Ce jeudi, le ministre délégué aux outre-mer s'est rendu au chevet de la filière canne. Une filière structurante certes, mais qui reste fragile à La Réunion.
Le manque de main d'oeuvre
Sur cette exploitation dans les hauts de Saint-Gilles, la coupeuse avale les cannes à raison d’une tonne à la minute. De quoi faire envie à Germeuil Berby. Il possède huit hectares de cannes à Trois Bassins, mais est contraint par le relief à la coupe manuelle et doit faire face à un manque de main d'œuvre.
“Ici on n’est pas totalement mécanisé et on ne trouve pas de main d'œuvre pour la coupe de la canne, témoigne t-il. Quand on est dans la campagne sucrière, toutes les autres activités sont en stand-by. Par exemple, on ne peut plus planter de maraîchage".
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Rebondir après une saison catastrophique en 2022
La coupe manuelle concerne encore plus de 60% de la production totale de canne. Une production contrariée par les mauvaises herbes. L’État vient d’autoriser les herbicides utilisés dans les cultures de maïs au niveau national. Reste maintenant à sélectionner les plus efficaces pour la canne.
Avec 1,3 million de tonnes, la campagne 2022 a été la pire des cinquante dernières années en tonnage. 2023 sera sans doute légèrement meilleure mais le prix de l’engrais reste un frein à la production.
Yanos Maillot est producteur de cannes à Saint-Louis. “L’année dernière, la tonne d’engrais tournait autour de 800 à 900 euros”, explique-t-il. Sur douze hectares, on pouvait mettre douze tonnes d’engrais. Mais cette année avec l’augmentation du coût de l’engrais qui est passé à 1 500 euros la tonne, on a dû diminuer de moitié. Au lieu de mettre douze tonnes, j’ai mis six tonnes”, conclut-il.
"Au lieu de 800 à 900 euros la tonne d'engrais l’an dernier, on est passé à 1 500 euros la tonne cette année."
Yanos MaillotProducteur de cannes à Saint-Louis
Attendre les effets de la convention
La richesse en sucre accuse 1,2 point de moins que l’an dernier à la même période. 2023 devrait être une période de transition en attendant le plein effet de la nouvelle convention canne signée l’an dernier.
À condition de résoudre le problème de trésorerie des exploitations. Jean-Michel Moutama est président de la Confédération Générale des Planteurs et Eleveurs de La Réunion (CGPER). "Il n’y a plus de raisons que les banques soient frileuses, il y a un fonds de 9,2 millions d’euros à disposition mis en place avec le plan de relance. L’État doit parler aux banques, car il n’a pas le droit de laisser tomber une filière aussi importante”, martèle-t-il.
Les planteurs ont bénéficié de plus de 30 millions d’euros en un an. De quoi redonner confiance à certains producteurs qui se sont lancés dans la diversification ou encore ont laissé des parcelles en friches.
Les précisions de Frédéric Vienne, président de la Chambre d'agriculture, sur Réunion La 1ère :