Journées européennes de l'archéologie : à la découverte du canal Desbassayns à Saint-Denis

Une partie du canal Desbassayns à Ilet Quinquina
Dans le cadre des journées européennes de l'archéologie qui ont lieu ce week-end, plusieurs sorties découvertes sont proposées au public, et notamment à Saint-Denis, où une association milite pour la réhabilitation du canal Desbassayns, dans le quartier d'Ilet Quinquina.

C'est un quartier de Saint-Denis, qui a l'instar de celui de la Colline, situé à son extrême opposé géographique, a su garder son authenticité, même si l'oubli guette de temps à autre : à Ilet Quinquina, une association milite pour la réhabilitation du canal Desbassayns, qui amenait l'eau de la rivière des Pluies jusqu'à à l'usine sucrière de La Mare, à Sainte-Marie. Réhabiliter pour ne pas oublier que des êtres humains réduits en esclavage ont versé du sang et des larmes pour enrichir leurs maîtres...

Dans le cadre des journées européennes de l'archéologie, le public était invité à le redécouvrir, voire à le découvrir tout court, puisque, faute d'entretien, le sentier qui mène au site historique est quasiment invisible, caché par une végétation luxuriante et une quantité inquiétante de déchets abandonnés sur place au fil des années.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

A côté la kaz, na un canal... Partons à la découverte du canal Desbassayns qui alimentait en eau les usines sucrières de La Mare et du Chaudron, depuis le quartier dionysien de l'ilet Quinquina.

Un ouvrage qui a plus de 200 ans

Et ils étaient nombreux ce matin à avoir fait le déplacement. Guidés par l'équipe de l'association Action Tous Ensemble, ils ont marché jusqu'au canal se trouvant à flanc de falaise et caché par un mur. "C’est un mur qui a été fait il y a 200 ans par des esclaves sur commande de Georges Panon Desbassayns, le fils de Mme Desbassayns", explique Patricia Médioga, une conteuse péï.

"Il y avait deux usines sucrières : une au Chaudron et une à la Mare. Il s’agissait de ramener l’eau de l’ilet Quinquina jusqu’en bas sur le littoral d’où l’idée de construire ce canal. Et ce mur servait à sécuriser le canal", poursuit notre interlocutrice.

L'association Action Tous Ensemble milite pour la valorisation du sentier donnant accès au Canal Desbassayns à Ilet Quinquina

De La Mare au Chaudron, en passant la Vierge Noire

Les chaudières de l’usine de La Mare étaient donc alimentées en eau par ce canal. Mais "l'eau servait aussi à l’irrigation des champs de cannes à sucre et des plantations des maraichers installés aux abords de l’usine", rajoute Germane Guilot, le président de l’association Action Tous Ensemble.

"En amont, il y a un bras qui va vers Sainte-Marie et un autre qui va vers Domenjod et le moulin du Chaudron", poursuit le dirigeant associatif. Mais à la fermeture de l'usine de La Mare en 1982, le canal perd son utilité première.

Le canal Desbassayns, construit au XIXe siècle, alimentaient les usines sucrières de La Mare et du Chaudron

Refaire couler l'eau du canal

A défaut de continuer à alimenter les quartiers en eau, il alimentera les légendes sur fond de vérité historique, puisque lié aussi au site de la grotte de la Vierge Noire, et de l'église voisine, dans le quartier de la Rivière des Pluies, à Sainte-Marie.

Certains fidèles attribuaient d'ailleurs à cette eau des vertus miraculeuses jusqu'à ce que le canal s'ensable progressivement  jusqu'à s'assécher complètement. "Pour l’instant, c’est arrêté, mais moi je l’ai fait couler en 1999 et je l’ai refait en 2016 et en 2017", s'enorgueillit encore Germane Guilot.

L'association rêve de faire réaliser un parcours de santé sur les berges de la rivière des Pluies, avec des affichages historiques et botaniques pour mettre également en lumière les espèces endémiques. Elle propose même de refaire couler l'eau du canal jusqu'à une cascade qui serait aménagée dans le rond-point de Gillot. Mais il faudra apparemment être patient. "Si chemin Grands Bois, ça lé longue, chemin Ilet, lé pas courte, non plus..."

Canal Desbassayns à Ilet Quinquina : du haut de ce mur près de deux siècles nous contemplent