mettre en danger inutilement, tant pis si l'arbre n'est pas beau. Mais ne le faites pas vous-même si vous n'êtes pas équipés correctement ou si c'est dangereux", enjoint-il. Le mieux étant, dit le co-gérant de l'entreprise d'élagage, d'appeler un professionnel "dès le mois d'août pour préparer la saison cyclonique".
Les professionnels de l'élagage recrutent
Il faut dire que, pour ne rien arranger, la profession manque aussi de main d'oeuvre.
"On est quasiment toute l'année en phase de recrutement parce que c'est un métier extrêmement physique et les candidats sont peu nombreux. On renforce en permanence les équipes, encore plus quand il y a le passage d'un cyclone. On recherche tous les candidats qui ont un petit peu d'expérience et on est prêts à les recruter"
Rémi Balbine, co-gérant d'une entreprise d'élagage
Même si les tronçonneuses sont ces temps-ci denrées rares chez les revendeurs, d'après les professionnels de l'élagage, cela n'a pas empêché Lionel, habitant de la Bretagne, de prendre les choses en main.
Des voyages à la déchetterie
Ce samedi matin, à la déchetterie de son secteur, il décharge sa camionnette de divers branchages. Et, dit-il, c'est "la troisième fois déjà" qu'il vient en deux jours, "et il y en a encore". "Les bananiers sont tombés et il y a un cocotier qui s'est couché aussi. Petit à petit je débarrasse. On a passé deux jours à couper ça en morceaux, et ça fait deux jours que je fais des voyages comme ça pour déposer les déchets", explique Lionel, qui ne souhaite pas attendre que les camions de collecte des déchets verts passent dans sa rue pour se débarrasser des dégâts de Belal.
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6 à 7 fois plus de déchets à gérer
Les centres de collecte des collectivités, eux aussi, frôlent la saturation : cette semaine, ils ont reçu 6 à 7 fois plus de volume de déchets verts qu'habituellement. Des tonnes de végétaux qui seront revalorisés en compost ou en combustible.
Le brûlage interdit
Vendredi, la préfecture le soulignait : devant ce volume considérable à gérer, le ramassage pourrait s'avérer long. En attendant, pas question de les brûler : la pratique est interdite, en raison des conséquences sur la qualité de l'air et la santé humaine et animale (dégagement de substances toxiques).
16 000 tonnes de déchets verts dans le Nord et l'Est
Les régions Nord et Est de l'île à elles seules, de Saint-Denis à Sainte-Rose, représenteraient 16 000 tonnes de déchets à traiter, selon les estimations du syndicat des déchets. "C’est le double de Batsiraï en février 2022”, soulignait le préfet de La Réunion.
Un tel volume est bien évidemment possible à traiter, mais à condition que les déchets arrivent au fur et à mesure. "Des stockages intermédiaires seront installés dans les communes de façon à gérer progressivement les déchets", précisait vendredi Jérôme Filippini.