Face à une croissance démographique exceptionnelle, les habitants de Saint-Denis ont vu les immeubles remplacer les cases créoles dans de nombreux quartiers. Stationnement et circulation se sont compliqués dans la plus importante ville des Outre-mer. Reportage.
Une devanture verte aux couleurs usées par le soleil et le temps. Un pas de porte de boutik lontan comme il en reste peu dans le chef-lieu. Depuis 48 ans, Michel est coiffeur, dans le quartier Ruisseau des Noirs, à Saint-Denis.
En 1968, Saint-Denis comptait 85 444 habitants, contre 147 931 en 2017, selon les chiffres de l'Insee. "Être maire aujourd'hui c'est dur, ajoute Michel. Dur de satisfaire un peuple avec une population et un chômage qui augmentent". En 40 ans, la population du chef-lieu a doublé, et depuis les années 1960, le secteur de l'immobilier est en pleine explosion à Saint-Denis. Sainte-Clotilde, les Camélias ou encore le Moufia : de nouveaux quartiers sont sortis de terre autour du centre-ville.
A Saint-Denis, le taux de chômage est de près de 30 %. La plupart des dyonisiens travaillent comme employés. Le secteur du commerce, de transport et des services est le plus dynamique. A partir de 7 heures, les travailleurs prennent la route pour se rendre au travail. Face à l'essor démographique, le réseau routier de la ville est saturé. Matin et soir, les Dyonisiens passent des heures dans les embouteillages. Du front de mer au boulevard Sud, tous les axes routiers voient rouge aux heures de pointe.
Pourtant, 3 000 places de parkings existent en centre-ville. Pour Michel, 70 ans, gendarme en retraite, et habitant du quartier de La Montagne, le manque de propreté en ville est aussi criant. Selon lui, "la ville est devenue sale et des quartiers sont délaissés". Des dernières années, des espaces verts ont été aménagés, comme le Cœur Vert Familial, un coin de verdure niché entre Champ Fleuri et le Front de mer avec de nombreux équipement sportif.
Et pour les jeunes ?
Au niveau culturel, la Cité des Arts a aussi vu le jour en 2016. Salle de concert et espace d'exposition devenu le centre culturel de l'île. Insuffisant au quotidien, estime des jeunes du chef-lieu. "Aux alentours de 19 heures, il n'y a plus grand-chose à faire à Saint-Denis, déplore Adrien, musicien de 36 ans. Les commerces ferment, puis pour sortir le soir, aller boire un verre ou manger un morceau entre potes, c'est un peu calme". Dans le chef-lieu, 22% des habitants ont moins de 30 ans.
Depuis 2008, Gilbert Annette (PS) est le maire de la ville. Il a succédé à René-Paul Victoria (UMP) qui a été à la tête de la commune en 2001. Voici la liste des maires de Saint-Denis.
1945 – 1946 : Raymond Vergès (CRADS)
1946 : Roger de Villecourt
1946 – 1948 : Jean Chatel
1948 – 1955 : Jules Olivier
1955 – 1958 : Maxime Vallon-Hoarau (RPF)
1958 – 1959 : Alix Guinot
1959 – 1960: Gabriel Macé (UNR)
1960 : Francis Bédier
1960 – 1968 : Gabriel Macé (UNR)
1968 – 1969 : Jules Reydellet (DVD)
1969 – 1989 : Auguste Legros (RPR)
1989 – 1994 : Gilbert Annette (PS)
1994 – 2001 : Michel Tamaya (PS)
2001 – 2008 : René-Paul Victoria (UMP)
2008 – 2020 : Gilbert Annette (PS)