Municipales 2020 : Saint-Denis dan tan lontan a zordi

Le coiffeur "Chez Michel", un boutik lontan de Saint-Denis.
Face à une croissance démographique exceptionnelle, les habitants de Saint-Denis ont vu les immeubles remplacer les cases créoles dans de nombreux quartiers. Stationnement et circulation se sont compliqués dans la plus importante ville des Outre-mer. Reportage.
Une devanture verte aux couleurs usées par le soleil et le temps. Un pas de porte de boutik lontan comme il en reste peu dans le chef-lieu. Depuis 48 ans, Michel est coiffeur, dans le quartier Ruisseau des Noirs, à Saint-Denis.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 
Commerçant emblématique de la ville, Michel coiffe les hommes de familles dionysiennes sur plusieurs générations. "Si quelqu'un part en France pendant 20 ans et revient à Saint-Denis, il ne reconnaîtra plus sa ville", sourit Michel entre deux coups de ciseaux. Depuis son salon, il a vu le quartier changer. "Je les ai vu raser les cases créoles pour faire des immeubles ! Il ne faut pas dépayser La Réunion comme ça", assure Michel qui comprend toutefois la nécessité de suivre la croissance démographique de la ville.
 
Le chef-lieu, Saint-Denis.
 

Une population qui augmente

En 1968, Saint-Denis comptait 85 444 habitants, contre 147 931 en 2017, selon les chiffres de l'Insee. "Être maire aujourd'hui c'est dur, ajoute Michel. Dur de satisfaire un peuple avec une population et un chômage qui augmentent". En 40 ans, la population du chef-lieu a doublé, et depuis les années 1960, le secteur de l'immobilier est en pleine explosion à Saint-Denis. Sainte-Clotilde, les Camélias ou encore le Moufia : de nouveaux quartiers sont sortis de terre autour du centre-ville.
 

"Les enfants ne manquent de rien"

Au Chaudron, l'un des quartiers populaires les plus peuplés, les barres d'immeubles se multiplient. Foulard noir sur la tête, Roger y vit depuis 70 ans. Bazardier sur le marché, il vend fruits et légumes chaque mercredi. "A Saint-Denis, on détruit tout, les arbres et les cases, pour les remplacer par des blocs d'immeubles, déplore-t-il. Le patrimoine de La Réunion disparaître". En revanche, dans les écoles du quartier, Roger estime que "les enfants ne manquent de rien". "Ils mangent bien et sont bien pris en charge, la ville fait beaucoup pour les enfants, c'est indiscutable", assure-t-il.
 
 

Stationnement et circulation

A Saint-Denis, le taux de chômage est de près de 30 %. La plupart des dyonisiens travaillent comme employés. Le secteur du commerce, de transport et des services est le plus dynamique. A partir de 7 heures, les travailleurs prennent la route pour se rendre au travail. Face à l'essor démographique, le réseau routier de la ville est saturé. Matin et soir, les Dyonisiens passent des heures dans les embouteillages. Du front de mer au boulevard Sud, tous les axes routiers voient rouge aux heures de pointe.

Mère de famille Roseline habite Sainte-Clotilde. La circulation ? "Ah mon dieu, s'exclame-t-elle. Et le stationnement ! C'est un gros problème aussi. C'est mieux de rouler en bus, mais parfois nous n'avons pas le choix, on est obligé de prendre la voiture". Dans la rue Liancourt, près de Chez Michel le coiffeur, Hervé s'arrache les cheveux. "Regardez ! Les gens stationnent n'importe comment, devant les portails, sur les trottoirs, c'est devenu l'enfer ! On ne peut même plus se garer devant chez nous, et le pire c'est qu'on prend des prunes en permanence".
 
Le boulevard-sud, axe de circulation du chef-lieu, Saint-Denis.
 

Places de parking et espaces verts

Pourtant, 3 000 places de parkings existent en centre-ville. Pour Michel, 70 ans, gendarme en retraite, et habitant du quartier de La Montagne, le manque de propreté en ville est aussi criant. Selon lui, "la ville est devenue sale et des quartiers sont délaissés". Des dernières années, des espaces verts ont été aménagés, comme le Cœur Vert Familial, un coin de verdure niché entre Champ Fleuri et le Front de mer avec de nombreux équipement sportif.
 

Et pour les jeunes ?

Au niveau culturel, la Cité des Arts a aussi vu le jour en 2016. Salle de concert et espace d'exposition devenu le centre culturel de l'île. Insuffisant au quotidien, estime des jeunes du chef-lieu. "Aux alentours de 19 heures, il n'y a plus grand-chose à faire à Saint-Denis, déplore Adrien, musicien de 36 ans. Les commerces ferment, puis pour sortir le soir, aller boire un verre ou manger un morceau entre potes, c'est un peu calme". Dans le chef-lieu, 22% des habitants ont moins de 30 ans.

Pour retrouver la liste des candidats déclarés de votre commune cliquez ici et visualisez notre carte interactive "Municipales 2020".

 
Contexte politique
Depuis 2008, Gilbert Annette (PS) est le maire de la ville. Il a succédé à René-Paul Victoria (UMP) qui a été à la tête de la commune en 2001. Voici la liste des maires de Saint-Denis.
 
1945 – 1946 : Raymond Vergès (CRADS)
1946 : Roger de Villecourt                           
1946 – 1948 : Jean Chatel                             
1948 – 1955 : Jules Olivier                          
1955 – 1958 : Maxime Vallon-Hoarau (RPF)
1958 – 1959 : Alix Guinot                               
1959 – 1960: Gabriel Macé (UNR)
1960 : Francis Bédier                      
1960 – 1968 : Gabriel Macé (UNR)          
1968 – 1969 : Jules Reydellet (DVD)
1969 – 1989 : Auguste Legros (RPR)
1989 – 1994 : Gilbert Annette (PS)
1994 – 2001 : Michel Tamaya  (PS)          
2001 – 2008  : René-Paul Victoria (UMP)
2008 – 2020 : Gilbert Annette (PS)