Une grande partie de la matinée, le ministre délégué aux outre-mer Philippe Vigier s'est retrouvé dans les champs de canne de l'Est, pour une séquence dédiée à l'agriculture, et plus précisément à la filière canne, qui a connu une de ses pire campagnes l'an dernier.
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Pour sa première visite sur l'île, le nouveau ministre s'est rendu sur une exploitation des hauts de Saint-Benoît, où il a pu échanger avec Edvin Payet. Ce planteur de canne a dû diversifier sa production pour faire face aux difficultés de la filière canne. Il a exprimé à Philippe Vigier les nombreuses difficultés rencontrées par les planteurs, liées aux hausses du coût de production, qui grèvent leur trésorerie.
Le soutien de l'Etat à la filière
Comme depuis son arrivée, Philippe Vigier n'a cessé de réitérer l'engagement de l'Etat à La Réunion. Un engagement qui se manifeste notamment par l'attribution de "plus de 100 millions d'euros si on fait la somme de tous les soutiens" au secteur de la canne. D'après lui, voilà qui montre qu'à la fois l’Europe et la France tiennent à ses planteurs et à cette filière, "pas seulement parce que c’est une culture traditionnelle mais aussi parce qu’elle est vitale".
Vers l'assouplissement des règles phytosanitaires ?
Autre problème évoqué, l'interdiction de certains produits phytosanitaires. Le ministre, là encore, a brandi les mesures du Ciom, ou plus précisément la mesure 15, qui prévoit la requalification de la canne en culture mineure, pour permettre l'assouplissement des interdictions d'usage de certains produits phytosanitaires et ainsi mieux protéger cette culture.
Une rencontre avec le ministre de l'Agriculture en septembre
"Je verrai avec la profession comment on peut faire avancer les choses", a-t-il dit, avant d'annoncer un futur rendez-vous avec le ministre de l'Agriculture dans les prochaines semaines. Le 20 septembre prochain, Philippe Vigier participera à une réunion de travail avec le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau autour des territoires ultramarins.
"Il y a une task force qui va être constituée et aura pour volonté et objectif d'être en capacité de trouver des solutions".
Philippe Vigier, ministre délégué aux outre-mer
Pour Philippe Vigier, il s'agit lors de cette rencontre de "voir comment demain on donne une vision, de façon à mieux pérenniser la filière", qui représente à La Réunion 20 000 hectares, 15 000 emplois directs ou indirects, 2 500 exploitations. "C'est un des poumons économiques de La Réunion", achève-t-il.
A la découverte de la coupe de la canne
Le nouveau ministre s'est aussi montré sensible au statut des coupeurs de canne, qui pèse sur la disponibilité de la main d'oeuvre à chaque campagne sucrière.
Après avoir lui-même tombé la veste et saisi le sabre à cannes, Il a salué "le coup de main exceptionnel" de ces ouvriers, tout en constatant "le problème de l'attractivité de ces métiers-là, qui ont une saisonnalité et qui nécessite des compléments d'activité".
Mais il a aussi pu observer le travail de la coupeuse péi et s'est montré ravi de voir que "l'avenir passe aussi par une certaine automatisation" qui permet "le rendement, qui dit derrière une profitabilité".
Une visite à l'usine de Bois Rouge
Dans la continuité de cette séquence, le ministre délégué aux outre-mer s'est ensuite rendu à l'usine de Bois Rouge à Saint-André, afin de poursuivre les échanges avec les acteurs de la filière.
"J'ai vu quelque chose d'assez exemplaire. (...) Je suis très heureux de voir ce savoir-faire et cette technicité. C'est une très belle illustration de notre savoir-faire français", a-t-il commenté après avoir visité l'installation "à la pointe de la modernité". Philippe Vigier le souligne : c'est une volonté politique du gouvernement de préserver la canne, "parce que qualitativement ça fonctionne, parce qu'il y a des emplois à la clef, et parce que c'est une richesse patrimoniale, historique et culturelle".
"Il est hors de questions qu'ils (les acteurs de la filière, ndlr) ne puissent pas continuer leur activité. On trouvera les solutions pour être à la rencontre du fait environnemental en utilisant toujours moins d'herbicides, mais on ne leur enlèvera pas leur outil de travail. Il n'y aura pas de sujets qui n'aura pas de solution"
Philippe Vigier, ministre délégué aux outre-mer
Petit-déjeuner avec le groupe de dialogue inter-religieux
Plus tôt ce matin, le ministre délégué aux outre-mer avait rendez-vous avec les membres du groupe de dialogue inter-religieux (GDIR) à la préfecture de La Réunion. Au menu du petit-déjeuner de Philippe Vigier ce jeudi matin, laïcité et vivre-ensemble.
"Un très beau moment"
Au sortir de cet échange, Philippe Vigier l'a décrit comme "un très beau moment (...), un moment d'écoute, de dialogue, de respect, et de compréhension". Pour le ministre, le vivre-ensemble réunionnais est une histoire de "faire nation, voir l'avenir ensemble, pour qu'on soit capable à tout moment d'expliquer que nos différences sont des richesses, et que chacun peut vivre la religion comme il l'entend mais dans le respect des autres". Parmi les autres sujets de discussion, "la paix sociale, la pauvreté, les thèmes qui traversent la société", mais aussi "les discriminations sur l'embauche, le logement"...
"Je suis très heureux de voir que nos amis, dans leurs pratiques cultuelles, participent aussi à l'apaisement de la société. L'apaisement c'est la base du vivre-ensemble"
Philippe Vigier, ministre délégué aux outre-mer
"L'abaya, ce n'est pas un sujet de tolérance"
Interrogé sur le port de l'abaya à l'école, interdit cette semaine, sur consigne nationale dès cette rentrée, le ministre délégué aux outre-mers a expliqué partager l'avis du ministre de l'Education Gabriel Attal.
"L'abaya ce n'est pas un sujet de tolérance, chacun vit sa religion comme il l'entend mais il y a des signes ne sont pas compatibles avec la laïcité. Comme l'a dit Gabriel Attal, je ne suis pas favorable non plus à l'abbaya à l'école. (...) La laïcité c'est le fait que chacun vive sa religion comme il l'entend, mais ne lui portons pas des coups, sinon c'est le vivre-ensemble qui ne fonctionnera plus".
Philippe Vigier, ministre délégué aux outre-mer
Le commentaire de Philippe Vigier à l'issue de sa rencontre avec le groupe de dialogue inter-religieux :
Faire reconnaître l'hindouisme comme religion en France
Daniel Minienpoullé, président du GDIR, explique avoir, lors de cette rencontre, proposé au ministre de décliner le groupe de dialogue inter-religieux dans l'Hexagone et dans les autres départements d'outre-mer pour "comprendre les façons d'être de chacun, et dans le ciment républicain français, faire nation".
Mais en tant que représentant de la communauté hindouiste, il a aussi souhaité faire avancer le dossier de la reconnaissance de l'hindouisme parmi les religions existant en France (annexes de 1967). "Nous avons demandé que ce soit inscrit de façon formelle", dit Daniel Minienpoullé.